Histoire 1/ 3
Hommage aux Mathieu d’Oyé en Brionnais et aux Damas d’Anlezy

Michel Petit (Mis en forme par Chloé Monget)
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Michel Petit, ancien professeur d’université en géographie physique, s’est attaché à retracer l’histoire des Mathieu d’Oyé en Brionnais étroitement liés aux Damas d’Anlezy. Son travail éclaire l'implantation de l'élevage charolais dans la Nièvre.

Hommage aux Mathieu d’Oyé en Brionnais  et aux Damas d’Anlezy
Le Charolais n'était pas la production phare de la Nièvre au 17e siècle.

Afin d’apporter quelques précisions à la thèse agricole de Maxence de Damas (1907 – École supérieure d’Angers), Michel Petit, ancien professeur d’université en géographie physique, présente son travail axé sur les Mathieu d’Oyé en Brionnais et les Damas d’Anlezy.

Mise au point

En contradiction avec les propos du baron de Damas (1785/1862) dans sa thèse, la famille Mathieu gagnera une importante notoriété en Nivernais et au-delà, grâce à la diffusion de la race Charolaise. Liés aux Digoine qui résidaient au nord de Paray-le-Monial au château de Palinges, les Damas avaient eu connaissance de la réussite dans les années 1720 d’un certain Emiland Mathieu (éleveur dans le sud de Charolles) dans le commerce et la sélection de la race bovine locale. Ainsi, l’hypothèse que le père d’Emiland, Charles, et quelques éleveurs locaux, avaient déjà tentée des essais d’amélioration peut être avancée. Pour comprendre l’implantation du Charolais dans la Nièvre, un panorama de cette dernière à l’époque est nécessaire.

Panorama

Au XVIIe siècle, la Nièvre est une terre de culture aux faibles rapports et à la population rurale pauvre. Elle s’oriente vers l’élevage bovin à la fin du XVIIIe siècle. Entre 1892 et 1912, 17 000 métayers en Bourbonnais pour seulement 1 300 en Nièvre (P. Dubost 1920) sont dénombrés. En 1780, l’agronome Arthur Young (1741-1820) traversant le Nivernais détaille : « Je ne m’y arrêterai point, c’est un pays pas même bon pour les moutons » assertion démentie avant la fin du siècle. Cet engouement pour l’élevage, qui demande moins de personnel qui est donc plus économique, répondait aux qualités des sols comparables, dans une certaine mesure, à celle du Brionnais.

Introduction

Ainsi, les Damas, vivement intéressés par le Charolais, soumettent un projet aux Mathieu (dont Emiland) : faire venir en Nivernais leur fils aîné Claude Mathieu (1738 – 1793) en qualité de fermier général au château d’Anlezy. Le choix de Claude n’est pas anodin car, selon Onésime Delafond (vétérinaire ; 1805-1861), il est : « député à la Convention, habile cultivateur, importait dans la Nièvre la race bovine charolaise dont il connaissait les précieuses qualités ». Cet agriculteur fut aussi « un des herbagers qui engraissaient des bœufs avec la première pousse des herbes de prairies naturelles et qui en démontra les avantages ». En 1891, Clément-Edmond Révérend Du Mesnil (historien et généalogiste) détaille : « Vers 1773 Jean-Pierre Damas Comte d’Anlezy […] prenait comme fermier général Claude Mathieu. À la magnifique terre d’Anlezy, dans la Nièvre, Mathieu apportait un cheptel de bétail charolais et aussi un mode d’exploitation par prés ou par herbages ». Et c’est peut-être en cela que cette entreprise d’introduction de la race atteignit un succès sans précédent… la suite dans un prochain numéro de Terres de Bourgogne.

Pour en savoir plus

M. de Bouillé, 1979 « historique de la race charolaise Annales des pays nivernais N°23 »

H. Carimantran « Un domaine d’élevage et d’engraissement à Suresnes », thèse École vétérinaire Maisons-Alfort

Damas (de) Maxence 1907 « En Nivernais, étude de la production animale dans le canton de Saint-Benin-d’Azy », thèse agricole, École supérieure d’Angers. Brochure format 36 x 16, 129 pages en vente chez Mazeron, Nevers

Delafond O, 1849 « Progrès agricoles et amélioration du gros bétail dans la Nièvre » Paris, Labbé ed 240 pages (accessible bibliothèque Muséum Paris)

De Gaulejac B. 1988 « Introduction de la race charolaise en Nièvre », Bulletin Société Nivernaise Lettres Sciences et Arts, Archives départementales Nièvre Nevers.

*encadré réalisé par Michel Petit.