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DNC

Au-delà des contraintes, la double-peine de « l'effet frontière »

Depuis le 11 octobre et la détection de cas de DNC dans le Jura, de fortes restrictions de déplacement d'animaux ont été instaurées par l'administration, afin d'éviter l'extension de la maladie. Malheureusement, comme souvent lorsqu'on détermine des zones avec des fonctionnements différenciés, il ne fait pas bon se trouver en limite. Exemple avec Antoine Louet, éleveur de Côte-d'Or.

Par Berty Robert
Au-delà des contraintes, la double-peine de « l'effet frontière »
Antoine Louet avec une partie de ses bêtes dans une pâture près de Perrigny-sur-l'Ognon. La pression des vêlages qui approchent devient difficile à supporter face à l'impossibilité de ramener les bêtes dans son exploitation située hors de la zone régulée.

Un post sur Facebook, le 23 octobre : c'est par ce biais que la Ferme des Charmilles (Fabienne Cordier et Antoine Louet), à Tanay, dans l'est de la Côte-d'Or, a exprimé son désarroi. Cette exploitation de vaches allaitantes se trouve en effet dans une situation ubuesque depuis la mise en place d'une zone régulée qui couvre le sud-est du département, à la suite de la découverte, le 11 octobre, de cas de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un village du Jura. Dans cette zone régulée, aucun mouvement de bovin d'élevage n'est autorisé, sauf à de rares exceptions, pour des raisons très précises (vêlages, zones inondées…) et sous réserve de visite sanitaire. De plus, aucune entrée ou sortie de bovins n'est autorisée entre la zone « blanche » et la zone régulée. Et c'est là le nœud du problème pour la ferme de Fabienne Cordier et Antoine Louet : leurs animaux sont dans des pâtures situées en zone régulée alors que leurs bâtiments sont à quelques kilomètres, en zone « blanche ».

Sur quatre parcelles dont certaines, inondables

L'éleveur se trouve donc dans l'impossibilité de rapatrier ses animaux. Et il ne serait pas seul dans ce cas-là, à subir « l'effet frontière », entre deux zones aux contraintes différentes. « Nous avons une partie de notre troupeau en Haute-Saône, à Broye-les-Loups, détaille Antoine Louet, une autre partie en pâture à Perrigny-sur-l'Ognon, en Côte-d'Or, une troisième partie à Saint-Léger-Triey, également en Côte-d'Or et un dernier groupe à Auxonne. Au total c'est presque 50 mères ! » Difficulté supplémentaire : les prairies de Perrigny-sur-l'Ognon, Saint-Léger-Triey et Auxonne sont en zones inondables le long de la Saône et le niveau de précipitations actuel n'a évidemment rien de rassurant, sur cet aspect. Autre point délicat à gérer : une part non négligeable des vaches et des génisses se prépare à faire leurs veaux. « En ce moment, on n'en dort pas de la nuit, confie l'éleveur en quête d'une solution. On nous propose de laisser nos bêtes dans la zone verte mais en trouvant de l'hébergement chez des éleveurs de cette zone mais ce n'est pas simple : il faut déjà qu'il y ait de la place, ce qui reste à prouver, et puis personne n'est très favorable au fait de mélanger des troupeaux en ce moment… »

Charge de travail

Les bovins de l'exploitation ont été vaccinés vendredi 24 octobre, pour autant, la situation globale ne s'est pas arrangée pour ce couple d'éleveurs. Certes, une solution d'hébergement très provisoire a pu être trouvée pour une petite partie du troupeau, mais la question des vêlages qui se profilent reste entière. « Il faut savoir qu'en plus de l'élevage, poursuit Antoine Louet, nous avons aussi une production de champignons. En ce moment, tous les soirs, nous récoltons pour satisfaire des commandes. Mais nous devons continuer à surveiller nos bêtes par ailleurs, au quotidien, c'est épuisant parce que cela implique de nous rendre dans nos différentes pâtures. La seule réponse de l'administration pour l'instant, c'est de nous encourager à chercher d'autres élevages qui pourraient accueillir nos bêtes mais, dans le climat actuel, personne n'a envie de mélanger des troupeaux. On tourne en rond et c'est exaspérant… »