Les années qui se terminent par « 4 » sont généralement très propices aux graines de moutarde. Avec seulement 9,3 q/ha au compteur, cette campagne fera exception.
Pas moins de 20 q/ha en 1994, autant en 2004 et même 21 q/ha en 2014 : une nouvelle récolte « record » allait-elle être enregistrée en 2024 ? Cette campagne évoluait bel et bien dans ce sens il y a encore quelques semaines, avec des plantes visuellement très prometteuses et des comptages plus que « positifs ». « Ces derniers laissaient apparaître un nombre de grains par silique tout à fait correct », retrace Jérôme Gervais, technicien à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or. Oui mais voilà, il y a encore eu des aléas… « Un certain nombre d'éléments restent encore inexpliqués à ce jour, c'est bien la première fois que nous perdons des grains lors de leur remplissage, et leur proportion est énorme, environ 40 %. C'est du jamais vu depuis 30 ans. Si ce remplissage s'était déroulé comme d'ordinaire, nous aurions très certainement visé un rendement de 14 à 15 q/ha », poursuit le conseiller, en rappelant que les excès d'eau, cumulés au manque de lumière pendant la floraison et/ou la fécondation, ont « forcément joué un rôle important dans ces pertes considérables ».
Et pourtant…
Début juillet, rien ne laissait présager un tel bilan : « nous terminons à 9,3 q/ha, sachant que 2023 avait affiché un score déjà décevant de 10 q/ha, le plus bas jamais enregistré. Les premiers champs récoltés cet été autour de Brazey et Genlis étaient relativement bons, entre 10 et 21 q/ha, mais cette tendance positive n'a pas suivi. Dès que les sols étaient hydromorphes, les rendements ont décroché. Les départements au nord de la Côte-d'Or ont pris 200 voire 300 mm de plus que chez nous et terminent bien souvent entre 6 et 7 q/ha ».
9 000 tonnes de graines
Pour couronner le tout, pas moins de 500 ha de moutarde ont été inondés et plusieurs champs ont été grêlés. Les dernières parcelles récoltées ces derniers jours, en agriculture biologique et en dérobées, ne changeront pas grand-chose à la donne. Il manquera de la moutarde pour honorer la commande des industriels : « les rendements en agriculture biologique varient de 70 kg à 700 kg/ha, sachant que 300 des 800 ha de cultures AB ont été ravagés en l'espace d'une seule semaine par des tenthrèdes. Au final, nous allons terminer 2024 autour de 9 000 tonnes de graines de moutarde alors qu'il en aurait fallu 12 000… ». Tout n'est pas noir pour autant : Jérôme Gervais informe que la qualité de la production est très bonne cette année : « à défaut de la quantité, la récolte est très bonne qualitativement parlant avec une teneur élevée en protéines et une texture idéale pour la transformation. Aussi et surtout : la culture reste rémunératrice avec ses 1 500 euros/t payés aux producteurs. En moutarde, un agriculteur conventionnel rentre généralement dans ses frais à partir de 5 q/ha. Pour les graines bio, les rendements sont encore plus bas mais la tonne est rémunérée à hauteur de 3 000 euros, il faut s'en rappeler ».
Ça repart
La nouvelle campagne de moutarde va débuter très prochainement, les semis étant programmés du 1er au 15 octobre. L’AGPMB recherche encore 2 000 ha pour atteindre son objectif de 11 000 ha de production. Les prix payés aux producteurs s'élèvent à 1 500 euros/t en conventionnel et 3 500 euros/t en bio.
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