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Emploi dans les PME/TPE

«Des annonces un peu trop tièdes»

Manuel Valls a annoncé une série de mesures en faveur de l’emploi dans les PME/TPE. La FNSEA avait, préalablement, fait part de ces attentes et présenté ses 18 propositions. Jérôme Volle, responsable de la commission Emploi de la FNSEA, répond à nos questions.
Par Ma signature
«Des annonces un peu trop tièdes»
- Vous êtes-vous retrouvés dans ces annonces ?
Jérôme Volle : «Si de façon générale, les mesures annoncées par le Premier ministre (prime à la première embauche, plafonnement des indemnités prud’homales, relèvement des seuils fiscaux à 11 salariés, renouvellement des CDD) vont dans le bon sens - la « facilitation » des embauches - nous déçoivent. Ces mesures intéressent bien plus les PME que les TPE et particulièrement en agriculture où l’effectif moyen par entreprise est de deux salariés, où le CDD est essentiellement utilisé pour les travaux saisonniers et où très peu de conflits, lorsqu’ils existent, finissent devant le Conseil de prud’hommes ! Quoi qu’il en soit, nous regrettons que le gouvernement se cantonne dans une politique de petits pas qui ne permet pas de relancer profondément et durablement le marché du travail en France».

- D’après vous qu’elles étaient les mesures à privilégier ?
JV : «Pour la FNSEA, il existe deux principaux obstacles au développement de l’emploi en France : le coût du travail encore trop défavorable aux entreprises françaises notamment par rapport à nos voisins européens, les rigidités du marché du travail qui favorise le développement des prestataires de services étrangers et la dualité entre CDI/CDD.Dès lors, parmi l’ensemble des propositions que nous avons faites, trois axes seraient, à notre avis, à privilégier très prioritairement pour l’agriculture : tout d’abord, redonner de la compétitivité aux entreprises agricoles en appliquant le CICE dès l’embauche et en supprimant la cotisation famille puis, favoriser le développement des groupements d’employeurs qui permettent de pérenniser le travail saisonnier et qui offrent une alternative au recours aux prestations de services étrangers et surtout, en simplifiant les trop nombreuses normes sociales existantes dans le code du Travail et le code de la Sécurité sociale, notamment celles relatives aux contrats de travail et au compte pénibilité, car les TPE ne disposent pas de DRH !»

- Quelles sont les conséquences à terme si ces actions n’étaient pas mises en place ?
JV: «En agriculture, certains travaux ne peuvent pas attendre et être remis à plus tard. Le plus grand risque est donc de voir se multiplier le recours aux prestataires de services et le plus souvent de prestataires étrangers qui sont particulièrement présents pour les travaux saisonniers à des prix attractifs. En effet, avec ce type de formule, l’exploitant agricole n’a plus à gérer ni l’éventuel absentéisme des salariés, ni la gestion administrative inhérente à l’emploi de salariés. Si l’emploi de salariés n’est pas mis en valeur par une véritable incitation financière et administrative, le choix de l’exploitant sera vite fait. Nous comprenons cette « facilité » mais nous le regrettons car à terme ce choix est préjudiciable à la vie dans nos campagnes, les salariés travaillant dans les entreprises de prestations de services étrangères sont généralement totalement pris en charge par l’entreprise et ne restent en France que quelques mois. Il est donc urgent que le gouvernement se saisisse de ce problème et apporte de véritables solutions en faveur du maintien et du développement de l’emploi».

- Quelle va être la suite de votre action ?
JV : «Pour nous il est clair que le gouvernement doit aller plus loin dans sa démarche en faveur des entreprises et des chômeurs. Nous allons prendre notre bâton de pèlerin pour présenter nos propositions et les transformer en mesures applicables ! Dès à présent, nous préparons la Conférence sociale annoncée pour la rentrée de septembre par Manuel Valls».