échanges entre agriculteurs
Le choc des (agri)cultures
Un couple d’agriculteurs australiens de passage en Europe a profité du voyage pour en savoir plus sur l’agriculture française. Un vrai moment d’échange à la SCEA de Vaupertot à Héry, qui montre les similitudes pouvant exister d’un bout à l’autre de la planète.

Neville et Heather Condon vivent au nord-est de l’Australie, à deux heures de Cairns, près de la côte abritant la célèbre Grande Barrière de corail. Un vrai dépaysement pour le couple venu visiter la France et quelques bouts d’Europe avec leur ami franco-australien Yann. L’occasion parfaite pour découvrir des fermes françaises et échanger avec des producteurs, grâce à l’aide de Yann, traducteur pour la durée du voyage. M. et Mme Douay, des Icaunais ayant passé quelques jours chez les Condon, ont donc organisé des visites de fermes pour leur passage dans l’Yonne. Avant la visite d’une exploitation laitière équipée d’un robot de traite, Bertrand Potherat et son père les ont accueillis pour une visite guidée de leur ferme de polyculture-élevage. D’un côté comme de l’autre, la curiosité n’en finissait plus, si bien que l’agriculteur australien, désireux d’en apprendre le plus possible de sa visite agricole française, stoppait régulièrement les questions d’un «Assez parlé de chez moi, je veux découvrir comment vous faites ici !»
Une production de l’autre bout du monde
En Australie, la famille de Neville possédait une grosse exploitation de 200 000 à 300 000 ha avec de nombreuses têtes de bétail dans les terres arides du Bush australien. La famille s’est divisé l’exploitation et Neville, lui, a préféré acheter 4 000 ha non loin de la côte, sur les terres les plus pluvieuses du pays, avec une pluviométrie annuelle équivalente à 5 000 mm, soit 5 mètres d’eau. Son idée initiale était d’engraisser les bêtes venant du Bush pour les vendre facilement aux pays asiatiques demandeurs de viande. Finalement, les besoins du marché en sucre l’ont orienté vers la culture de la canne à sucre sur 1 800 ha. L’exploitation qui compte 6 employés en plus de Neville comprend aussi une activité de travaux agricoles et des terres louées à un producteur de bananes. Les hectares restant sont destinés à un troupeau de 4 000 têtes de bétail, de race Brahman et Angus. La «french touch» du troupeau : des taureaux Charolais issus de la génétique française, qui permettent un croisement terminal intéressant. Les bovins sont vendus à l’âge de deux ans, à un poids de 500 kg vif, à destination de la Thaïlande. Là-bas, sur ces étendues immenses, les cow-boys des temps modernes rassemblent les bêtes à cheval et en hélicoptère, piloté par Neville.
Différences et similitudes
Un autre monde pour Bertrand Potherat, en polyculture-élevage sur 300 ha, dont 180 ha de cultures suivant un assolement en blé, orge, avoine, maïs, moutarde, pois chiche et betterave. Les cultures sont utilisées en autres pour nourrir le troupeau de 100 mères charolaises. Cette production bovine est valorisée en partie en vente directe grâce au nouvel atelier de découpe installé récemment, géré par Alexandra, l’épouse de Bertrand. Neville a beaucoup apprécié l’idée. «C’est super, j’aimerais bien pouvoir faire ça en Australie, mais on a une trop petite structure». Une «petite structure» de 4 000 ha, de quoi faire rire plus d’un agriculteur français ! Et pourtant, si l’échelle diffère, les motivations et les préoccupations des agriculteurs de chaque côté de la planète se rejoignent. L’adaptation à son territoire et à la météo par exemple «Un jour, il a plu plus de 500 mm en 12 heures… Il faut que les terres supportent ça !» raconte l’Australien. Ou encore la guerre des prix, d’autant plus que les Australiens qui n’ont aucune subvention de l’état sont soumis de plein fouet aux prix du marché et à ses fluctuations. Et enfin les modes de productions : «Il y a beaucoup de similarités finalement ! Nos bâtiments servent d’abri pour le matériel, pas pour les vaches, car nous n’avons pas vraiment d’hiver. Le matériel est presque le même, nous aussi on a de vieux tracteurs, surtout quand on a un crédit sur le dos après l’achat d’une ferme… Et puis chez nous aussi ça devient difficile d’acheter une ferme quand on n’en hérite pas… Les fermes se sont divisées en petites structures mais les paysans se rendent compte qu’ils ne peuvent pas gagner leur vie avec si peu de terres. C’est la course aux hectares pour s’agrandir».
Un beau moment d’échange franco-australien entre deux producteurs de sucre, issu de la betterave ou de la canne à sucre, et de viande avec la race charolaise en commun ! «C’est génial de pouvoir échanger comme ça, j’aimerais pouvoir m’asseoir à une table, parler et apprendre encore !» Un moment dont les locaux comme les visiteurs auraient aimé profiter plus longuement… mais qui se conclura peut-être par la visite d’une ferme australienne par des Français… Qui sait ! «Vous êtes les bienvenus en Australie !»
Une production de l’autre bout du monde
En Australie, la famille de Neville possédait une grosse exploitation de 200 000 à 300 000 ha avec de nombreuses têtes de bétail dans les terres arides du Bush australien. La famille s’est divisé l’exploitation et Neville, lui, a préféré acheter 4 000 ha non loin de la côte, sur les terres les plus pluvieuses du pays, avec une pluviométrie annuelle équivalente à 5 000 mm, soit 5 mètres d’eau. Son idée initiale était d’engraisser les bêtes venant du Bush pour les vendre facilement aux pays asiatiques demandeurs de viande. Finalement, les besoins du marché en sucre l’ont orienté vers la culture de la canne à sucre sur 1 800 ha. L’exploitation qui compte 6 employés en plus de Neville comprend aussi une activité de travaux agricoles et des terres louées à un producteur de bananes. Les hectares restant sont destinés à un troupeau de 4 000 têtes de bétail, de race Brahman et Angus. La «french touch» du troupeau : des taureaux Charolais issus de la génétique française, qui permettent un croisement terminal intéressant. Les bovins sont vendus à l’âge de deux ans, à un poids de 500 kg vif, à destination de la Thaïlande. Là-bas, sur ces étendues immenses, les cow-boys des temps modernes rassemblent les bêtes à cheval et en hélicoptère, piloté par Neville.
Différences et similitudes
Un autre monde pour Bertrand Potherat, en polyculture-élevage sur 300 ha, dont 180 ha de cultures suivant un assolement en blé, orge, avoine, maïs, moutarde, pois chiche et betterave. Les cultures sont utilisées en autres pour nourrir le troupeau de 100 mères charolaises. Cette production bovine est valorisée en partie en vente directe grâce au nouvel atelier de découpe installé récemment, géré par Alexandra, l’épouse de Bertrand. Neville a beaucoup apprécié l’idée. «C’est super, j’aimerais bien pouvoir faire ça en Australie, mais on a une trop petite structure». Une «petite structure» de 4 000 ha, de quoi faire rire plus d’un agriculteur français ! Et pourtant, si l’échelle diffère, les motivations et les préoccupations des agriculteurs de chaque côté de la planète se rejoignent. L’adaptation à son territoire et à la météo par exemple «Un jour, il a plu plus de 500 mm en 12 heures… Il faut que les terres supportent ça !» raconte l’Australien. Ou encore la guerre des prix, d’autant plus que les Australiens qui n’ont aucune subvention de l’état sont soumis de plein fouet aux prix du marché et à ses fluctuations. Et enfin les modes de productions : «Il y a beaucoup de similarités finalement ! Nos bâtiments servent d’abri pour le matériel, pas pour les vaches, car nous n’avons pas vraiment d’hiver. Le matériel est presque le même, nous aussi on a de vieux tracteurs, surtout quand on a un crédit sur le dos après l’achat d’une ferme… Et puis chez nous aussi ça devient difficile d’acheter une ferme quand on n’en hérite pas… Les fermes se sont divisées en petites structures mais les paysans se rendent compte qu’ils ne peuvent pas gagner leur vie avec si peu de terres. C’est la course aux hectares pour s’agrandir».
Un beau moment d’échange franco-australien entre deux producteurs de sucre, issu de la betterave ou de la canne à sucre, et de viande avec la race charolaise en commun ! «C’est génial de pouvoir échanger comme ça, j’aimerais pouvoir m’asseoir à une table, parler et apprendre encore !» Un moment dont les locaux comme les visiteurs auraient aimé profiter plus longuement… mais qui se conclura peut-être par la visite d’une ferme australienne par des Français… Qui sait ! «Vous êtes les bienvenus en Australie !»