Alors, ce bilan ?
Le président de la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or évoque les moissons dans son département. L'état d'esprit est plutôt mitigé.

La moisson 2025 a-t-elle été belle en Côte-d'Or ? « Dans l'ensemble, elle a donné des résultats corrects, aux environs de 65 q/ha en blé et en orge, ainsi qu'une trentaine de quintaux/hectare en colza. Une récolte moyenne est elle aussi enregistrée en bio », résume Jacques de Loisy, en rappelant l'existence d'importantes disparités selon les secteurs géographiques. Des résultats beaucoup plus précis seront dévoilés le 5 septembre à la Maison de l'agriculture de Bretenière, lors de la traditionnelle réunion d'après-moissons organisée par la Chambre et la FDSEA, en présence des organismes stockeurs et des instituts techniques, mais aussi de la Draaf et de CerFrance BFC.
« Seulement moyens »
Il y a quelques semaines, Jacques de Loisy aurait sans doute « signé » pour une telle moisson : « c'est possible ! Elle met fin à une série de trois mauvaises campagnes en productions végétales. Mais à elle seule, elle n'effacera évidemment pas ces trois dernières années… Il n'y a pas de place pour l'euphorie, d'autant que ces rendements 2025 sont seulement moyens, dans la normalité de ce que nous pouvons avoir dans une zone intermédiaire. Certains producteurs sont toutefois contents et c'est normal : l'an passé, il manquait entre 30 à 40 % des volumes ». Parmi les plus belles surprises de l'été, Jacques de Loisy cite les orges de printemps, dont la moyenne départementale devrait être tout à fait correcte : « il y avait de l'appréhension chez les producteurs mais finalement, malgré les fortes chaleurs que nous avons eues, les champs concernés ont su tirer leur épingle du jeu. À l'inverse, la culture qui a sans doute le plus déçu à l’échelle départementale est probablement le pois de printemps. Une autre déception vient du salissement des champs cette année : il va y avoir un gros travail à réaliser en termes de stockage, allotement, triage, nettoyage… Nous voyons monter une forte pression de mauvaises herbes, il faut être vigilant ».
Oui, mais
Jacques de Loisy aborde ensuite le « gros point noir » de ces moissons : « concernant les prix, nous touchons le fond… Les coûts de production sont supérieurs à 200 euros/tonne et pour la rémunération de l'agriculteur, nous sommes plutôt aux alentours de 150 euros/tonne : ce n'est même pas le prix des années 1980 ! Il va nous manquer entre 400 et 500 euros/ha en 2025. Cela fera deux années de suite que c'est ainsi, ce n'est plus tenable ». Le président de la Chambre espère que l'Europe lèvera « toutes les barrières » en termes de fertilisation pour éviter que la situation ne s'aggrave. Le devenir des cours, lui, dépendra une nouvelle fois de la conjoncture internationale et aussi, de l'impact de la sécheresse sur les cultures de maïs et de tournesol. « Vous l'aurez compris, la moisson 2025 est correcte mais cela n'empêche pas notre état d'esprit d'être mitigé par rapport à tous ces éléments. C'est un peu la même chose en élevage où les foins ont été d'une bonne qualité et avec des rendements moyens, mais les événements sanitaires du moment ne sont pas encourageants », termine Jacques de Loisy.