Production ovine
Pâques en ligne de mire

AG
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De nombreux éleveurs ovins préparent des agneaux pour Pâques. Rencontre avec un producteur de Francheville.

Pâques en ligne de mire
Antoine Duthu, avec l'un de ses 250 agneaux nés fin novembre-début décembre.

Pâques approche ! Cette fête religieuse sera célébrée cette année le 9 avril. Comme le veut la tradition, la consommation d’agneaux battra son plein. De nombreux éleveurs préparent des animaux en amont, pour cette occasion. À Francheville près de Saint-Seine-l’Abbaye, produire des agneaux pour Pâques est un grand « classique » chez Antoine Duthu. Cet éleveur en race Île-de-France a fait naître 250 agneaux en deux seulement deux semaines, entre fin novembre et début décembre. Pour l’anecdote, un pic de 220 agnelages en seulement cinq jours avait été enregistré dans son élevage fin 2021 ! « Il est certain que ces périodes sont très fastes, mais nous travaillons pour ça. Pâques est notre principal rendez-vous de l’année. Ces naissances sont aujourd’hui déjà loin, les agneaux profitent un maximum avant de partir d’ici quelques semaines », confie d’éleveur de 30 ans.

Conjoncture positive

Antoine Duthu « re-signerait » volontiers pour vendre ses produits aux mêmes tarifs que ceux de l’an passé : « certains étaient partis à 8 euros/kg, c’est le meilleur niveau depuis mon installation en 2015. Jusqu’en 2019, je les vendais entre 6,80 et 7,20 euros/kg. En 2020, année du covid, nous étions tombés à 6,20 euros/kg. C’est ensuite bien reparti, avec un tarif à 7,80 euros/kg en 2021 ». Le Côte-d’orien observe que certains agneaux, en Label rouge comme les siens, sont même montés jusqu’à 9 euros/kg à Noël : « celles et ceux qui réalisent des agnelages en septembre ont pu en profiter, c’est bien. Ce n’est pas mon cas car je mise tout pour Pâques. Avec le Label rouge, nous obtenons une plus-value qui peut atteindre un euro du kilogramme en fin d’année. En ce qui me concerne, elle est plutôt aux alentours de 20 centimes à Pâques ». La conjoncture est donc positive, à l’heure où la France ne produit toujours pas plus de la moitié de sa consommation.

Des aléas, toutefois

Antoine Duthu, calculatrice en main, informe que chaque agneau lui coûte 11 euros de plus que ceux de l’an passé : « je continue à acheter de l’aliment du marché. C’est un choix personnel, car avec l’aliment de la ferme, nous sommes toujours obligés de réintégrer des éléments nutritifs pour équilibrer. Je viens de me faire livrer de l’aliment à 454 euros la tonne… Il y a tout juste un an, la facture était à 341 euros, cela représente donc 113 euros en plus. Pour certains agneaux, il me faut 100 kg d’aliments pour les engraisser, soit 45 euros par tête cette année, contre 34 en 2022, d’où les 11 euros supplémentaires… En partant dans l’idée que je vendrai 200 agneaux à Pâques – car j’en conserverai une quarantaine de femelles pour le renouvellement – cela représente donc une hausse de charge de 2 200 euros ». L’éleveur de Francheville déplore également une baisse assez marquée de la prolificité : « elle est passée de 1,8 à 1,5 en un an. Cette différence représente près de 50 agneaux en moins à vendre cette année, ce n’est pas rien, sachant que si le prix est de 8 euros/kg, chaque agneau de 20 kg de carcasses sera vendu 160 euros ». Cette baisse de prolificité semble généralisée chez les éleveurs : « en parlant avec plusieurs collègues, mon cas n’est pas une exception. La race Île-de-France semble toutefois la plus impactée. Que s’est-il passé ? Quelle est la raison ? Je ne sais pas. Faisait-il trop chaud au moment de la mise à la reproduction ? C’est une question sans réponse à ce jour. Une prolificité de 1,8 était toutefois un record personnel. Généralement, ce taux tournait entre 1,7 et 1,75, mais jamais aussi bas à 1,5 ».