Autonomie Protéique
Quel bilan pour le projet Filoléma ?

Berty Robert
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Filolema est un projet qui a été mené en Bourgogne Franche-Comté, par le pôle régional d’innovations en agroécologie Agronov. Il portait sur différentes expérimentations agronomiques destinées à faire émerger des pistes d’accroissement de l’indépendance protéiques pour les éleveurs.

Quel bilan pour le projet Filoléma ?
La luzerne est l'une des pistes qui ont été largement abordées au sein du projet Filolema.

C’est au pôle régional d’innovations en agroécologie (Agronov), à Bretenière, près de Dijon qu’a été dressé récemment le bilan du projet s’inscrivant dans le cadre d’un Partenariat européen pour l’innovation (PEI) Filolema. Ce projet tentait de répondre à cinq objectifs : apporter une réponse aux besoins d’indépendance en protéines végétales locales pour l’alimentation animale, créer de la valeur ajoutée supplémentaire à la production de luzerne ou de trèfle violet, mieux s’adapter au changement climatique, intégrer des acteurs régionaux intéressés, et développer des filières de proximité à co-construire par la suite. Le tout, en priorité autour de la production laitière bovine. Ce projet s’inscrivait dans un cadre agricole et réglementaire plutôt favorable au développement de la luzerne et du trèfle violet. Il prenait aussi en compte le contexte de fluctuation et d’augmentation des prix des intrants et des protéines achetées et importées. Enfin, le caractère de plus en plus strict des cahiers des charges dans les différentes filières était aussi un argument pour réfléchir à cette question.

L’intérêt du fractionnement

Pour les acteurs agricoles, ce que révèle Filolema, c’est d’abord l’intérêt de réduire une dépendance protéique vis-à-vis de produits importés. Il y a aussi une logique de préférence envers des aliments - matières premières locales ou, du moins, françaises, ou encore la possibilité de s’affranchir totalement du maïs en conditions séchantes. Enfin émerge aussi la possibilité de récoltes fractionnées pour les graniculteurs. À l’inverse, il faut reconnaître un certain confort dans le recours au système additionnait le maïs, le soja et l’herbe, le fait également que, dans les rations, la luzerne est encore peu utilisée. Les récoltes fractionnées réclament aussi une technicité nouvelle, pas forcément bien maîtrisée par les agriculteurs qui vont devoir se l’approprier.

Quatre démonstrations

Dans le cadre du PEI, quatre démonstrations ont eu lieu en septembre dernier à Germigney, dans le Jura, Fromenteau, en Côte-d’Or, Sauvigny-le-Bois, et Guillon-Terre-Plainelaine, dans l’Yonne. À l’issue des expérimentations menées, il ressort que les retours sont globalement positifs sur la pratique du fractionnement. Toutefois les agriculteurs estiment qu’il serait bon que les récoltes fractionnées puissent être opérées par un tiers (éleveurs, organisations) et qu’ils n’aient pas à stocker. Ils aimeraient aussi pouvoir disposer des données nutritionnelles pour ruminants de l’Inrae, afin d’améliorer et de consolider, pour les monogastriques. Le souhait est aussi d’évaluer l’intérêt économique selon les conditions de chacun, en prenant pour base les charges.