Entretien des haies
«Je fais quoi, maintenant ?»
Un agriculteur de l’ex-canton de Vitteaux s’inquiète d’une nouvelle réglementation qui l’interdit de toucher à ses haies.
Une aberration, un non-sens... Christophe Lechenault, éleveur à Saint-Thibault, a bien du mal à comprendre la BCEA 7 (Bonne condition agricole et environnementale relative au maintien des particularités topographiques): «J’ai appris, par hasard, que nous n’avions plus le droit d’entretenir nos haies du 1er avril au 31 juillet. J’ai aussitôt appelé la FDSEA qui m’a confirmé cette nouvelle mesure qui, visiblement, embête beaucoup de monde en Côte d’Or et particulièrement dans l’Auxois». En Gaec avec ses deux frères Vincent et Thierry sur une exploitation comptant 200 vaches charolaises, l’éleveur de 49 ans entretient chaque année 28 kilomètres de haies : «le calendrier était déjà assez serré pour assurer cette tâche car nous appliquions jusqu’à présent le bon-sens paysan pour ne pas abimer les sols. Il y a de moins en moins de gel l’hiver pour rentrer dans les parcelles : nous avions l’habitude de commencer à l’automne avant de terminer en cette période. Je ne comprends vraiment pas les fondements de cette BCAE». La nidification des oiseaux serait une motivation de cette «Bonne condition agricole et environnementale» : «oui, il est très important de conserver les nids, je peux le comprendre, mais je mets au défi quiconque d’en trouver dans des haies comme celle-là» relève l’agriculteur, «ce qui était fait jusqu’à présent allait encore une fois dans le bon sens. Les bureaucrates feraient bien d’aller un peu plus sur le terrain voir ce qu’il se passe, ou au moins consulter les paysans avant de pondre de telles réglementations». Christophe Lechenault participait la semaine dernière à la réunion du conseil d’administration de la FDSEA et a fait part de son problème. «Aujourd’hui, il me reste près de la moitié de mes haies à tailler : je fais quoi, maintenant ?» s’est-il interrogé devant le conseil qui l’a unanimement soutenu. La FDSEA fera remonter cette problématique à Paris et ne sera visiblement pas la seule : les entrepreneurs de travaux agricoles ont d’ores et déjà prévu de monter eux aussi au créneau. «J’ai la chance d’avoir un appareil en propriété individuelle mais imaginez ceux qui l’ont a plusieurs ou en Cuma...» poursuit Christophe Lechenault, «la gestion du calendrier sera très difficile et pour certains entrepreneurs, c’est tout simplement leur métier et leur quotidien. Cette norme remet tout en cause». L’agriculteur de Saint-Thibault est d’autant plus interrogatif que «la Pac impose d’entretenir ces haies... On nous impose également les SIE, les surfaces d’intérêt écologique, pour favoriser la biodiversité. Le comble est qu’on nous réduit les périodes de travail de quatre mois, en plus, sur une période où nous avons des disponibilités, c’est incompréhensible. En cas de non-respect de cette loi, le risque de voir disparaître 3% de nos aides Pac».
Les cours d’eau, un autre dossier chaud
Le conseil d’administration de la FDSEA, réuni le 27 avril à Dijon, a abordé bien d’autres problématiques, dont celle de l’entretien des fossés et des cours d’eau. Le responsable professionnel Pierre-Étienne Contesse a fait part d’une avancée certaine du dossier : «Le travail départemental de définition et d’entretien des cours d’eau réalisé par la DDT, l’Onema et la profession agricole avance. Celui-ci est confirmé par les travaux entrepris au niveau national par la FNSEA qui va permettre d’aboutir à une définition règlementaire dans le cadre de la loi biodiversité. La FNSEA a également obtenu que des cartographies des cours d’eau soumis à entretien soient réalisées afin de clarifier définitivement la situation. Après discussion avec l’administration, nous avons convenu de l’élaborer dans l’année à venir en Côte d’Or. Parallèlement, la FDSEA est vigilante quant au maintien d’une application pragmatique de la loi sur l’eau sur tout le département et par tous les agents de l’Onema».