Réseaux sociaux
Des liens du bout du doigt

Chloé Monget
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Presque incontournables aujourd'hui, les réseaux sociaux font aussi partie de la vie des jeunes exploitants. Des outils que Chloé Vincent s'applique à utiliser régulièrement. 

Des liens du bout du doigt
Chloé Vincent avec Thalia, vache de race Jersiaise, au  GAEC La Ferme de la Voie Lactée (anciennement la ferme du Pressoir) à Ourouër.

Installée depuis le 1er octobre avec sa sœur Amélie (Gaec La Ferme de la Voie Lactée, anciennement la ferme du Pressoir à Ourouër), Chloé Vincent, 24 ans, n’a pas attendu cette date pour s’investir dans les réseaux sociaux afin, notamment, de faire la publicité de la ferme familiale : « Que ce soit sur Facebook ou Twitter, je pense que depuis le Covid il est nécessaire de passer par cette étape pour se faire connaître du public, surtout lorsque l’on fait, comme nous, de la vente directe » indique Chloé Vincent. Mais avant d’en arriver là, il fallait bien un premier post.

Le premier clic

« J’ai démarré par Facebook lorsque j’avais 14 ou 15 ans car je voulais garder contact avec une amie qui changeait de région. Puis, au fur et à mesure, mes parents – exploitants – ont commencé à utiliser ce même réseau pour promouvoir leurs activités, notamment pour la vente directe des produits. Lorsque ma sœur, Amélie, est devenue salariée, elle a pris le relais pour les publications car elle était plus à l’aise avec cet outil. De temps en temps, je lui donnais un coup de main sur ce volet. Avec l’arrivée des restrictions sanitaires, Facebook a été notre lien avec la clientèle et nous nous sommes investis de plus en plus ; rendant son utilisation presque indispensable pour la vente ». Un peu avant la crise sanitaire, et plus précisément en 2016, elle s’inscrit aussi sur Twitter : « j’ai tout de suite apprécié ce réseau car leur algorithme me proposait des personnes à suivre ayant vraiment les mêmes centres d’intérêt que moi. Et, au fil des jours, j’ai vu de plus en plus d’agriculteurs y présenter leur quotidien. Cette initiative m’a semblé très sympathique tout en étant courageuse car se mettre en avant n’est pas toujours aisé d’autant plus pour nos professions souvent attaquées ».

De tweet en tweet

En parcourant les publications de ce réseau, elle découvre l’association France Agritwittos (ou #FrAgTw voir : https://franceagritwittos.com/) : « J’ai adoré leur manière de communiquer à la fois explicative, drôle et simple. En me renseignant un peu j’ai vu qu’en plus des posts sur les réseaux, ils se retrouvaient de temps en temps ; donnant vraiment envie de faire partie de cette dynamique ». Avec environ 24,8 K d’abonnés, plus de 9 000 tweets et 540 adhérents approximativement, l’association se compose « d’agriculteurs et para-agricole dans une même envie d’expliquer l’agriculture dans toute sa diversité » et se définit comme : « apolitique, asyndicale, animée par des bénévoles, l’association veut (re)créer du lien entre le monde agricole et la société générale ». Chloé Vincent explique : « Je ne sais pas ce qui m’a fait sauter le pas de l’adhésion à l’association, mais je me rappelle que c’était le 23 décembre 2022 ! ».

Depuis, Chloé Vincent comptabilise environ 760 abonnés à son compte et 32 257 tweets ! « Il faut s’amuser et prendre du plaisir à faire cela. Il ne faut surtout pas que cet engagement soit une contrainte car notre métier premier n’est pas communicant. Pour ma part, je ne m’impose pas de périodicité dans les publications. C’est un peu quand je veux » sourit-elle. Les sujets qu’elle aborde sont principalement son quotidien ou encore ses pratiques agricoles. « Nos manières de travailler, si elles sont évidentes pour nous, ne le sont pas pour tout le monde. Je pense qu’il est nécessaire d’être transparent afin que nos voisins et ceux habitants plus loin comprennent que nous faisons tout notre possible pour le bien-être de nos animaux ou même pour proposer des produits délicieux. Il faut aussi rappeler que nous sommes humains… car certains commentaires peuvent blesser ».

Rester humain

Parmi eux, Chloé Vincent en cite : « vous êtes des entrepreneurs de la mort », « j’espère que vous allez faire faillite ». « Nous faisons ce métier par passion, alors quand l’on voit ça, on a du mal à encaisser ». Pour surmonter cela, elle tente de répondre : « Si pour certains la compréhension se fait, pour d’autres c’est peine perdue car ils ne sont pas enclins au dialogue ». En parallèle, elle peut compter sur le soutien des #FrAgTw : « Nous discutons beaucoup pour nous donner des conseils que ce soit sur la gestion des commentaires mais aussi sur d’autres sujets comme les problèmes que nous pouvons rencontrer. Je ne pensais vraiment pas trouver des gens qui ont une place aussi importante dans ma vie via un simple clic ». Elle évoque un autre changement engendré par son implication : « Très timide, je suis sortie de ma coquille et la Chloé d’aujourd’hui n’est plus celle d’avant, et j’en suis ravie. Il ne faut pas avoir peur d’aller vers les autres, car finalement à leur contact on évolue beaucoup ». Cette métamorphose, sa sœur l’a aussi remarquée. Cette dernière raconte : « un jour je rentre dans la salle de traite et je la vois en chaussettes… après enquête, elle avait fait ça pour un post. Il est loin le temps de la Chloé qui faisait tout pour rester discrète, et tant mieux car avec ces petits moments, cela nous fait encore plus de souvenirs à partager ! ». Chloé conclut : « notre vie est assez compliquée comme ça, et si nous pouvons l’adoucir et faire pareil pour les autres avec une petite publication, il faut foncer. Une photo ou une vidéo ne coûte rien, alors autant la partager ». Pour suivre ses aventures, retrouvez Chloé Vincent ou @chlotaire_ (sur Twitter).