Moissons 2022
Un premier bilan des moissons dans l'Yonne avec la Chambre d'agriculture

Berty Robert
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Passage en revue des grandes tendances de cette moisson sur les différentes zones de l’Yonne, avec Eric Bizot, de la Chambre d’agriculture. L’hétérogénéité dans les rendements se vérifie et l’influence de la nature des sols se révèle prépondérante.

Un premier bilan des moissons dans l'Yonne avec la Chambre d'agriculture
Selon les informations dont dispose la Chambre d'agriculture de l'Yonne, cette moisson 2022 se caractérise par une grande hétérogénéité dans les rendements constatés, avec plutôt une bonne surprise sur le colza et une déception sur l'orge de printemps. (crédit Réussir)

De manière générale, l’une des grandes caractéristiques de cette moisson 2022 dans l’Yonne, c’est le rôle joué par les différentes profondeurs de sol. Les effets de ce facteur sont particulièrement notables dans les résultats issus des premières remontées d’informations des agriculteurs icaunais. Ces profondeurs ont eu un effet marquant. Pour les orges d’hiver, sur le secteur plateau de Bourgogne (sud du département) les rendements se révèlent plutôt moyens à faibles, en dessous de 50 qtx. « En moyenne, sur l’ensemble du département, précise Eric Bizot, conseiller grandes cultures à la Chambre d’agriculture de l’Yonne, on tourne autour de 65-66 qtx/ha. Sur une année « normale » on est plutôt autour de 70-71 qtx. On est donc en dessous, et l’écart est plus prononcé sur le secteur plateau de Bourgogne, avec des sols plus superficiels ». Des écarts sont aussi constatés ailleurs dans l’Yonne, en fonction de la profondeur des sols. « Les orages ont aussi joué leur rôle, entre les zones qui ont bénéficié de la pluie et les autres. Et puis, il ne faut pas négliger l’impact négatif des épisodes de grêle. Toutes les cultures ont été plus ou moins touchées. Localement, des pertes de rendement importantes ont pu être constatées en raison de ces phénomènes météorologiques ». Toujours en orges d’hiver, or secteur du plateau de Bourgogne, les rendements montent aux alentours de 70 qtx de moyenne. Sur cette culture les calibrages sont plutôt faibles. « Il y a des valeurs très basses, poursuit Eric Bizot, ce qui n’empêche pas d’en trouver aussi de très bonnes. On varie de 40 à 80, mais on trouve tout de même pas mal de parcelles avec de très faibles calibrages ». En revanche, les teneurs en protéines se révèlent plutôt correctes.

Bonne surprise du côté du colza

Du côté des colzas, globalement, cette culture représente la bonne surprise de cette année. Les rendements sont plutôt corrects, se situant à 33,5 qtx sur l’ensemble de l’Yonne. « Sur le plateau, on est entre 20 et 25 qtx, soit des niveaux supérieurs aux trois années précédentes, et sur le reste de l’Yonne, on est au-delà de 35 qtx en moyenne. On a eu quelques parcelles à 40-45 qtx, ce qui est très bon. Incontestablement, les conditions climatiques et une pression de ravageurs plus faible que d’habitude, en particulier avec les altises, ont concouru à ce résultat ». Poursuivons ce passage en revue des grandes cultures avec le blé. Le cas de figure se révèle un peu similaire à ce qu’il est pour l’orge d’hiver. Le rendement moyen du département se situe autour de 66-67 qtx/ha. En secteur plateau, le compteur indique environ 50 qtx mais globalement, il se situe bien en dessous des performances habituelles, qui tournent plutôt autour de 60 qtx. « Dans le reste du département aussi on a des résultats en dessous de la moyenne habituelle des années précédentes. De manière globale, on est à 5 qtx de moins. Côté qualité, les poids spécifiques (PS) sont globalement dans la norme, mais plutôt en dessous de ce qu’on a connu par le passé. Il a plu un peu au début de la moisson, ce qui a pu contribuer à une chute de ces PS qui n’est toutefois pas trop dramatique ». Les teneurs en protéines, elles, sont plutôt correctes. Au bilan, là aussi la nature et la profondeur des sols auront influé sur les différences de rendements.

Un contexte de prix à nuancer

Enfin, du côté des orges de printemps, c’est la déception qui domine, sur des résultats, il faut le préciser, encore très partiels : les rendements ne s’affichent guère au-delà de 40 qtx sur le département, contre environ 55 qtx habituellement (autour de 35 qtx en zone plateau et un peu au-dessus de 50 qtx pour le reste du département). « Le temps sec a pas mal impacté le remplissage du grain en fin de cycle, déplore Eric Bizot, les teneurs en protéines semblent assez élevées, ce qui n’est pas très bon. En revanche, les calibrages sont plutôt satisfaisants ». En conclusion, même si le contexte des prix sur les récoltes est plutôt favorable actuellement, il faut nuancer cette réalité avec la hausse des charges qui se poursuit en parallèle, et aussi avec le fait que tous les producteurs n’ont pas forcément vendu quand les prix étaient au plus haut. On constate aussi actuellement une tendance à la baisse des prix globaux. Quant au potentiel de production affecté par la grêle, il n’était pas forcément assuré en prenant comme base de référence un tel niveau de prix.