Énergie solaire
Peut mieux faire

AG
-

Un agriculteur du Châtillonnais rencontre des difficultés dans son projet de production d'électricité.

Peut mieux faire
Le raccordement des panneaux solaires de Jérémy Rognon a été retardé de plusieurs mois.

Il faut produire de l’électricité ? Pas de problème, les agriculteurs ont des toits à valoriser. Jérémy Rognon, exploitant à Pothières, a « répondu présent » en profitant de la construction d’un poulailler pour installer des panneaux photovoltaïques. Ce jeune agriculteur de 26 ans n’a pas fait « semblant » en optant pour une puissance de 280 kWc. Une autre installation de 100 kWc est venue s’ajouter à celle-ci, sur un bâtiment de stockage situé à quelques mètres de là. « Tout est prêt depuis le 15 février, le raccordement était programmé depuis longtemps pour la fin mars. La production et la revente d’électricité devaient débuter dans la foulée, juste avant les mois les plus propices de l’année », indique Jérémy Rognon. Sauf qu’un coup de fil d’Enedis a tout remis en question. « Au départ, c’est moi qui les ai appelés pour m’assurer que tout allait bien se passer. Je n’ai pas réussi à les joindre. Deux semaines plus tard, on m’a rappelé pour me dire que le raccordement ne se ferait pas à la date prévue, mais plutôt à la fin de l’année 2023 ! », soupire le Côte-d’orien, qui a beaucoup de mal à comprendre et à accepter ce report : « il y aurait un problème de transformateur, qui serait finalement utilisé par une collectivité. Ce n’était pas très clair… J’ai tout de suite pensé à mon annuité de 55 000 euros qui allait tomber. On m’a simplement dit d’appeler ma banque… ». Le report de cette première annuité a été fort heureusement accepté : « je ne sais pas comment j’aurais fait dans le cas contraire, mais le problème n’est pas réglé pour autant… Dans cette histoire, si l’on raisonne par rapport aux mois les plus ensoleillés, je vais perdre pratiquement une année de production. J’ai aujourd’hui 350 000 euros de panneaux qui ne servent à rien du tout. Cela remet en question tous mes prévisionnels, beaucoup de choses étaient calées par rapport à cette diversification ». Le surcoût de l’assurance des panneaux, d’un montant de 1 000 euros, paraît presque anecdotique par rapport au reste : « j’aurais su cela à l’avance, je ne les aurais bien sûr pas assurés tout de suite, cela m’aurait fait des économies ».

En attente du PCAE

Jérémy Rognon pointe du doigt la faible réactivité d’Enedis, entreprise de service public, dans ce dossier : « Enedis et l’État ne mettent pas tout en place pour répondre aux besoins énergétiques du moment, dans cette conjoncture si particulière. À cette mésaventure s’ajoutent les très longs délais administratifs que j’ai connus. De ce côté-là, j’étais pourtant déjà « vacciné » car j’ai un premier poulailler depuis mon installation. Je savais qu’entre le moment où je décidais de construire et le jour où arrivait le premier poulet, il me fallait attendre au moins trois ou quatre ans. Ce sera encore le cas avec cette construction, c’est vraiment n’importe quoi ». Contrairement à cette première expérience, l’inflation est passée par là : « eh oui, aujourd’hui, entre le jour où on vous demande des chiffres et le jour où le chantier commence, il se passe beaucoup de choses. Ce ne sont plus les mêmes coûts. De longues et rudes négociations ont été nécessaires pour que je m’en sorte le mieux possible. Par rapport au devis initial, j’ai dû payer 30 000 euros supplémentaires, sans parler des 40 % de hausse pour la maçonnerie ». Pour ne rien arranger, Jérémy Rognon attend encore les 40 000 euros qu’il est censé recevoir dans le cadre du PCAE : « en 2017, j’avais perçu de l’argent un mois après ma demande. Cette fois-ci, huit mois après avoir envoyé mon dossier, je n’ai toujours rien. La nouvelle gouvernance assurée par la Région dans ce dossier y est certainement pour quelque chose. Le dernier contact que j’ai eu m’informe que ce sera pour le deuxième semestre de l’année… En attendant, j’ai toujours le court terme de 40 000 euros à la banque, on repousse l’échéance et on me remet des agios en plus. C’est de l’argent qui part en l’air pour des bêtises. Dans le monde agricole, on nous demande beaucoup de choses, mais dans le sens inverse, ça ne marche pas. Je dirais même qu’on fait tout pour nous mettre des bâtons dans les roues ! ».