Maraîchage
Une enquête sur les conséquences des intempéries
La Chambre d'agriculture de la Nièvre a lancé une enquête sur les conséquences des intempéries pour les maraîchers le 20 juin ; voici les résultats.
Sous l’impulsion de Marie-Claude Masson, élue responsable du service Économie et Diversification à la Chambre d’agriculture de la Nièvre, une enquête sur les conséquences des intempéries a été réalisée auprès des maraîchers de la Nièvre, à partir du 20 juin. Marie-Claude Masson précise : « Il était indispensable de faire un état des lieux suite aux alertes que les maraîchers ont soulevées via nos échanges directs par rapport aux conditions climatiques difficiles. Nous sommes en liens très réguliers avec eux et nous devions agir sur ce point ». Ainsi, une soixantaine de professionnels, principalement des maraîchers diversifiés, ont été contactés par les conseillers de la Chambre d’agriculture de la Nièvre.
Au final, quelques-uns sont à jour dans les plantations mais la plupart ne le sont pas. En moyenne sur les deux dernières semaines de juin environ 120 à 130 mm de pluie sont tombés. Pour donner quelques exemples précis, ils annoncent : 160 mm du 17 juin au 30 juin dans le secteur de Maison-Dieu et 136 mm, du 14 au 21 juin, à la Baratte (Nevers). À cause de cette forte pluviométrie, des parcelles ont été inondées. Cela engendre également le pourrissement des plantes ou encore le développement de la rouille et de l’oïdium. 83 % des producteurs enquêtés annoncent avoir des pertes sur leurs productions. La majorité des producteurs détaillent ces pertes : 30 à 60 % de pertes sur les plants et 100 % de pertes sur les semis.
Les solutions ?
Une situation compliquée qui force les maraîchers à prendre des mesures (toutes les citations sont anonymisées) : « Je ne compte plus sur le maraîchage pour subvenir à mes besoins. Je dois travailler à l’usine en plus ». « Aurai-je des tomates cette année ? La conservation des légumes ne sera pas possible, bien trop humide. J’ai un mi-temps à côté… ». Marie-Claude Masson rebondit : « des situations exceptionnelles comme celle de cette année, engendrent des pertes de productions et donc de ventes. Cela influe forcément sur les revenus dégagés par les entreprises, et donc sur la viabilité des exploitations ». Pour sortir de cette situation, ils mettent en exergue des besoins sur le long terme comme l’établissement d’un fonds d’urgence à l’image de ce qui est mis en place lors des calamités sécheresse, un soutien et une écoute que ce soit au niveau des banques, de la MSA, du Conseil départemental ou encore des assurances. « Il faudrait une assurance abordable et spécifique au maraîchage, d’autant plus que certaines structures ne bénéficient pas des aides de la PAC » souligne Marie-Claude Masson.
Voir l’avenir
Enfin, ils évoquent une situation encore plus complexe en ce qui concerne les jeunes installés qui non seulement subissent ces aléas climatiques dans les premières années et donc n’ont pas forcément la trésorerie nécessaire pour y faire face. Marie-Claude Masson conclut : « pour toutes les installations en maraîchage, il est indispensable d’avoir une vision globale de son projet professionnel car la Nièvre est peu peuplée (200 000 habitants environ) et il faut en avoir conscience ; un département rural où beaucoup de résidents cultivent leurs propres jardins… Pour établir cette pertinence, il faut établir une étude de marché pour avoir une connaissance précise des potentiels débouchés à travailler, d’analyser ensuite les coûts de production (eau, matériels, main-d’œuvre, serres, tunnels ou encore semence et plants, etc.) et d’avoir une compétence technique réelle pour se lancer dans ce métier très complexe ou si cela n’est pas le cas d’avoir une formation de qualité pour l’atteindre. Enfin, avoir un apport financier ou foncier est une des clefs pour envisager plus sereinement une installation. Pour mémoire, dans notre département, il existe aussi des espaces tests qui recherchent des candidats ; solution possible pour accéder à des terres. Afin d’accompagner tous les porteurs de projets, la Chambre d’agriculture et ses conseillers, sont là pour eux, et ce pour toutes les productions confondues, conventionnelles ou biologiques sans distinction ! Malgré les conditions exceptionnelles de cette année, le maraîchage a bien un avenir dans notre département, mais si les installations sont faites avec pertinence ».
Des enquêtes du même type, par rapport aux aléas climatiques exceptionnels de cette année, pour les grandes cultures et l'élevage, toujours réalisées par la Chambre d’agriculture de la Nièvre, sont en cours.