SDIS 58
Une année avec une sollicitation opérationnelle limitée

Chloé Monget
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Le service départemental d’incendie et de secours de la Nièvre (SDIS 58) procède au bilan des feux de végétations et de forêts pour cette année 2023, en analysant les données par rapport aux années précédentes.

Une année avec une sollicitation opérationnelle limitée
L'intervention du SDIS 58 à Saint-Honoré-les-Bains le 11 septembre a contenu le feu dans la clairière. Crédit photo : SDIS 58

« La situation Nivernaise est dans la même dynamique que la nationale avec un nombre d’interventions limité pour 2023 – comparé aux cinq dernières années. Ainsi en France, 14 000 ha ont été touchés par des feux depuis le début de l’année, contre 70 000 ha en 2022 » stipule le commandant Frédéric Mouche (chef du groupement de la gestion des risques) du service départemental d’incendie et de secours de la Nièvre (SDIS 58). Pour expliquer cela, il met en exergue différents points.

Feux d’espaces naturels

Afin d’éclairer un peu la situation 2023, il rappelle que les conditions climatiques dans les départs de feux de végétations et d’espaces naturels tiennent un rôle principal : « Une sécheresse prolongée, des températures élevées, une hydrométrie faible, alliée à du vent, peut avoir des conséquences catastrophiques en cas de départ de feu – et s’il n’est pas maîtrisé rapidement. Cette année, nous avons eu des précipitations assez diffuses durant la période estivale, contenant donc les risques. Au total, du 1er juin au 15 septembre 2023, nous avons eu 203 feux dans la Nièvre contre plus de 400 feux en 2019. Cette tendance est corrélée avec les surfaces touchées puisque l’on décompte environ 150 ha en 2023 contre pratiquement 460 ha en 2019, pour la même période ». Malgré tout, le commandant précise que, cette année, un feu marquera les esprits : « celui d’un feu de champ le 5 juillet dans la commune d’Ouagne où 18 ha sont partis en fumées ». L’une des dernières interventions du SDIS 58 (1) en matière de feu de végétation et espaces naturels date du 11 septembre à Saint-Honoré-les-Bains : « 4 ha ont été fortement touchés. Le terrain de par son dévers était un problème, de même que la situation de la clairière dans laquelle s’est diffusé le feu, car limitrophe d’une sapinière ». Il ajoute : « Ce qui nous a énormément aidés est la présence d’un chemin au niveau de la ligne de crête, nous donnant un accès surplombant direct afin de stopper le feu dans les hauteurs ». Au total, 66 sapeurs-pompiers étaient déployés, avec plus de 20 engins, dont deux venus en soutien de Saône-et-Loire. L’intervention aura duré 24 heures. Le commandant précise que l’origine du feu reste inconnue pour le moment.

Adapter les moyens

Dans la majorité des cas, durant l’été, les départs de feux de végétation sont dus à « un matériel chaud, dont certaines pièces engendrent des frottements. Le tout allié à la poussière, il suffit d’une étincelle pour que cela démarre. Je préconise de bien régler le matériel, de bien le nettoyer, et de bien graisser les pièces pour éviter tout échauffement. Il faut également disposer d’un extincteur à proximité pour intervenir rapidement. Décaler les heures de travail en cas de fortes chaleurs peut aussi prévenir certains départs de feu. Et, avoir un téléphone portable pour appeler nos services en cas de besoin ». En matière de feu de champ, le commandant décrit avoir, avec les services du SDIS « adapté l’organisation opérationnelle durant la période de moisson. Ainsi, de juin à fin juillet, nous adaptons notre couverture opérationnelle en renforçant nos moyens dans l’ouest du département. Puis d’août à fin septembre, la zone cible à risque est le Morvan, nous faisons alors l’inverse, en focalisant notre surveillance dans ce secteur ».

Stockage de fourrage

Pour les feux de stockage de paille ou de foin, le commandant détaille que trois sont à déplorer cette année : le 19 juin dans la commune de Saint-Jean-aux-Amognes (1 500 m2 ont pris feu), le 14 août à Chazeuil où deux stockages de 700 m2 ont été détruits et le 19 août à Sermage où environ 100 tonnes de paille ont brûlé. Il insiste : « à chaque fois cela mobilise de nombreux moyens, il faut donc être vigilant aux conditions de stockage des fourrages pour éviter toute fermentation de ces derniers ou encore au fait d’entreposer du matériel chaud à proximité de matériaux inflammables ». Il pointe que pour « le 19 juin, 89 sapeurs pompiers ont été déployés, avec une surveillance rapprochée du site jusqu’à la combustion totale des éléments. Le 14 août, ce sont 72 sapeurs pompiers qui ont été appelés, et enfin 30 pour l’incident du 19 août ».

Un engagement remercié

Par rapport aux années passées, il note un changement mais cette fois lié aux comportements des exploitants : « Ils sont de plus en plus nombreux à intervenir, parfois avant nous, avec des herses ou des tonnes à eau pour stopper la progression des feux de champs notamment. Leur rapidité facilite notre travail dans de nombreux cas, car si un feu est pris au départ il est plus aisé à éteindre contrairement à un déjà plus diffus ». Pour expliquer ce changement, il évoque notamment les réseaux sociaux : « qui aident à transmettre les messages et les bons réflexes à avoir » de plus il rappelle : « le traumatisme collectif engendré par le feu des Landes, a fait prendre conscience des enjeux qu’un foyer peut avoir et que l’implication de tous est parfois nécessaire pour en venir à bout. Nous remercions donc tous ceux et celles qui nous épaulent parfois – attention tout de même à ne pas se mettre en danger ».

Avenir incertain

Le commandant évoque également la création de la sous-commission départementale pour la sécurité contre le risque d’incendie de forêt, landes, maquis et garrigue, présidée par le préfet qui a pour but « d’effectuer un travail interservices sur la sensibilisation et la prévention. Dans ce cadre, nous n’excluons pas que le département connaisse des feux importants à l’avenir au vu du changement climatique. De ce fait, de nouveaux points d’eau ont été définis, en cas de besoin d’un support supplémentaire. Ainsi, le Lac de Pannecière est devenu en 2022 un point d’écopage officiel pour canadair, et en 2023, 13 sites d’eau ont été identifiés pour les hélicoptères bombardiers d’eau. Nous pouvons aussi avoir accès à l’intervention du Dash 8 de la sécurité civile en cas de grosse catastrophe ». Le commandant Frédéric Mouche conclut : « L’avenir est incertain, donc nous mettons tous les atouts de notre côté pour nous y préparer ».

(1) au 19 septembre.

Le SDIS 58 en chiffres
Le canadair du SDIS de Nîmes envoyé en test sur le Lac de Pannecière. Crédit photo : SDIS 58

Le SDIS 58 en chiffres

18 822 interventions en 2022

3 674 interventions de secours et de soins d’urgences aux personnes du 1er juin au 1er septembre

203 interventions sur feux dans la Nièvre en 2023 (du 1er juin au 15 septembre)

16 camions-citernes feux de forêt

27 camions incendies ruraux

45 casernes

1 centre de traitement des appels

1 129 volontaires

155 sapeurs pompiers professionnels

51 personnels administratifs techniques et spécialisés

Pour rappel

Le commandant Frédéric Mouche rappelle que pour toute urgence : « composez le 18 ou 112. Si votre opérateur ne couvre pas la zone, c’est le réseau d’un autre opérateur qui prendra le relais en cas d’appel à l’un de ces numéros. Plus un appel est passé rapidement, plus les chances de réussite de l’intervention sont élevées ».