EBE de Moulins-Engilbert
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Chloé Monget
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Le 6 décembre 2022, l'entreprise à but d'emploi (EBE) de Moulins-Engilbert voyait le jour. Avec 30 salariés, elle continue de se développer. 

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L'EBE de Moulins-Engilbert est propriétaire de l'immeuble situé place Beaumont.

« Nos actions sont focalisées sur le bassin de vie de Châtillon-en-Bazois, Moulins-Engilbert et Saint-Honoré-les-Bains » soulignent Marion Lamour, cheffe de projet de l’association Maclé (Morvan Aron comité local pour l’emploi) et Estelle Thiébaut, directrice d’Ôser l’entreprise à but d’emploi (EBE) du territoire Morvan-Aron.

Pour rappel, cette dernière s’inscrit dans l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée (https://www.tzcld.fr/). Dans ce cadre, l’EBE travaille conjointement avec une association destinée à recevoir toutes les personnes potentiellement éligibles à l’expérimentation, afin de valider leur éligibilité, de les accompagner dans leur projet professionnel tout en vérifiant la viabilité des projets de l’EBE. Lancée le 6 décembre 2022, l’EBE localisée à Moulins-Engilbert compte aujourd’hui 30 salariés, et devrait à terme (soit au bout de cinq ans) en accueillir environ 128. Afin d’atteindre cet objectif, Marion Lamour et Estelle Thiébaut ont de nombreuses idées.


Services actuels et à venir

Pour l’instant, l’EBE propose des services de préparation de chantier, les services aux agriculteurs (soins aux animaux, épierrage…), la conciergerie, de petits services (changement d’ampoules, peinture, raccommodage de boutons…), etc. Marion Lamour et Estelle Thiébaut détaillent qu’elles souhaiteraient aller plus loin : « Nous travaillons sur la mise en place d’une ressourcerie (pour avril), avec la récupération et la rénovation de mobilier ou encore de vêtement. Dans cette même veine, nous réfléchissons à la filière textile au travers du déploiement de la blanchisserie (pour mars) en complément de l’atelier de couture déjà existant. Nous avons également en ligne de mire la valorisation des textiles en filière longue via la récupération de tissus ne pouvant être vendus en l’état (pour septembre) ».

Mise en œuvre

Afin de parvenir à cela, Marion Lamour et Estelle Thiébaut expliquent que certains paramètres sont indispensables : « Nous n’imposons rien aux salariés, nous composons nos actions autour de leurs compétences, de leurs envies, de leurs conditions physiques et psychologiques. Le but de notre mission est de les accompagner pour renouer sereinement avec le monde de l’emploi. Sur ce point, le système est assez différent d’une entreprise lambda. En parallèle, nous devons répondre aux besoins du territoire afin d’avoir un développement cohérent et adéquat. En alliant ces deux volets, les personnes accompagnées peuvent retrouver une activité professionnelle adaptée, et les habitants des bassins que nous couvrons peuvent avoir accès à des services divers et variés, parfois inexistants jusqu’ici (jamais en concurrence, mais en complémentarité de l’activité existante). Tout cela forme une dynamique positive permettant de voir l’avenir dans nos territoires un peu autrement. En somme, nous devons nous adapter à la diversité des besoins en milieu rural et aussi à nos salariés ». Elles se rappellent d’ailleurs les débuts de l’EBE : « Le projet couvait depuis trois ans. De ce fait, les habitants se posaient de nombreuses interrogations. Grâce à l’investissement des salariés, l’activité est allée crescendo depuis décembre et les clients nous ont fait de bons retours. En plus de répondre à leurs besoins, nous sommes engagés dans une démarche de qualité de nos prestations depuis le début, c’est une de nos valeurs affichée et portée par l’équipe de l’EBE. D’ailleurs, pour nos clients, l’EBE est une entreprise comme une autre ».

Un engagement de tous

Pour elles, l’avenir de l’EBE ne tient qu’à une chose : l’engagement. « Que ce soit celui des habitants qui peuvent solliciter nos services, ou celui des salariés à mener à bien leur mission, il faut un attachement. L’un ne va pas sans l’autre. Dans les deux cas, il faut oser laisser une chance ». Ce dernier point résonne puisqu’elles détaillent : « Les EBE semblaient pour de nombreuses personnes des chimères. Mais, au fur et à mesure, elles ont prouvé leur efficacité. À notre échelle, nous avons accompagné environ 150 personnes depuis le début de l’aventure et la majorité à su rebondir – oser un nouveau modèle n’est pas forcément simple, mais nous pensons que nous avons tous à y gagner. Aujourd’hui, l’EBE apporte aussi des services qui se font rares dans les territoires ruraux, avec toujours un aspect humain qui prime ». Malgré leur enthousiasme, elles s’inquiètent pour la suite : « Nous verrons si l’avenir continuera de nous sourire, car finalement l’EBE est un choix sociétal peu aisé à prendre mais offrant des bénéfices inestimables ». D’ici là, les territoires Morvan-Aron et Pays luzycois, feront l’objet d’une étude autour de la « Justice alimentaire » afin de déterminer les actions les plus pertinentes à mettre en place sur ces territoires et où les positionner afin de faciliter leur accès aux salariés et aux habitants. Cette étude sera menée par des étudiants de Science Po Lyon. Les résultats devraient être dévoilés en 2024. Pour contacter l’EBE : ebe.oser@gmail.com ou 03 86 76 21 02.