Des portes encore ouvertes
Le comité d'agriculture de Semur-en-Auxois dresse un bon bilan de sa semaine commerciale. De très bons reproducteurs restent à disposition.

Dix-sept élevages charolais ont participé aux portes ouvertes du comité d'agriculture semurois du 24 au 29 janvier. L'évènement a enregistré une trentaine de transactions. « Ce rendez-vous est encore une fois réussi, notre première édition en 2021 en avait recensé cinq de plus, mais notre concours ne s'était pas tenu quelques semaines plus tôt », observe Jean-Luc Baudot, le président du comité, qui informe que les taureaux de deux ans, prêts à saillir, ont été de très loin les animaux les plus recherchés. L'éleveur de Pont-et-Massène rappelle que de très bons reproducteurs sont encore à disposition dans les élevages ayant participé à l'opération : « la plupart du commerce se réalise dans les trois premiers mois de l'année, je ne doute pas que nos éleveurs seront à nouveau sollicités ces prochains jours et ces prochaines semaines, chacun est prêt à répondre à toute demande. Il y a de la qualité dans les animaux proposés ». Les ventes de gré à gré sont très importantes aux yeux de Jean-Luc Baudot : « ce type de commercialisation est toujours très apprécié, il permet à l'acheteur de visiter l'élevage naisseur et d'aller voir l'ascendance de l'animal susceptible de l'intéresser. Oui, le commerce en ferme doit perdurer, il répond d'ailleurs parfaitement à la volonté de nos responsables de développer les circuits courts. Je m'étonne encore une fois que l'aide génétique de 400 euros ait été supprimée il y a quelques années, elle représentait un sacré atout pour le monde charolais de notre département ».
L'élevage Baudot a vendu quatre reproducteurs lors de l'opération du comité de Semur. La « marque de fabrique » de l'exploitation est incontestablement le vêlage facile, critère de sélection travaillé depuis le début des années 80. « Les vêlages doivent bien se passer si nous voulons installer des jeunes en élevage. Cela est d'autant plus vrai devant l'augmentation des cheptels et un manque de de main d'oeuvre de plus en plus flagrant », confie Jean-Luc Baudot.
Point de vue sur le charolais Une pureté à bien préserver

Michel Baudot, éleveur à Pont-et-Massène, a présidé Charolais International en 2011 et 2014 (cette fédération d’associations professionnelles promeut la défense et la sélection de la race charolaise dans le monde). Le Côte-d’orien, qui a conservé de nombreux contacts au sein de cet organisme, suit de très près son actualité et partage avec nous l’une de ses préoccupations : « Les pays anglo-saxons, en particulier ceux du nord américain et l’Australie, opèrent une sélection totalement différente de la nôtre. Le charolais d’origine se perd, se croise dans leurs races locales et porte désormais les gènes rouge et noir. Dans un contexte de mondialisation et d’échanges mondiaux, la génétique charolaise est susceptible de se dégrader si nous ne faisons pas attention. En Europe, mon inquiétude concerne notamment la Suède qui ne jure que par ce charolais nord-américain. Ces animaux, qui n’ont plus rien à voir avec les nôtres, rebasculent dans d’autres pays, notamment en Allemagne et même en France depuis peu ! Cela est inquiétant, nous devons conserver la pureté de notre race. La fédération européenne du charolais doit s’occuper de ce dossier. La France, elle, a envoyé un mauvais signal en délocalisant le poste d’animateur de Charolais International au Canada, j’y vois personnellement une perte d’influence ».
Michel Baudot se préoccupe également du devenir du charolais en France : « nous observons un coloriage de plus en plus prononcé dans les prairies de notre pays. Ce n’est pas anodin. Notre charolais s’érode quelque peu au profit de races rustiques comme la limousine ou l’Aubrac qui séduisent les jeunes de par leurs facilités des vêlages. Le charolais a pourtant sa carte à jouer dans ce domaine, en plus de ses atouts indéniables que représentent sa qualité de viande et sa croissance. C’est un paradoxe : nous écrasons les autres races sur les salons par notre volume, notre masse et notre poids, mais cela est en quelque sorte antinomique avec le vêlage facile. En effet, nous ne pouvons pas avoir à la fois des taureaux de 1 700 kg et des veaux de 40 kg à la naissance. Nous devons rapidement trouver un compromis face à ces exigences, sans oublier bien sûr les demandes du marché ».
