Maraîchage
Lancement de l'espace test ce Luzy

Chloé Monget
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L’espace test de Luzy (1) est désormais occupé par un porteur de projet maraîcher. Une avancée pour le projet global de « Luzy village du futur ».

Lancement de l'espace test ce Luzy
De gauche à droite : Aurore Robart (chargée de mission), Jocelyne Guérin (maire de Luzy) et Vincent Keignaert (maraîcher).

Après deux années de travail collaboratif avec le Conseil départemental, la commune de Luzy accompagne un maraîcher pour s’installer dans l’espace test de Montarmin (1). Le choix s’est naturellement porté sur Vincent Keignaert, 34 ans, qui a su présenter son parcours et un projet réfléchi et construit pour le territoire. Jocelyne Guérin, maire de Luzy, définit ce projet comme un levier essentiel de développement local sur le sujet de l’alimentation locale et de l’économie circulaire.

En 2015, l’écriture du plan d’actions « Luzy village du futur » (2) visait à donner les grands axes de développement du territoire, tout en l’inscrivant dans une volonté d’adaptation au changement climatique. Jocelyne Guérin développe : « Cette vision de la mandature précédente, que nous poursuivons aujourd’hui, était ambitieuse car elle impliquait un engagement sur de nombreuses années mais, elle était et est toujours pertinente. En effet, le point de départ de Luzy village du futur était de dire stop, nous n’avons plus le temps de lambiner, maintenant il faut agir à la fois sur toutes les questions environnementales mais aussi sur l’alimentation locale. Étant donné que ces projets d’envergure prennent souvent beaucoup de temps, nous nous étions fixés des actions concrètes ».

En détail

Le premier objectif était l’évolution de l’approvisionnement de la restauration collective via le concept de « cantine en transition » qui, entre autres, tend vers les produits bios et locaux. Jocelyne Guérin explique : « nous avons travaillé avec les cuisiniers et identifié leurs besoins. Ensuite, nous avons mobilisé les producteurs locaux prêts à répondre à la demande – avec une attention particulière sur les coûts justes pour les deux parties. Les producteurs locaux identifiés dans un premier temps, se trouvent dans un périmètre de 25 km autour de Luzy, nous avons élargi la recherche pour les produits non disponibles dans ce périmètre. Après cette première étape, il fallait aller plus loin : cuisiner des produits frais, nécessite un investissement que ce soit en temps ou en personnel qualifié. Ainsi, une personne de la mairie est mise à disposition 2 heures / jour sur les 4 jours afin d’aider à la préparation des repas. Nous allouons chaque année, une enveloppe de 6 000 euros pour l’achat des produits locaux. En sus, nous avons embauché en 2022 une chargée de mission à temps plein pour ce projet de territoire, Aurore Robart, qui permet de faciliter toutes les démarches pour l’ensemble les acteurs qui sont impliqués. Aujourd’hui, le restaurant du collège sert près de 220 repas par jour pour les élèves de la maternelle au collège et la cuisine s’approvisionne à près de 40 % en produits locaux (soit près de 15 producteurs), dont 100 % de viande bovine Charolaise et charcuterie provenant de notre secteur. Nous voulons atteindre les 100 % de produits locaux. Pour viser cet objectif, il fallait accompagner une installation en maraîchage à Luzy afin de fournir la restauration collective, les maraîchers déjà installés avaient été rencontrés afin de définir avec eux leur engagement ou non dans cet approvisionnement. La ferme de Montarmin s’est imposée naturellement comme le lieu d’installation pour ce maraîcher, ce site est propriété de la commune et s’étend sur 55 ha. Seul 1 ha est mis à disposition pour l’espace test maraîchage – le reste étant déjà loué ».

À venir

Si le lieu était déjà ciblé, le porteur de projet restait à trouver : « Nous avons lancé l’appel à candidature en 2021. Après une première vague de candidature, un profil avait été ciblé, mais la personne s’est retirée pour des raisons personnelles, il a fallu relancer cet appel à candidature. Dans la seconde vague de candidature, nous avons rencontré Vincent. Son projet nous a plu, il était prêt à s’engager dans l’aventure avec un projet rédigé pour la restauration collective et d’autres débouchés à terme. Pour nous, il est indispensable que cette installation soit accompagnée pour garantir un modèle économiquement viable pour le producteur ». Afin de faciliter son arrivée à Luzy, la mairie lui a proposé un logement : « Vincent est originaire de l’Yonne, il fallait l’accompagner pour lui permettre de démarrer au plus tôt ».

Arrivé depuis décembre 2023, Vincent est déjà très Luzycois et a commencé à préparer sa saison 2024 pour une production attendue été 2024. Jocelyne Guérin pense déjà à la suite : « nous allons débuter les démarches pour installer un atelier de légumerie et conserverie pour la restauration collective, avec une réflexion autour d’une cuisine centrale. Pour ces deux projets, nous allons cibler des lieux possibles tout en étant conscient que cela prendra du temps. En ce qui concerne la cuisine centrale, ce sujet est en réflexion et sera construit de manière collaborative avec les acteurs concernés ». Elle conclut : « Nous avons tous les atouts à Luzy pour arriver un jour à cette autonomie alimentaire avec un grand projet agricole et un modèle économique autour de la production à la consommation et la vente, en passant par la transformation et la conservation ». Retrouvez la présentation de Vincent, et sa vision de l’exploitation, dans un prochain numéro.

(1) Voir TDB n° 1677

(2) (https://www.luzy.fr/innovante/genese-du-projet-lvf/)

La recette miracle ?
L'espace test de Luzy à Montarmin est désormais totalement irrigué.

La recette miracle ?

Jocelyne Guérin souhaite établir un document d’appui : « nous allons mettre par écrit toutes les démarches effectuées depuis la genèse du projet afin de partager notre expérience avec tous. Nous espérons que cela pourra faciliter la tâche à d’autres communes, donner des idées à certaines. Nous désirons que ce projet insuffle une véritable envie de remettre les territoires au centre de tout ». Elle ajoute : « notre projet fonctionne car il y a une véritable synergie entre toutes les parties et une envie politique d’avancer le plus rapidement possible. De cela découle aussi l’obtention de financements, car sans investissement, on ne va nulle part. Sans ces éléments, je pense qu’on ne peut pas mettre en place quoi que ce soit ».