Maraîchage
Les clefs pour s'installer en maraîchage bio

Chloé Monget
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Après la journée « S'installer en production de chanvre », la Chambre d'agriculture de la Nièvre et Bio Bourgogne-Franche-Comté organisaient une rencontre « S'installer en maraîchage bio », le 7 novembre. 

Les clefs pour s'installer en maraîchage bio
Guillaume Debeer (pull rouge) a détaillé ses pratiques culturales aux participants.

Dans la lignée de « S’installer en production de chanvre » (voir TDB n°1749) du 6 septembre, la Chambre d’agriculture de la Nièvre (CA 58) et Bio Bourgogne-Franche-Comté (Bio BFC) proposaient une journée du même type avec pour thème le maraîchage bio, le 7 novembre à Nevers.

Au total, environ 20 participants ont répondu présents pour cette journée d’information. Ainsi, toute la matinée se déroula en salle, en présence de partenaires (Crédit Mutuel, Crédit Agricole et DDT), divers thèmes ont été abordés comme les financements possibles, la réglementation Bio ainsi que les aspects techniques de ce genre de pratiques. S’en est suivi un point sur l’accès à l’eau ou encore au foncier pour terminer sur une présentation de la structuration de la filière fruits et légumes en Bourgogne et plus localement dans la Nièvre. Judith Nagopaé, conseillère productions légumières à la CA 58 et Pauline Foulon, animatrice et conseillère en maraîchage biologique et PPAM, chargé de mission biodiversité à Bio BFC, stipulent : « Même si le maraîchage est une des filières – avec l’apiculture – qui est la plus accessible pour les installations dites hors-cadre familial, elle n’en reste pas moins une filière avec des contraintes à connaître avant de se lancer. Il y a des passages obligés pour donner toutes les clefs aux porteurs de projets ou aux personnes souhaitant être salariés dans ce secteur d’activité. Parmi ceux-ci nous pensons notamment à une présentation globale et théorique mais aussi aux explications qu’un professionnel peut fournir ». Pour ce dernier pan, Guillaume Debeer, maraîcher à la Baratte (La Baratt’Abio à Nevers) a détaillé son parcours et ses pratiques quotidiennes aux participants.

Plus ciblé

Après avoir rappelé ses conditions d’installation voilà 10 ans, Guillaume Debeer insiste : « Vous devez croire en votre projet et vous imposer, sinon personne ne vous suivra. Le maraîchage permet, dans la majorité des cas, de s’installer en agriculture avec des investissements moindres que pour d’autres productions où il faut par exemple reprendre tout un cheptel. Pour donner un ordre d’idée, je pense qu’avec 5 000 à 10 000 euros d’apport vous pouvez largement envisager de vous installer si et seulement si votre projet est bien ciblé. Je rappelle d’ailleurs que si vous n’êtes pas propriétaire des lieux, un bail est obligatoirement à établir – c’est une sécurité pour vous ». Pour lui, même si sa manière de travailler à évoluer au fil des années, il explique qu’au départ tout doit être défini « afin d’avoir une ligne de conduite globale pertinente. Je pense notamment à la valorisation de sa production durant l’été car les potentiels clients habituels partent en congés. Je vous conseille donc de trouver des solutions de commercialisation diverses afin d’avoir des débouchés toute l’année. Cela se réfléchit dès le début, car vos choix de plants seront notamment déterminés par cela. D’ailleurs en parlant de plants, je préconise de déléguer cette étape, en tout cas dans un premier temps. En effet, leur réussite est cruciale dans la production et si vous les ratez, cela veut dire que vous ne pourrez rien planter, rien produire donc rien vendre… ». Ensuite, il a alerté les participants sur le ratio plaisir/déplaisir : « peu importe le projet, il est indispensable d’établir votre activité en fonction de ce que vous voulez faire et ce que vous pouvez encaisser que ce soit physiquement ou psychologiquement. Pour rappel, en pleine saison un maraîcher peut faire 70 heures par semaine ». Cela étant, il sourit : « on trime, mais pour un métier qui apporte de bonnes ondes puisque nous travaillons avec le vivant. Pour moi, le maraîchage est un métier qui a du sens : on nourrit les gens ; ce n’est pas rien ! ». Il conclut : « Pour l’avenir, au vu du changement climatique, il faut avoir une attention particulière sur l’eau (savoir la retenir et aussi de l’évacuer en cas de besoin). L’agriculture dans son ensemble s’adapte tous les ans aux variables (sécheresse, forte pluviométrie, etc.), il faut en avoir conscience et surtout avoir envie d’apprendre continuellement pour que l’activité reste pérenne ».

L'occasion à saisir
À quelques exceptions, tous les outils de Guillaume Debeer sont d'occasion.

L'occasion à saisir

Outre son parcours professionnel, et les échanges autour de ses pratiques culturales, Guillaume Debeer a aussi tenu à aborder le choix du matériel. Installé avec la DJA, il explique : « j’ai acheté un ou deux outils neufs afin d’en profiter. Pour le reste, j’ai trouvé mon matériel d’occasion, car cela était largement suffisant pour mon activité. Ce choix permet de réduire les investissements. Après, il est nécessaire d’être un peu bricoleur et soudeur pour le maintenir en bon état de marche, mais cela peut se faire sur le tas. Aujourd’hui, internet est votre meilleur ami en la matière avec les nombreux tutoriels que l’on peut trouver. Il faut juste avoir la patience de chercher la bonne occasion et d’apprendre ce que l’on ne connaît pas. Je pense qu’il ne faut pas se lancer dans des investissements démentiels ou irraisonnés pour que votre projet soit viable. Après, le choix reste le vôtre ».