Agrivoltaïsme
S'installer ou se diversifier avec l'agrivoltaïsme au cœur du projet

Christopher Levé
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Pauline Faillot et Delphine Petit ont chacune la volonté de s’installer avec un projet agrivoltaïque. Deux femmes aux parcours différents mais qui se rejoignent dans leur envie de faire évoluer l’agriculture d’aujourd’hui pour coller aux enjeux de demain. Nous les avons toutes les deux rencontrées à La Brosse, à l’occasion d’une présentation de GLHD sur l’agrivoltaïsme, où elles sont intervenues.

Agrivoltaïsme
Delphine Petit et Pauline Faillot (de gauche à droite).

Pas encore 20 ans, mais la tête bien sûr les épaules. Originaire de Mélisey, Pauline Faillot est actuellement étudiante en licence d’agronomie sur Amiens (elle effectue cette formation en alternance en étant technico-commercial pour un négociant, ndlr). Si, pour le moment, elle se consacre pleinement à ses études et n’a pas encore décidé si elle s’installera comme exploitante agricole une fois son (ou ses) diplôme(s) en poche, Pauline Faillot a tout de même un projet en tête. « J’ai cette envie de revenir un jour sur l’exploitation familiale avec un projet de diversification. Mais cela n’est pas pour tout de suite, peut-être plus dans 10 ou 20 ans », indique-t-elle.
Et ce projet de diversification concerne l’agrivoltaïsme. « Ce qui m’intéresse, c’est essentiellement la production de plantes aromatiques sous les panneaux solaires. Je trouve cela vraiment très intéressant. À travers ce projet, mon envie est d’apporter de la diversification sur l’exploitation familiale qui est en grandes cultures ».

Un rêve qu’elle pensait oublié

À 45 ans, Delphine Petit, (Arcy-sur-Cure) est en reconversion professionnelle, avec un projet d’installation, là aussi avec de l’agrivoltaïsme. « Je suis actuellement en BPREA au CFPPA d’Auxerre La Brosse. Je suis toujours salariée dans une société sur Avallon qui me suit dans ce projet d’agrivoltaïsme ». Ce projet, Delphine Petit l’a toujours eu. « Je viens d’une famille de polyculteurs-éleveurs dans la Nièvre avec un père qui est passionné de mouton et avec qui j’ai pu pratiquer le métier durant une quinzaine d’années. Mais pour diverses raisons, je n’ai pas pu poursuivre mes études agricoles et donc j’ai dû repousser de plusieurs années ce rêve de m’installer. Ce projet d’agrivoltaïsme, c’est l’opportunité de réaliser ce que j’ai toujours voulu faire et ce qui m’était inaccessible. J’ai toujours eu cette frustration de ne pas pouvoir faire ce que j’avais envie de faire ».
Si l’attente fut longue, la concrétisation du rêve s’approche pas à pas. « Mon projet est basé sur une centaine d’hectares spécifiques pour l’élevage ovin viande. Je vais commencer par 150 brebis pour arriver à 500 brebis au bout de cinq ans. Il y a également un projet de 30 hectares supplémentaires, toujours en agrivoltaïsme, qui seront consacrés à la production de plantes aromatiques médicinales et de chênes truffiers. Ce second projet est mis en place par le collectif d’agriculteurs, Les champs ensoleillés du Beugnon, à Arcy-sur-Cure, dont fait partie mon mari. Enfin, j’aimerais éventuellement mettre en place un autre projet qui consiste à faire la transformation de la laine en engrais organique, essentiellement destiné aux vignes ».

Un moyen de diversifier les exploitations

Les deux femmes sont intervenues le vendredi 20 octobre à La Brosse, à l’occasion d’une présentation sur l’agrivoltaïsme par GLHD à une classe de BTS (un article sera consacré à cet événement dans un prochain numéro, ndlr), avec des messages à faire passer. « Pour moi, il était important de dire qu’il est possible de faire évoluer nos exploitations familiales avec des projets de diversification. Je sors de La Brosse, où j’ai passé cinq années avec un BTS à la clé et je veux sensibiliser les étudiants sur le fait qu’il y a de nouvelles choses qui se font dans l’agriculture, qu’il faut s’ouvrir au monde, aux nouveaux projets, à l’avenir », reprend Pauline Faillot. « On ne sait pas à quoi ressemblera l’agriculture dans l’avenir. On a vu que les choses changeaient pour s’adapter à la sécheresse, au changement climatique. Il faut faire prendre conscience aux futurs exploitants agricoles qu’il y a beaucoup de nouvelles choses qui peuvent se faire aujourd’hui. Se diversifier ne veut pas dire arrêter de faire de l’agriculture comme on l’a aujourd’hui. Peut-être qu’à l’avenir il y aura de plus en plus de panneaux solaires dans les champs mais toujours avec de l’agriculture au milieu et ça, c’est important de le dire. Beaucoup pensent que l’agrivoltaïsme c’est se contenter de mettre des moutons sous les panneaux mais il est aussi tout à fait possible de faire pousser du blé au milieu », assure la jeune femme.
Delphine Petit a, quant à elle, porté le message « que même à 45 ans, on peut changer de métier pour revenir à ce que l’on a toujours voulu faire ». Cette dernière a aussi insisté sur le fait qu’à travers de genre d’intervention, « il est important de pointer la différence entre l’agrivoltaïsme et le photovoltaïsme au sol. Ce n’est vraiment pas la même chose, les enjeux sont différents ».
Des projets plein la tête et des messages positifs portés, les deux femmes font de très belles porte-parole de l’agrivoltaïsme.