Cocolodge
Une solution clé en main pour l'agritourisme

Églantine Puel
-

Lancée l’an dernier, l’entreprise Cocolodge, derrière laquelle se cache Coralie Tricart, propose aux agriculteurs des « tiny houses » et cabanes clé en main à installer chez eux pour développer facilement une activité d’agritourisme.

Une solution clé en main pour l'agritourisme
Coralie Tricart propose des cabanes équipées d'un toit ouvrant. Une immersion totale dans la nature. (Crédit : Cocolodge).

Si l’agritourisme connaît un certain succès en France, notamment depuis la crise sanitaire, il est des agriculteurs qui n’osent pas se lancer. Pas de temps à y consacrer, pas la place, pas de lieux adaptés, pas les fonds…

Face à cette situation, Coralie Tricart, 28 ans, a peut-être trouvé la solution : des logements clé en main à poser dans sa propriété.

Pas besoin de partir loin pour voyager

Originaire du Nord, Coralie Tricart commence ses études à Lille avant de partir en école de commerce à Toulouse. Elle remonte ensuite à Paris, où elle travaille d’abord dans une start-up en tant que cheffe de projet, puis dans une autre start-up, où, cette fois, elle aide des agriculteurs à financer leurs projets via des opérations de financements participatifs.

« C’est là que l’idée à commencer à germer dans ma tête. Familialement, je ne viens pas du monde agricole, donc c’est vraiment ce travail qui m’a sensibilisée à ces questions d’investissements et de diversification », raconte la jeune femme. Coralie Tricart constate que l’agritourisme est en plein essor, mais que certains agriculteurs émettent des réserves pour se lancer. Elle observe également que ce sont des amoureux de leur territoire et qu’ils ont beaucoup à transmettre. « Il y a aussi eu des copains qui me racontaient leurs voyages à l’autre bout du monde. Je me souviens notamment d’un qui m’a expliqué qu’il était parti dans les pays du nord de l’Europe voir des phoques… Mais des phoques, moi je sais qu’il y en a dans la baie de Somme ! »

Le covid la fait cogiter et Coralie Tricart part en 2021 à la rencontre des agriculteurs avec cette idée de logements clé en main en tête, mais aussi avec l’envie de recueillir les attentes du terrain. Cocolodge était né.

Tiny houses et cabanes

« J’ai tout de suite eu l’idée de proposer des logements insolites et qui s’inscrivent dans du tourisme durable. J’ai eu un coup de cœur pour les tiny houses (comprenez des "mini-maisons") », se souvient-elle.

Celles-ci font entre 15 et 20 m2, avec une prise au sol de 10 m2. Elles peuvent accueillir deux adultes et un enfant, possèdent une cuve d’eau (seule chose dont les agriculteurs ont la charge) et des panneaux solaires, ainsi qu’une cuisine. À l’intérieur, salle de bains, toilettes sèches, petite cuisine, une chambre en mezzanine et un canapé.

« Elles sont fabriquées par ''La tiny française'', à Lille, avec du bois français et des matériaux recyclés quand cela est possible. Par exemple, l’isolation est faite à partir de jeans et les meubles avec des bouchons de bouteilles. C’était quelque chose d’important pour moi d’aller au bout de cette démarche de tourisme plus responsable ». Pour plus de praticité, les tiny houses peuvent être facilement déplacées et ainsi s’adapter aux activités agricoles.

Coralie Tricart propose aussi des cabanes. Plus rustiques, « juste la place pour un lit de deux places » et un espace de rangement dessous, elles ont néanmoins le grand avantage d’avoir un toit ouvrant (fait avec des tables de ping-pong) et de grandes portes, permettant d’avoir l’impression d’être vraiment « dans » la nature (des toilettes sèches sont à côté). Elles sont fabriquées à Villeneuve-d’Ascq (59) par l’entreprise Hut’Op et sont démontables, là aussi pour s’adapter aux rotations des exploitants.

Concrètement, les agriculteurs ont le choix entre deux options : acheter le logement insolite ou pas. Dans les deux cas, l’agriculteur perçoit un pourcentage du prix de la nuitée : 40 % s’il est propriétaire et 19 % si non. De son côté, Coralie Tricart gère les réservations, la blanchisserie, le ménage, la gestion des clés… Bref, la conciergerie.

« Je suis toujours en discussion avec eux quant à leur emploi du temps. Au moment de l’installation, je viens sur place pour qu’on discute ensemble de(s) l’emplacement(s), de leur activité, etc. L’objectif est que cela s’intègre facilement dans leur quotidien », rassure la jeune femme.

Le sens du partage

De leur côté, les agriculteurs doivent s’engager sur 12 mois minimum et sont invités (quand cela est possible) à proposer une activité à partager avec leurs hôtes. Visite d’exploitation, démonstration, atelier… Cette activité en plus, rémunérée à 100 % pour l’agriculteur, fait partie de l’expérience pour Coralie Tricart.

« Les agriculteurs ont beaucoup de choses à partager, des savoir-faire à communiquer… Avec cette solution clés en main, ils pourront avoir ce temps avec leurs hôtes », sourit Coralie Tricart. Pour elle, l’objectif est aussi « d’offrir une possibilité de diversification facile aux agriculteurs et un moyen de créer du lien social avec le grand public. On a beaucoup à apprendre d’eux. Il y a tellement de choses qu’on ne sait pas : comment on produit du lait, on fabrique de la bière… » Pour 2023, deux agriculteurs se sont déjà lancés dans l’aventure : Henri Haquin dans l’Oise (une tiny house et une cabane) et Stéphane Fautrat dans le Loiret (une tiny house). Mais Coralie Tricart a de l’ambition et espère voir pousser des petites maisons partout en France.