Morts à répétition
Une situation dans l'impasse ?

Chloé Monget
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Depuis décembre 2022, Didier Pastor, exploitant à Montpillard (Crux-la-Ville) déplore la mort d'une dizaine d'animaux dans son exploitation. La cause est pour le moment inconnue et la perte sèche ; explications. 

Une situation dans l'impasse ?
Didier Pastor et sa compagne Nathalie avec, derrière eux, le pré où les animaux ont été trouvés.

Chaque matin, le rituel est le même : « je fais le tour de mes prés pour contrôler mes animaux. Mais, depuis des mois, je marche avec la peur au ventre ». Cette peur, Didier Pastor, exploitant à Montpillard (Crux-la-Ville) depuis 19 ans, en est rongé depuis décembre 2022 lorsque les morts inexpliquées ont démarré. Systématiquement, le scénario se répète : « je vais au champ, et là je retrouve les brebis (certaines gestantes) éventrées et vidées. La dernière mort à déplorer est un agneau mâle, le 13 juillet. Nous n’avons retrouvé ni l’avant ni la tête… et nous avons cherché ! » indique Didier Pastor.

Au total, ce sont près de 10 brebis et un agneau qui ont été retrouvées ainsi au fil des mois. « Au-delà de l’état des animaux, le pré où ils ont été trouvés, et les quelque 2 000 euros de perte sèche que cela engendre (car outre les animaux massacrés j’ai aussi eu des avortements à la suite de ces événements), nous n’avons pas plus d’informations… ».

Sans solution

Après avoir alerté l’OFB, Didier Pastor est dans le désarroi complet. « la responsabilité du loup n’a pas été engagée. Et pire, la cause des morts est considérée comme inconnue. On ne sait donc pas ce qui déchiquette mon troupeau ! ». Comme les conclusions de l’OFB, suite aux visites chez Didier Pastor, ne mettent pas en cause une prédation lupine, l’indemnisation par l’État n’est pas effective. Didier Pastor ajoute que dans le cadre du cerclage dont son exploitation fait partie (voir arrêté préfectoral n°58-2023-05-31-00001 (1)), on lui a proposé de mettre des filets électriques. « J’ai environ 330 brebis, et j’ai 59 ans… je ne vais pas m’amuser à les sortir et les rentrer tous les jours, ça serait ingérable. On m’a aussi indiqué que l’achat d’un chiot pour protéger le troupeau était possible. Mais encore une fois, j’ai 59 ans, que ferais-je du chien une fois en retraite ? De plus, un chien de troupeau est complètement dressé au bout de 4 ans, soit deux ans après mon départ théorique en retraite ». Sans solution émise par l’État (2), et suite aux conseils de la Gendarmerie, Didier Pastor a porté plainte contre X, le 5 avril 2023, pour attaque supposée de chien. Dans cette plainte, le préjudice estimé est de 1 800 euros au total pour 7 brebis (depuis le bilan s’est alourdi). Après ce dépôt, classé sans suite pour « recherches infructueuses » par le Tribunal de Nevers, Didier Pastor s’est tourné vers son assurance pour espérer obtenir une indemnisation.

Pas de prise en charge

« J’ai une assurance cheptel. Mais, il m’a été indiqué que je devais avoir le nom du propriétaire du chien en cause pour que je puisse obtenir de l’argent afin de compenser la perte de mes animaux (3). Comment puis-je avoir le nom du propriétaire lorsque je ne suis même pas sûr que ce soit un chien ? Et même si j’en avais la conviction, comment retrouver le nom du propriétaire ? On m’a soumis l’idée qu’il venait d’une résidence secondaire, mais dans le coin il y en a un paquet ! J’ai aussi demandé aux voisins s’ils avaient eu des décès similaires, mais ils n’ont rien rapporté ». En désespoir de cause, Didier Pastor étudie alors toutes les pistes : « j’ai regardé si les dates coïncidaient avec des vacances scolaires, ou si elles pouvaient correspondre à des ponts ou des week-ends particuliers. J’ai aussi étudié le mouvement des lunes au cas où… mais il n’y a pas de motif récurrent ». Sans préjugé sur les causes des décès de ces animaux, Didier Pastor martèle : « Même si je ne suis pas indemnisé, je veux simplement avoir une solution pour que cela s’arrête, car pour le moment, je n’ai que mes yeux pour pleurer ». Depuis la dernière attaque, il a pris la décision de vendre ses agneaux le plus rapidement possible : « je préfère les voir partir que d’en trouver encore massacrés ». Si la situation de Didier Pastor semble pour le moment dans l’impasse, il conclut : « Je suis en train de tenter un recours face au dernier rapport de l’OFB pour l’agneau mort le 13 juillet. Nous verrons bien ce que cela peut donner ». En attendant, Didier Pastor continue chaque matin son rituel de tour de champ…

Notes : (1) https://www.nievre.gouv.fr/contenu/telechargement/14487/124504/file/A_Cerclage2023_N%C2%B02.pdf

(2) ndlr : la préfecture a été contactée par nos services pour connaître les autres leviers possibles, pour le moment aucun retour n’a été fait.

(3) ndlr : contactez par nos services, l’assurance en question devrait nous donner plus d’informations sur le sujet courant septembre.