Syndicalisme
Bienvenue en Côte-d'Or…

AG
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Samedi 26 novembre dernier, la FDSEA et les JA ont invité le nouveau préfet de la Côte-d’Or dans deux exploitations.

Bienvenue en Côte-d'Or…
De nombreuses thématiques ont été abordées à Meilly-sur-Rouvres et Quetigny.

Franck Robine est le nouveau préfet de la Côte-d’Or, il succède à Fabien Sudry depuis fin septembre. Ce haut fonctionnaire, qui a exercé des fonctions similaires en Corse ainsi qu’en Martinique, est aussi l’ancien conseiller de Jean Castex. Une rencontre avec la profession agricole était programmée avec la FDSEA et les JA le 26 novembre. L’objectif de cette journée : faire connaissance, présenter les différentes caractéristiques, spécificités et problématiques des exploitations du département. Les échanges se sont déroulés en présence des présidents Fabrice Genin et Baptiste Colson, entourés de plusieurs membres de leurs équipes FDSEA et JA au sein du Gaec Loiseau à Meilly-sur-Rouvres puis sur la ferme de Philippe Gransagnes, à Quetigny. Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture, était également de la partie. Dégâts de gibier, loi Égalim, tuberculose bovine, loup, vols dans les exploitations, Pac, gestion de l’eau, moyens de production… Les dossiers se sont enchaînés tout au long de la journée.

Les sangliers pour débuter

La matinée était consacrée à l’élevage, sur les terres de Flora et Gautier Loiseau près de Pouilly-en-Auxois. Les dégâts de gibier ont lancé les débats avec la participation de Thierry Besançon, président de la commission dédiée à cette problématique à la FDSEA. L’agriculteur d’Avelanges a insisté sur le fait que « Partout où des surpopulations sont constatées et où les sociétés de chasse ont de mauvaises pratiques, nous ne sommes plus dans une gestion durable de la chasse. L’État doit reprendre la main et intervenir de manière massive et ciblée par des battues administratives, y compris en période de chasse ». Flora Loiseau avait notamment à cœur de parler de dégâts de gibier avec le préfet : « Cette problématique est très pesante dans les élevages. Plusieurs choses ne vont pas dans ce dossier. Tout d’abord la notion de dégâts de gibier : seules les terres retournées sont prises en compte dans les déclarations mais pour bon nombre d’exploitations, dont la nôtre, la principale perte est liée à l’alimentation des bovins. Les sangliers viennent en effet dans les nourrisseurs et cela nous coûte une fortune chaque année. Il y a aussi un gros problème dans les déclarations : elles sont très compliquées à remplir. La moindre milli-ligne oubliée et nous ne touchons rien. Pire, l’agriculteur peut à son tour payer. Pour avoir mal rempli la déclaration une année, nous n’avons perçu que 300 euros d’indemnités pour 45 ha de dégâts ! La déclaration de perte et de remise en état devrait se faire avec l’expert ».

« Tout est raisonné »

Philippe Gransagnes recevait à son tour le préfet et la délégation d’agriculteurs sur sa ferme, à Quetigny, après le déjeuner. Le producteur céréalier était très enthousiaste à l’idée d’expliquer le fonctionnement d’une exploitation bourguignonne à Franck Robine : « Dans nos métiers, tout est raisonné et calculé, les agriculteurs ne font pas n’importe quoi dans leurs champs, bien au contraire. Tout est réglementé et respecté ». Les discussions se sont intéressées aux différentes cultures y compris l’emblématique moutarde : « nous avons également parlé d’irrigation avec la présentation du fonctionnement de l’Asa du Bas mont et aussi du projet multi-usages de Quetigny - Couternon - Chevigny qui n’avance pas bien vite en ce moment… ». Philippe Gransagnes a invité le préfet à être au plus proche de l’agriculture dans ses nouvelles fonctions : « par rapport à tous les enjeux alimentaires qui sont en jeu, les agriculteurs devraient pouvoir produire plus facilement, avec beaucoup moins de contraintes. Dans notre département, il y a pourtant tout pour faire… Les filières méritent d’être soutenues, tout comme nos moyens de production. À ce titre, des dérogations de tout genre doivent pouvoir être obtenues plus facilement en cas de besoins ». Fabrice Genin, a remercié le préfet pour sa visite : « Cette journée a été constructive, il était important de prendre la température sur le terrain sur de nombreux sujets. Nous ne sommes pas là pour nouer des relations conflictuelles avec le préfet, bien au contraire. Nous ne pourrons pas toujours être d’accord sur tout, mais l’idée était de construire les bases d’un dialogue et travailler ensemble, comme à chaque fois ».

« Je ne crois plus aux contrats »
Parmi les interventions

« Je ne crois plus aux contrats »

Les discussions étaient très ouvertes et très variées, ce samedi 26 novembre. Il n’est bien sûr pas possible de toutes les relayer ici. Voici tout de même l’une d’entre elles, relative à l’élevage de volailles. Thibaut Aubry, jeune agriculteur de Jours-lès-Baigneux, s’était déplacé à Meilly-sur-Rouvres pour évoquer les contrats de production avec le préfet : « J’élève 12 000 poules pondeuses bios, un contrat de production a été signé avec un centre de conditionnement dès le lancement de mon activité, il y a quatre ans. Dans ce contrat est prévue une indexation du prix de l’œuf sur le coût de l’alimentation, c’est-à-dire que l’œuf doit augmenter si l’aliment en fait autant. Avec l’Ukraine, l’aliment a pris 25 % Or, le centre de conditionnement a mis six mois pour revaloriser l’œuf. Ce délai représente une facture de 35 000 euros, pour ma poche… ». Thibaut Aubry n’était pas au bout de ses surprises : « j’ai rempli un dossier pour obtenir l’aide de FranceAgriMer, liée au plan de résilience dans ce contexte de guerre. Ce soutien est destiné à la fois aux éleveurs payant très cher le surcoût des matières premières, mais aussi aux intégrateurs, c’est-à-dire ceux qui travaillent avec des agriculteurs qui n’achètent ni leurs poules ni leur aliment. Pour ma part, je rentrais dans les clous, sauf que mon centre de conditionnement a repris le dossier en main et c’est lui qui a bénéficié de l’aide. Après plusieurs mois d’attente, je les ai recontactés et j’ai bien compris que je n’allais rien toucher. J’ai contacté plusieurs éleveurs dans cette même production : je ne suis pas le seul à rencontrer ce problème. J’appelle donc à la vigilance face à ces contrats de production, ils sont censés sécuriser la rémunération de l’agriculteur mais au final ce sont toujours les mêmes, les intermédiaires, qui en profitent ».

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Philippe Gransagnes a reçu le préfet sur son exploitation, à Quetigny.