Parc national
«Le dialogue de sourds continue»
L’assemblée générale du GIP des forêts et Champagne-Bourgogne s’est déroulée la semaine dernière dans le Châtillonnais, toujours en l’absence du monde agricole.
Le rendez-vous était donné lundi 29 février à Vanvey. Estimant de ne pas être écoutée, l’agriculture avait décidé de poursuivre son boycott entamé il y a plusieurs mois en ne participant pas à cette réunion. «Nous n’avons toujours pas de réponse de l’Etat concernant nos demandes» déplore Thierry Ronot, responsable du dossier à la FDSEA de Côte d’Or, faisant allusion aux craintes du monde agricole de «subir» les futures réglementations du cœur de parc, que l’agriculture ne souhaite aucunement intégrer. «Une unique personne est allée redire notre position lors de cette assemblée. Il s’agit de Sébastien Riottot, agriculteur FDSEA en Haute-Marne» indique Thierry Ronot. Le Haut-Marnais a exposé les revendications des FDSEA et JA de Côte d’Or et de Haute-Marne, mentionnées dans un communiqué signé par les présidents respectifs des syndicats en amont de cette assemblée: «La grande majorité des agriculteurs ne veut pas de ce parc. Acteurs économiques majeurs du territoire rural, les agriculteurs refusent de se laisser enfermer à perpétuité dans un cœur de parc contraignant. Ils ont maintes fois manifesté leur opposition au projet de prise en considération qui inclut des surfaces agricoles sous un fallacieux prétexte de continuité écologique. Ils demandent le retour au projet initial de fin 2011 qui avait recueilli 94 % d’avis favorables sur un projet de cœur de l’ordre de 20 000 hectares, positionné principalement sur les forêts domaniales. Le projet qui a été imposé par les instances parisiennes en 2014, n’est pas celui de notre territoire. La profession agricole, comme de nombreux autres acteurs économiques, ne se reconnaissent pas dans cette démarche cautionnée par un GIP où l’administration est surreprésentée. Cette instance n’est pas représentative des acteurs du territoire et particulièrement des acteurs économiques. Les arbitrages abscons faits entre l’administration centrale et la direction du GIP, suite aux consignes de la feuille de route de février 2013, ont engendré un climat de défiance. C’est pour cette raison que les organisations agricoles représentatives ont pris leur distance des instances du GIP. Les agriculteurs ne sont pas opposés à une démarche d’adhésion, avec un objectif clair de développement économique à la clé. Mais ils considèrent que les conditions ne sont toujours pas remplies pour participer à l’élaboration de ce projet, qui s’enlise faute d’un signe fort sur la volonté de revenir au schéma originel».
Virginie Brion
Virginie Brion, présidente de la commission agricultrices de la FDSEA, prenait part à cette réunion via son poste de deuxième adjointe de la commune de Villote-sur-Ource: «J’en suis ressortie dépitée, tout le monde a dit amen à tout... L’agriculture n’était pas là mais cela ne change pas grand chose car nous ne sommes pas écoutés. Et vu le nombre de voix que l’on représente... C’est infime. Quand le préfet vote, il représente un tiers des voix à lui tout seul. Le dialogue de sourds continue entre l’État et le territoire. L’agriculture, on n’en a pas vraiment entendu parler. Le thème de l’assemblée était pourtant le suivant : «Définir les richesses à préserver dans le coeur de parc et les moyens pour y parvenir. Comment faire du parc un outil au service du développement économique, social, culturel et environnemental ?» Ils ont voté pour faire rentrer les villes de Langres et Chaumont dans le GIP, cela va faire perdre du pouvoir aux petites communes, on disait pourtant que ce projet était hyper-rural. Le Conseil régional s’est exprimé en demandant la reprise du dialogue. Marc Frot, du Conseil départemental, a demandé que tous les partenaires soient respectés et que le volet économique devait primer. Hubert Brigand, le maire de Châtillon-sur-Seine, s’est montré très septique : il avait demandé une étude économique mais toujours rien n’a été fait. Lors de cette assemblée a également été évoqué le manque d’exploitation forestière dans la réserve intégrale : celui-ci va être compensé par les forêts communales. Aucun maire n’a réagi. Je trouve cela aberrant car on va encore décimer les forêts communales pour amuser des scientifiques dans les forêts domaniales. L’écriture de la charte va maintenant débuter, différents ateliers vont se constituer. Il y avait de nombreux gendarmes pour seulement trois agriculteurs sur le parking... Des gens de Vanvey voulait rentrer pour avoir quelques informations, l’accès leur a été interdit. Tous cela est regrettable».