Les 1001 dossiers
La FDSEA et les JA de Côte-d'Or ont proposé trois visites d'exploitations à la nouvelle directrice de la DDT. L'occasion d'aborder de très nombreux sujets avec elle et ses services.
 
      
    Plaine dijonnaise, Auxois-Morvan et Châtillonnais dans la même journée, avec à chaque fois des interlocuteurs spécialisés dans un ou plusieurs domaines : le programme concocté le 25 juillet par la FDSEA et les JA de Côte-d'Or était riche pour Manuelle Dupuy. La délégation s'est « posée » plusieurs heures chez Loïc Dumont (EARL de l’Abbaye à Ouges), avant de se rendre chez Georges Baudot (Saint-Mesmin) puis à l'EARL des Lys, chez Mathieu Silvestre (Lucenay-le-Duc). Les discussions se sont même prolongées durant un barbecue. Ont été successivement abordés : la conjoncture et les récoltes, l'entretien des cours d’eau et des fossés, les zones humides, le sanitaire (tuberculose, dermatose nodulaire), les dégâts de gibier, le loup, la Pac et les contrôles, le photovoltaïque… Bref, tout y est passé ! À l'heure d'écrire ce petit retour dans nos colonnes, nous avons fait le choix de résumer seulement quelques points.
En zone périurbaine, c'est chaud !
 
      
    Loïc Dumont, agriculteur à Ouges, accueillait la première visite de la journée. Les discussions ont notamment porté sur l’agriculture en zone périurbaine. C'est une situation plus que spécifique mais la présence d'un aéroport est source à de nombreuses contraintes : les exploitants n'ont pas le droit de cultiver ce qu'ils veulent. « Par exemple, il ne faut pas de tournesol, pour éviter que les corbeaux ne puissent représenter un risque pour les réacteurs des avions. Il y a aussi la piste : elle fait près de 4 km et nous sommes obligés de la traverser pour changer de parcelle : des autorisations sont obligatoires à chaque passage ». L'aménagement des routes en zone périurbaine a été discuté avec la DDT : les engins agricoles, certes peu nombreux dans le secteur, ne sont pas pris en compte et la création d'îlots centraux oblige les exploitants à totalement repenser leur logistique. Les déchets sauvages ? Parlons-en ! Ils sont nombreux pour Loïc Dumont, avec des parcelles du côté de Longvic et Chenôve qui reçoivent régulièrement des pneus ou toute sorte de détritus issus de travaux de l'habitat (placo, peintures…). À chaque fois, il faut contacter les services de Dijon Métropole pour les évacuer. Les relations avec les riverains ne sont pas toujours simples, loin de là : « les gens ne supportent plus de voir des pulvérisateurs et ce, même si les bandes enherbées conséquentes sont mises en place. Pour moi, elles représentent 4 % de la SAU. Les insultes sont fréquentes, on me prend en photo et on porte plainte, ce sont aussi des pertes de temps. Un jour, on m'a même agressé, heureusement que mon père était là pour m'aider… L'agriculture en zone périurbaine, vous m'aurez compris, c'est compliqué. Alors certes, nous avons parfois des terres de qualité mais ce contexte devient de plus en plus lourd à gérer ».
Pas aidés avec la tuberculose
 
      
    Georges Baudot, éleveur à Saint-Mesmin entre Sombernon et Vitteaux, a reçu la délégation pour la seconde visite de ce 25 juillet. L'éleveur bovin a mis en avant les difficultés rencontrées lorsqu'un troupeau est déclaré positif à la tuberculose : « Pour ma part, je l'ai eue à deux reprises, la dernière fois en 2022. On n'en sort pas, on n'en voit pas le bout… Je suis proche de la retraite mais je suis quasiment sûr de la ravoir une nouvelle fois d'ici là. Ce dossier est très complexe, je ne sais pas comment nous nous en sortirons. Une chose est sûre : on ne nous aide pas à repartir. Les estimations réalisées sur place ne sont pas prises en compte au plus haut rang. De ce fait, je n'ai pas tout réinvesti par rapport à ce qu'ils m'ont fait tuer. Ce que je trouvais à acheter était plus cher que les estimations ! Un autre problème vient du délai de paiement : quand on vous annonce une date en juin et que le paiement n'intervient qu'en novembre, il faut faire le banquier en attendant, et ce n'est pas simple ! ». Lui-même touché par la tuberculose bovine en 2022, Antoine Carré, président de la FDSEA, a pris le relais en exprimant son mécontentement aux services de la DDT : « il faut toujours hausser la voix pour essayer de faire avancer ce type de dossier, ce n'est pas normal. Aujourd'hui, nous avons quatre foyers en Côte-d'Or et deux se passent extrêmement mal car la DGAL, la Direction générale de l'alimentation, n’envoie pas les estimations aux éleveurs, qui demandent simplement les prix du marché. Des solutions doivent être trouvées très rapidement sinon, nous trouverons bien le moyen de monter à Paris très prochainement ». Durant cette même rencontre, Thierry Besançon, président de la commission dégâts de gibier de la FDSEA, est venu aborder la problématique des surpopulations, notamment de sangliers, pour lesquelles un développement du piégeage est vivement souhaité. Dans les mêmes échanges, Antoine Duthu, président des JA, a parlé « prédation ».
« C'est un cirque »
 
      
    La journée s'est terminée chez Mathieu Silvestre, éleveur avicole et porcin à Lucenay-le-Duc. Les problématiques des terres à faibles potentiels ont été listées, tout comme le besoin de diversification des exploitations concernées. Le photovoltaïque est une voie choisie par environ une ferme sur trois, selon Clément Babouillard. « Bientôt, ce sera une sur deux », imagine Antoine Carré, qui a pointé du doigt certains dysfonctionnements sur les réseaux électriques. Une autre problématique, plus locale, a été discutée : suite à des problèmes de pyromanie récurrents, la profession alerte une nouvelle fois les services de l'État : il faut agir avant qu'un drame ne survienne. Mathieu Silvestre, après la rencontre, partageait avec nous son ressenti sur un tout autre sujet, celui de la pétition de la loi Duplomb. « La société nous a défendus début 2024 lors des grandes manifestations, un peu partout dans le pays. Il fallait manger local, produire en France, ne rien ramener de l'étranger et aujourd'hui, nombre de personnes s'opposent à cette loi qui va pourtant dans le bon sens. Pour ma part, elle me permettrait d'avoir un second poulailler sans avoir à sortir une somme folle pour déposer un dossier, sans être sûr que celui-ci soit accepté. Aujourd'hui, les seuils sont bloqués à la limite de la rentabilité. Nous voulons bien faire de la viande pas chère, à des coûts pas chers, mais à un moment donné, il faut du « nombre », sinon ce n'est pas possible. Cette pétition est un cirque, alors que nous importons de la volaille à hauteur de 70 %. Mes deux enfants sont intéressés par l'agriculture : un nouveau projet pourrait être doublement pertinent pour la ferme ».
Ergot : on fait quoi maintenant ?
Le problème a été soulevé par Fabrice Faivre : cette année, bon nombre d'agriculteurs ont eu la mauvaise surprise de retrouver de l'ergot dans leur blé, et même dans certaines parcelles d'orge. Pour se débarrasser de ce champignon, il serait conseillé de « l'enterrer », donc de labourer et si possible dans des conditions sèches. Cette préconisation technique pose problème dans les parcelles ayant l'obligation de recevoir un couvert. Le message a été transmis à la DDT.
 
          
           
       
           
      
    