Du 26 mai au 29 mai, les élèves de première Bac pro du Legta du Morvan se sont rendus en Île-de-France pour découvrir différents sites dont le marché de Rungis. Une expérience marquante pour tous.
Les élèves de première Bac pro du Legta du Morvan ont réalisé un voyage du 26 mai au 29 mai, en Île-de-France, dans le cadre de leur module sur l’étude des valeurs ajoutées et de la commercialisation. Pour rappel, afin de responsabiliser les jeunes élèves, ils furent invités à financer une partie de cette excursion. Pour ce faire, diverses actions furent mises en place au cours de l’année, dont la réalisation d’un calendrier – avec les photos du comice agricole de Château-Chinon de 2023 – et la vente de celui-ci à différentes occasions. Le corps enseignant remercie d’ailleurs Gérard Detilleux ainsi que D’Flyers (tenu par un ancien élève du Legta du Morvan) et tous les partenaires qui ont contribué au financement. Durant le séjour, les élèves ont pu visiter la ferme du campus Bougainville (Brie-Comte-Robert), la Ferme de Courcelles (Tournan-en-Brie) présentant une agriculture diversifiée avec production laitière, transformation fromagère et commercialisation (vente directe, AMAP, Ruche qui dit Oui), le tout dans un secteur périurbain. Ils ont également pu voir les près de 300 ha de l’EARL L’Orme Montferrat (Courtacon) située à proximité de l’illustre Domaine de Gros Bois (Boissy-Saint-Léger), les y ont découvert la conduite d’un atelier d’une vingtaine de Parthenaises, de la pension pour chevaux et l’intérêt de l’agroforesterie pour le bien-être des chevaux et pour l’écosystème des cultures.
Des choix à faire
De ces visites, les élèves expliquent qu’ils retiennent une certaine facilité de commercialisation des produits due à une proximité directe avec les grandes villes. Ils ajoutent : « le pouvoir d’achat est plus élevé que chez nous, les prix de ventes vont donc de pair ». Cela étant, ils présentent quelques revers de médaille à ce paradis : « Ils ont fréquemment des vols (matériels et animaux) et des dépôts d’ordures sauvages dans leurs exploitations. Des gens viennent aussi faire des rodéos dans leurs terres… du jamais vu par chez nous ! ». Durant les échanges avec les exploitants, les élèves ont aussi découvert que certains effectuaient des livraisons à Paris : « S’ils arrivent à avoir des bons prix, il faut reconnaître que c’est chronophage. Ils nous ont expliqué qu’ils savaient quand ils partaient mais jamais quand ils rentraient » ; en cause, les problèmes de circulation dans la capitale ainsi qu’en petite et grande couronne. Les élèves précisent d’ailleurs, que ces agriculteurs ne feront pas les livraisons à Paris durant les Jeux Olympiques, car cela est une contrainte supplémentaire pour eux – même s’ils sont conscients du manque à gagner. Sur cette question de la commercialisation, Louis, élève de la classe souhaitant s’installer comme éleveur (Charolais) avec un atelier de poule pondeuse, stipule : « la commercialisation en vente directe permet de fixer ses propres prix. Mais, il faut savoir si c’est viable de consacrer du temps aux livraisons. De même, il faut pouvoir supporter la clientèle avant de se lancer… Ce choix revient à chacun ; mais moi c’est non ! ». De son côté, Romain, qui voudrait devenir salarié agricole, le contact avec la clientèle ne le dérangerait pas : « au contraire cela peut être sympa ».
Envers du décor
Et justement, afin d’aborder plus en avant la commercialisation, une visite du marché de Rungis était prévue. Tom l’évoque comme « une ville dans la ville » et d’Ève d’ajouter : « on a vu un bâtiment de 200 m de long dédié uniquement à la viande ». Outre le gigantisme de l’endroit, les élèves ont été marqués par des conditions de travail difficiles : « les salariés sont en permanence dans le froid, avec des horaires très spécifiques, et souvent en décalage avec le reste de la population, afin de fournir en temps et en heure les restaurants et autres commerces dès leurs ouvertures ». Les élèves poursuivent : « cette visite fut exceptionnelle car nous avons pu découvrir l’envers du décor et un système de fonctionnement très différent de ce que nous avons l’habitude ». Les élèves ont visité le chantier d’insertion ANDES qui récupère les invendus du marché pour la vente en épicerie solidaire et pour des associations caritatives. En parallèle, un autre point fut abordé pendant la visite : l’évolution face aux contraintes climatiques et environnementales : « Ils sont en train d’intégrer des toits végétalisés afin de contenir les déperditions énergétiques. Pour réduire les charges de fonctionnement, ils vont aussi installer des panneaux photovoltaïques et incinèrent déjà leurs déchets pour chauffer les bâtiments. Des solutions qui peuvent donner des idées à certains, tout en montrant que le changement climatique ou les problématiques de charges sont une préoccupation à tous les niveaux des diverses filières. Des solutions semblent toutefois émerger, ce qui est plutôt intéressant ». Le CFPPA du Morvan travaille depuis plus de trois ans avec le directeur du CFPPA de Rungis, Éric Gautun. Grâce à ce partenariat, les accompagnateurs, Catherine Blin, Nicolas Godard et Mireille Coquelard-Gallois, et les élèves ont eu l’opportunité d’avoir pour guide, lors de la visite du marché de Rungis : Zahia Saim, directrice du pôle logistique et tertiaire de la Semmaris (structure gérant l’ensemble du site), mais également Christophe Deplanche, président des grossistes en viande du marché, qui ont su captiver l’attention des élèves.
Ces explorations en terre presque inconnue – puisque certains se rendaient en Île-de-France pour la première fois – sont « toujours utiles pour enrichir nos connaissances et pour créer des liens professionnels pour la suite » pointe Julie, qui désirerait s’installer. Enfin, les jeunes stipulent avoir apprécié le lien quasi « familial » qui s’est tissé entre eux pendant ces excursions. Ils sont unanimes : « à refaire ! ».