Morvan
Un colloque sur le bois-énergie

D'après communiqué
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Le 22 mars à Saint-Saulge, un colloque bois-énergie était organisé par : le Parc naturel régional du Morvan (PNRM), l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat (ALEC) de la Nièvre ainsi que le Syndicat Intercommunal d’Énergie, d’Équipement et d’Environnement de la Nièvre (SIEEEN).

Un colloque sur le bois-énergie
Cette journée s’est déroulée en partenariat avec l’ADEME et la Région Bourgogne-Franche- Comté. Crédit photo : Sieen / Parc régional du Morvan.

Au total, plus de 75 personnes ont participé au colloque dédié aux chaufferies bois automatiques et aux réseaux de chaleur ayant eu lieu à Saint Saulge le 22 mars dernier. Si les élus étaient présents, la rencontre a également attiré des professionnels du secteur et institutionnels travaillant sur les énergies renouvelables. Deux temps étaient prévus, avec une matinée axée sur les clés de compréhension sur la filière bois-énergie et le montage d’un projet de réseau de chaleur. Ensuite, l’après-midi était consacrée à des visites de sites.

Une alternative

Pour commencer le colloque, le président du Sieeen et de l’Alec, Guy Hourcabie, a rappelé les difficultés économiques liées à l’augmentation du prix des énergies fossiles en présentant le bois-énergie comme une « solution adaptée à notre département en raison de son importante surface boisée ; une ressource locale dont le prix reste abordable ». Claire Mallard, conseillère régionale de Bourgogne Franche-Comté a acquiescé en complétant : « il est nécessaire de refonder notre modèle énergétique pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et notre dépendance aux énergies fossiles. D’ailleurs, la région Bourgogne Franche-Comté s’est engagée dans une politique volontariste avec son scénario REPOS2050 (Région à Énergie Positive en 2050) visant à réduire nos consommations d’énergie et à les couvrir avec des énergies vertueuses et produites localement ».

Bilan et perspectives

Même si depuis ces dernières années, plusieurs collectivités de la Nièvre ont développé des réseaux de chaleur alimentés en bois, Laura Rouvelin, Ingénieure transition énergétique et chaleur renouvelable à l’Ademe a rappelé que « Bien que 13 % des consommations d’énergie de la région soient couvertes par les énergies renouvelables en 2019 (et 9,5 % dans la Nièvre en 2018), le rythme de développement reste donc encore trop faible pour atteindre les objectifs nationaux ou régionaux. Néanmoins, le potentiel est présent : l’Ademe a identifié dans la Nièvre des opportunités d’extension ou verdissement sur des réseaux existants ainsi que de créations de réseaux de chaleur dans les 10 communes les plus importantes du département mais aussi dans les communes rurales. Les collectivités ont donc un rôle à jouer en tant que maître d’ouvrage sur leur patrimoine bâti mais aussi un rôle moteur pour le portage de projets d’envergure mixant secteurs publics et privés ». Elle a également ajouté : « l’évolution réglementaire vise à interdire à partir du 1er juillet 2022 l’installation d’équipements neufs émettant plus de 300 g de CO2 par kWhPCI (le fioul et le charbon sont concernés). De ce fait, le réseau de chaleur bois se présente comme une réponse collective au remplacement des équipements de chauffage au cœur des villages ».

Une filière entière

De son côté, Martin Liberati de Fibois Bourgogne Franche-Comté a dressé un aperçu de la filière bois-énergie en région : « le principal combustible reste le bois bûche via les installations de chauffage domestiques. Les autres combustibles sont le granulé, la plaquette, les connexes et les bois en fin de vie. La plaquette forestière, quant à elle, représente le principal combustible utilisé dans les chaufferies automatiques en milieu rural. En 2020, 988 chaufferies sont installées en Bourgogne Franche-Comté et 94 dans la Nièvre, avec ou sans réseau de chaleur, dans des collectivités ou industries. 60 producteurs sont recensés en région dont six dans la Nièvre. Leurs approvisionnements en bois sont régionaux et la distance moyenne de livraison entre la plateforme et la chaufferie est inférieure à 50 km. Cela montre que la plaquette forestière est vraiment un combustible de proximité venant alimenter l’économie locale et conforter des emplois locaux et non délocalisables ». Il a rappelé que « la surface forestière en France augmentait depuis la fin du XIXe siècle : celle-ci a pratiquement doublé depuis 1840 passant de 8,9 à 17 millions d’hectares. Une seule partie de l’accroissement annuel en volume est récoltée chaque année (environ 60 %) ».

Des compléments

Afin de couper court à la peur d’une pénurie, Martin Liberati a évoqué que : « Le schéma régional biomasse a permis d’identifier des volumes supplémentaires de bois mobilisables pour le bois-énergie qui sont bien en dessous des perspectives de développement du parc de chaufferies en région à horizon 2027. De plus, des ressources complémentaires existent comme le bois bocager ou certains connexes ».

Des visites

Outre le retour d’expérience sur le réseau de chaleur de la commune de Varzy ou encore de la visite de la chaufferie de l’Ephad de Saint-Saulge, les participants ont pu découvrir la plateforme de production de plaquette bocagère de la société SNC ÉcoBoisTerre à La Colancelle. Laurent Cornu, agriculteur et cogérant de cette société, a expliqué le développement de cette nouvelle activité de production d’un combustible local en circuit court qui bénéficie à l’économie agricole et aux collectivités. Il produit à partir des haies de ses parcelles du bois déchiqueté, appelé aussi plaquette, qu’il fait sécher sous hangar pour approvisionner plusieurs chaufferies collectives des communes environnantes. Anne-Lise Segaud, animatrice de la Cuma Terr’eau, est également intervenue pour présenter le service mobile de déchiquetage du bois proposé par la Cuma et son articulation avec le service de criblage de la société ÉcoBoisTerre. Enfin, la visite s’est terminée par une démonstration de criblage, opération visant à améliorer la qualité de la plaquette et notamment leur granulométrie : le criblage permet de retirer les queues de déchiquetage, morceaux trop grossiers, et les particules fines, pouvant bloquer les mécanismes d’une chaufferie bois automatique ou réduire ses performances.