Tour de plaine
Connaître son sol

Chloé Monget
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Le 9 novembre, la Chambre d'agriculture de la Nièvre proposait une matinée d'information sur les sols de la Nièvre, à Saint-Benin-des-Bois.

Connaître son sol
Les participants se sont rendus dans deux parcelles pour lire des fosses pédologiques, comme ici sur une parcelle anciennement de sarrasin et prochainement d'orge de printemps.

« Avoir une connaissance de la typologie de son sol est indispensable pour adapter ses pratiques et sa rotation » insistent François Bonal, conseiller productions végétales et Thierry Ferrand, conseiller pédologie et irrigation à la Chambre d’agriculture de la Nièvre (CA 58). Afin d’avoir une idée plus précise des leviers à activer pour connaître son sol, une matinée sur le terrain était organisée à Saint-Benin-des-Bois.

Pour rappel, cette rencontre était proposée dans le cadre des actions de l’association Bio Logic 58 (créée en 2023) regroupant des polyculteur-éleveurs en agriculture Biologique intéressés par la fertilité et la couverture des sols. Au total, elle regroupe une dizaine d’adhérents pour le moment. Pour les rejoindre : François Bonal au 06 40 30 51 73.

Spécifiquement

Avant de débuter l’analyse, Thierry Ferrand rappelle : « La Nièvre a un panorama géologique très diversifié. Pour l’exemple, pour la commune de Saint-Benin-des-Bois, nous comptons des sols argilocalcaires, des sols faits de silex, d’autres sablo-limoneux ou encore granitiques… Tout cela détermine donc les pratiques à adopter pour sa conduite ». Ainsi, c’est dans cette commune que se déroulait le tour de plaine et plus précisément dans les terres du Gaec Les Chazeaux. Xavier Rose (associé du Gaec avec Benjamin, Élodie Rose et Vanessa Riffier) souligne : « le cœur de notre système est simple : qu’aucun hectare ne soit perdu. Nous cherchons à tout valoriser de ce fait, l’analyse des sols est indispensable pour savoir quoi apporter et quand. Comme nous sommes sur un terrain très diversifié, nous sommes dans l’obligation d’ajuster nos pratiques à chaque parcelle. Si cela est fort intéressant agronomiquement parlant, force est de constater que nous perdons quand même pas mal de temps (changement de matériel, etc.) ».

Quelques conseils

Via deux fosses pédologiques et un test tarière Thierry Ferrand a fait des rappels généraux : « Cela offre une première approche pouvant faire évoluer vos pratiques en fonction de ce que vous relevez. Si vous souhaitez plus d’informations (PH notamment), il est toujours intéressant de procéder à des analyses de sols plus poussées en laboratoire ». Il rappelle également : « Un sol brunâtre est souvent le signe d’un sol riche en matière organique. La matière organique peut se fixer à l’argile pour former le complexe argilo-humique, qui fait office de « réserve de nutriment » du sol Il faut donc y penser lors de ses apports. D’ailleurs, pour ces derniers, je préconise de faire une analyse du fumier. En effet, si la plante n’assimile pas tous les éléments, cela peut venir d’une carence du fumier en éléments majeurs et les oligoéléments. Toujours pour la question des apports, et dans le cas spécifique des sols limoneux, il faut éviter d’intégrer du fumier et de la chaux en même temps. Je conseille d’attendre six mois pour que le sol ait le temps d’assimiler le calcaire (s’il a été finement broyé). En respectant ces quelques indications, on peut éventuellement voir les résultats l’année suivante. Pour les sols basiques, la carence en cuivre, zinc et bore sera toujours présente ; là, il n’y a pas de solution miracle ». Durant les échanges, la vie du sol fut aussi abordée, Thierry Ferrand pointe : « Pour rappel, les sols sableux présentent toujours moins de lombrics, car ils n’apprécient pas ce genre de terrain. Cela a donc forcément une conséquence sur la présence de matière organique présente ». Enfin, la question de l’enracinement fut évoquée globalement, Thierry Ferrand insiste : « une structure grumeleuse facilite indéniablement l’enracinement » avant d’ajouter spécifiquement : « ici les chardons sont implantés à environ 40 cm dans le sol, la destruction mécanique n’est donc pas la solution pour en venir à bout ». Il conclut : « il est nécessaire de bien connaître son sol avant de toucher son terrain. Je réitère : un test bêche ou un test tarière sont des moyens simples pour avoir une première idée sur le sujet ».

Gaec Les Chazeaux

Les quatre associés du Gaec sont à la tête de 640 ha tout en Bio dont 250 ha de culture et le reste en prairies permanentes. En sus, ils comptent 220 vaches limousines et 30 moutons Texel-Charmois.

Ici, trois horizons ont été identifiés. Une première couche de terre meuble (de 0 à 20 cm), une seconde plus compacte et argileuse (de 20 à 50 ) et une troisième, caillouteuse (à partir de 50 cm).