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Lettre ouverte

Aux élus et représentants des partis politiques de la Nièvre

Le président de la FDSEA de la Nièvre place les représentants élus face à leurs responsabilités en matière de décisions politiques impactant le secteur.

Par Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58
Aux élus et représentants des partis politiques de la Nièvre
Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58

L’agriculture française a toujours fait face aux défis notamment depuis la Seconde guerre mondiale et plus récemment lors des événements marquants :

– Discours de Rungis du Président de la République vantant l’alimentation origine France et un besoin de renforcer la montée en gamme et segmentation : Produits bio, labels…

-L’agriculture a fait face au défi de la production pour nourrir les Français lors de la crise du Covid. 

Force est de constater que le consommateur n’a pas toujours répondu présent lors de ses actes d’achats (crise du bio, crise du label…) Les achats publics, au contraire, ont sacrifié dans leur grande majorité le coût matière des repas oubliant les engagements pris par les lois Egalim. La guerre déclarée par la Russie a déclenché les conditions d’une instabilité politique mais aussi économique (crise de l’inflation). Aujourd’hui, l’agriculture nivernaise est dans l’expectative. Les productions animales rémunèrent enfin les producteurs. Mais à quelles conditions ? Dans toutes ces productions, chaque année, nous perdons des points de souveraineté. Depuis 10 ans, nous avons perdu du potentiel à la fois en nombre d’animaux et en nombre de producteurs/éleveurs. En production végétale, l’année 2022 est un mirage de rentabilité. Ces activités sont contraintes par le changement climatique, le potentiel limité des sols et un carcan réglementaire. Ces productions sont en concurrence mondiale avec les grands bassins qui ont des coûts de production bien inférieurs. Pour les autres productions du département, que ce soit de la vente directe ou des productions diversifiées, l’instabilité réglementaire et le nombre de consommateurs dans notre département limitent leur développement. En 2025 :

– La censure d’une partie de la loi Duplomb 

– La ratification de l’accord commercial avec le Mercosur précédée d’un accord avec le Canada (Ceta), le Mexique, le Chili et d’autres à venir 

– Le budget prévisionnel de la PAC annoncé en baisse 

Tout cela inquiète la FDSEA au plus haut point. Notre agriculture départementale est très concernée par ces décisions et réglementations : premier secteur économique du département, réparti sur l’ensemble du territoire, elle participe à maintenir bien d’autres activités de sous-traitance de transformation et au maintien des services publiques. Au moment d’un énième épisode d’instabilité de politique nationale, nous ressentons une vive inquiétude. Par-delà les opinions politiques, les idéologies partisanes, nous avons besoin de responsables nivernais pleinement conscients de nos problématiques. La situation budgétaire nationale nous préoccupe bien entendu et nous savons que des efforts doivent être réalisés. Avant de prendre toute décision, je rappelle les objectifs que la FDSEA de la Nièvre s’est fixée depuis plusieurs années :

– Maintenir un commerce international dans des conditions tarifaires et réglementaires justes et réciproques. Nos productions sont très concernées par cet enjeu !

– Protéger le consommateur dans ses achats de produits alimentaires en sécurité et en qualité. Nous avons le modèle agricole le plus vertueux du monde. La surréglementation française n’est pas tenable !

– Assumer le renouvellement et la transmission entre générations afin de permettre à des jeunes issus ou non de l’agriculture de s’installer ou de s’associer dans la Nièvre. Un agriculteur sur 2 a aujourd’hui plus de 55 ans dans notre département. 

Les constats que nous faisons en 2025 sont les suivants :

– Le système réglementaire continue de s’intensifier et aucun signe ne nous donne de l’espoir. Par exemple, la prédation par le loup qui touche le département mobilise du temps, de l’énergie et de l’argent pour rien. 

-L’OFB, qui n’a toujours pas de rôle compris par les agriculteurs sur notre territoire, devrait s’occuper de la lutte contre le trafic de drogue plutôt que d’ « emmerder » des agriculteurs qui ont déjà bien des règles à respecter par la PAC, les engagements environnementaux, les cahiers des charges sous certifications…

La recherche de main-d’œuvre devient de plus en plus compliquée voire impossible. Beaucoup d’agriculteurs, pour du remplacement ou du développement de projets agricoles, abandonnent faute de possibilité de recrutement. Ce sentiment de décalage dans l’approche du travail (en quantité et en qualité) prend une dimension sociétale extrême !

Autre remarque :

Le Conseil régional qui est l’instance en charge de la distribution des fonds européens reste dans une médiocrité d’action incomparable : incompétence, amateurisme et dédain sont les termes qui nous viennent à l’esprit lorsque l’on pense à la Région. Nous parlons tout de même de la collectivité en charge de la modernisation et de l’orientation de notre agriculture. Enfin, la future PAC qui, d’une part, ne prend pas en compte l’inflation et, d’autre part, prévoit une baisse, contribue à inquiéter un peu plus les agriculteurs. Je rappelle que ce budget répond à plusieurs objectifs : transférer de l’argent du contribuable vers des productions afin de limiter le coût d’achat du consommateur. D’autre part des réglementations orientent l’agriculture vers la modernisation, l’installation des jeunes, des diversités d’assolements, le maintien des prairies et une meilleure protection des sols… Dans la situation politique dans laquelle nous sommes, la FDSEA demande à tous les responsables politiques élus ou responsables de partis politiques de bien réfléchir avant de prendre des décisions. Il nous faut un vrai choc de simplification réglementaire. De vos choix dépendra le renouvellement des générations : confiance des jeunes en l’avenir. Il nous faut redonner de l’intérêt pour nos activités afin de pouvoir relever le défi de la main-d’œuvre agricole. Nous renouvelons notre demande d’une présence permanente du Conseil régional dans la Nièvre afin de retrouver de l’efficacité dans le déploiement des fonds européens pour la modernisation et l’installation. La Nièvre, forte de ses espaces, peut concourir à relever les défis de notre époque. Il en va de l’avenir de nos territoires ruraux, véritables leviers de stabilité au moment où les villes sont de plus en plus compliquées à administrer. En espérant trouver dans votre écoute les éléments de construction d’un projet pour notre département. 

 

Exergue : « Au moment d'un énième épisode d'instabilité politique nationale, nous ressentons une vive inquiétude. Par-delà les opinions politiques, les idéologies partisanes, nous avons besoin de responsables nivernais pleinement conscients de nos problématiques. »