Campus Vert
Quand les agriculteurs hébergent les étudiants

Marine Nauleau, Vienne Rurale
-

Avec Campus Vert, les bâtiments agricoles peuvent répondre à une demande forte de logements étudiants. Né en région Hauts-de-France, le concept a été dupliqué en Île-de-France et en Bretagne et des collectivités comme le département de la Charente-Maritime, font appel à Campus vert pour s’implanter. Entretien avec Odile Colin, directrice de Campus Vert.

Odile Colin, directrice de l’association Campus Vert.
Odile Colin est directrice de l’association Campus Vert.

Qu’est-ce que Campus Vert ?

Odile Colin : « C’est la rencontre entre deux mondes qui peuvent sembler n’avoir rien à partager. Mais à travers le concept imaginé par la fédération des associations des fermes d’accueil en chambres d’étudiants, Campus vert répond à un double objectif : réhabiliter le patrimoine des campagnes et le valoriser tout en répondant à une demande forte de logements étudiants, notamment à la campagne, car oui des étudiants préfèrent vivre à la campagne ».

Comment est né le concept de Campus Vert ?

O.C : « C’était en 1995, à l’initiative de trois agriculteurs de la région de Béthune qui ont décidé de mettre des bâtiments inutilisés à disposition pour de la location étudiante. Ce territoire est un bassin d’environ 5 000 étudiants et forcément la question du logement est prégnante. Les agriculteurs se sont lancés dans l’aventure et Campus Vert a démarré en 1999. Aujourd’hui en Hauts-de-France, 19 villes universitaires ont leur campus Vert. 500 logements ont été réalisés et 100 autres sont en cours de réhabilitation ».

L’ambition est de développer le concept un peu partout en France ?

O.C : « Oui, l’association est devenue nationale en 2006. Nous sommes déjà implantés en Île-de-France, principalement en Seine-et-Marne et dans les Yvelines, ainsi qu’en Bretagne, autour de Rennes. Mais notre objectif est bel et bien de nous développer un peu partout en France. Dernièrement, le département de Charente-Maritime nous a sollicités ».

Vous sélectionnez aussi les exploitations ?

O.C : « Disons que le premier critère est que l’exploitation ne doit pas être à plus de 20 minutes d’un site universitaire. 70 % des étudiants locataires ont un véhicule personnel mais ça ne signifie pas que les étudiants sont prêts à s’éloigner au-delà de 20 minutes. D’autant plus aujourd’hui avec la flambée des coûts de l’essence. C’est mieux s’il y a un réseau de transports en commun. Beaucoup d’étudiants veulent se déplacer à vélo et peuvent très bien le combiner avec les cars ou les trains. Le second critère se situe sur le logement. Il ne doit pas être une nouvelle construction mais bel et bien un bâtiment déjà existant à réhabiliter ».

Quels sont les avantages pour les agriculteurs ?

O.C : « C’est un complément de revenus sans travail supplémentaire, si ce n’est à la réhabilitation du logement. Avec ce système, les agriculteurs contribuent aussi à créer ou amplifier le lien entre la ville et la campagne dans la convivialité. Certains proposent aux étudiants des repas, des prêts de vélo ou du covoiturage. En fonction de leur production certains proposent des paniers paysans. Nous les accompagnons dans le contrat de location et l’autre avantage pour eux tient dans notre centrale de réservation qui leur évite d’avoir à chercher des locataires ».

Et pour les étudiants ?

O.C : « C’est l’assurance d’un logement de qualité, meublé et équipé. Les prix sont modérés puisque la grille de loyer est toujours 20 à 30 % moins chers que le loyer moyen du territoire où l’on se trouve, notamment pour pallier les coûts des déplacements. Beaucoup recherchent l’espace, un petit jardin tout en étant à moins de 20 minutes de leur école ».

En savoir plus