Élevage laitier
Robot de traite, une mécanisation utile

Chloé Monget
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Arnold Wijcherson, 30 ans, est installé depuis le 1er octobre 2020 à Saint-Amand-en-Puisaye en élevage laitier bio. Afin d’alléger ses tâches, il a opté pour une automatisation de la traite.

Robot de traite, une mécanisation utile
Deux robots Lely A4 ont été installées sur l'exploitation d'Arnold Wijcherson.

Arnold Wijcherson voulait trouver une solution pour se dégager du temps. Même si depuis juillet 2021, sa compagne Cécilia Huicq, 30 ans, l’a rejoint au sein de l’exploitation. « J’ai installé deux robots, Lely A 4. Cela nous permet d’alléger notre planning et de ne plus être trop contraint par les traites » explique le jeune agriculteur.

L’exploitation compte 90 vaches montbéliardes sur 130 ha avec 30 ha de céréales d’autoconsommation (triticale, pois) et produit une moyenne de 19,5 litres par jour et par vache. « C’est compliqué de s’installer comme laitier, notamment à cause des obligations de la traite : chaque jour de l’année, le matin comme le soir » souligne-t-il. « De ce fait, il est très ardu de trouver un salarié prêt à suivre ce rythme. Et si on en trouve un, il est difficile de le garder. L’automatisation était donc un moyen pour nous d’être un peu plus autonome, comme ce que j’essaye de faire pour l’alimentation de mes animaux ».

En pratique

Si l’installation des deux robots peut sembler facile, au quotidien cela demande un ajustement de tout le monde, vaches comprises : « Il y a un temps d’adaptation nécessaire, que ce soit pour elles et pour nous. Il faut réapprendre à s’organiser, et pour elles, comprendre le fonctionnement de l’engin ». Pour rappel, ce type d’appareil fonctionne ainsi : la vache passe dans un sas où son collier est scanné. La machine calcule ensuite le temps écoulé depuis la dernière traite de l’animal et décide si une nouvelle traite est nécessaire. Un délai minimum de 6 heures entre les deux est obligatoire. En cas où l’animal dépasse ce temps, la traite se réalise. Alors, la stalle se verrouille et l’appareil entre en fonction. Dans le cas contraire, les portes s’ouvrent et la vache repart. Un bras vient chercher les trayons à l’aide d’un laser, les nettoie, puis installe les manchons sur les mamelles. Durant toute la durée de l’opération, une portion d’aliment est distribuée. Cette dernière est définie par l’éleveur au préalable via l’ordinateur de contrôle (Arnold a choisi un mélange de farine pour l’énergie et de correcteur pour la protéine). Celui-ci permet d’ailleurs de suivre la qualité, la quantité et la fréquence de traite de chaque animal. « Tout ce système permet d’avoir un suivi très précis de son travail pour voir les progressions ou les baisses afin d’adapter ses pratiques » insiste Arnold. « Il faut aussi préciser que l’ordinateur de bord dispose d’une intelligence artificielle qui lui permet de s’améliorer. Il apprend de chaque traite afin de s’adapter au mieux à chaque vache. Par exemple, il repère pour chaque animal la hauteur des pis. Grâce à cela, les traites iront de plus en plus vite ».

Investissement

La machine représente donc une « évolution intéressante » selon Arnold, mais qui nécessite un investissement conséquent. « J’ai choisi du matériel d’occasion reconditionné, car neuf cela n’était même pas envisageable. Au final, j’ai déboursé 118 000 euros pour les deux robots, hors installation et mise en service. Neuf, il faut compter 125 000 euros par robot » précise le jeune éleveur.  « Cela représente un coût important. Mais la liberté gagnée n’a pas vraiment de prix. De plus, en cas problème, l’ordinateur m’alerte sur mon portable. Même si je dois rester dans les parages, je peux faire autres choses. C’est une véritable bouffée d’air dans l’organisation de notre travail au quotidien ».

D'autres projets
Après environ 3 semaines d'utilisation, la grande majorité du cheptel a compris le fonctionnement de l'appareil.

D'autres projets

« Nous avons pour objectif de rendre nos vaches les plus autonomes possible afin qu’elles soient heureuses et produisent plus de lait » explique Arnold. Ainsi, il prévoit d’installer une porte Grazeway dans la stabulation afin que leurs sorties soient automatiques : « l’appareil scannera le collier et calculera le temps avant la prochaine traite. En fonction, il s’ouvrira pour laisser la vache partir dans les champs ou non afin qu’elle retourne aux robots pour se faire traire ». En attendant l’installation de ce portique, il a réalisé quelques aménagements : « Nous avons retiré les logettes individuelles afin qu’elles puissent choisir où elles veulent être. Nous ne voulons pas qu’elles soient contraintes dans leurs déplacements. J’ai aussi mis une brosse rotative afin qu’elles puissent se gratter. Elles adorent cela ! ».

 

Trouver une exploitation
Arnold Wijcherson et Cécilia Huicq.

Trouver une exploitation

Si Cécilia Huicq est originaire de Nevers et a travaillé comme salariée agricole dans la Nièvre, pour Arnold Wijcherson c’est une autre histoire. Originaire des Pays Bas, il cherchait à reprendre une exploitation, mais les prix y sont trop élevés. Alors, ses recherches commencent dans d’autre pays. Sa tante, vivant en France depuis 30 ans, lui conseille de regarder dans l’Hexagone. Il trouve alors un emploi comme salarié agricole à Bonny-sur-Loire durant deux ans, puis l’exploitation à Saint-Amand-en-Puisaye. « Je ne pense pas repartir de sitôt chez moi, je me projette vraiment ici et je suis heureux. Je suis fier d’avoir réalisé mon rêve ». Avec humour il conclut : « si j’avais un conseil à donner aux personnes rêvant de s’installer comme laitier ça serait d’acheter un bon lit, car il faut qu’il soit confortable pour le peu de temps qu’on y passe ».