Élevages allaitants
L'idée d'inséminer soi-même

AG
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Un éleveur du village de Chazilly évoque une récente formation de la Chambre d’agriculture et qui avait pour but d’inséminer soi-même ses bovins.

L'idée d'inséminer soi-même
Franck Jeannin partage son ressenti et ses motivations.

« Certains le font et le font même très bien… Pourquoi pas nous ? » : sept Côte-d’oriens viennent de se former dans le but d’inséminer eux-mêmes leurs bovins. « Ce rendez-vous était proposé par la Chambre d’agriculture avec l’intervention d’Olivier Vuillet, conseiller en génétique et insémination artificielle », informe Franck Jeannin, éleveur à Chazilly près de Pouilly-en-Auxois. Une partie théorique s’est notamment intéressée à l’anatomie de l’appareil génital de la vache, « très complexe » selon l’éleveur côte-d’orien : « je me suis rendu compte que je ne connaissais pas grand-chose dans le domaine… Des notions assez pointues sont pourtant nécessaires si nous voulons pratiquer. Lors de l’insémination, il faut être très calme, en parfaite osmose avec l’animal et agir avec une grande précision afin d’éviter toute blessure, sous peine d’être totalement contre-productif… ». Une partie pratique s’est ensuite déroulée en exploitation, avec divers exercices proposés sur des animaux vivants.

Motivations diverses

En Gaec avec son frère Julien, Franck Jeannin fait inséminer 30 % de ses femelles, soit environ 40 génisses et près d’une cinquantaine de vaches : « cette proportion va augmenter à l’avenir. Nous avons des vêlages très regroupés, et donc des saillies très regroupées elles aussi : dans ce cas de figure, la monte naturelle montre ses limites car le ou les taureaux ont du mal à suivre, avec parfois des blessures qui n’arrangent rien. Réaliser soi-même l’insémination présenterait plusieurs avantages. Une autonomie dans cette tâche nous permettrait d’intervenir à des moments plus ciblés, le matin ou le soir, avec peut-être de meilleurs résultats, sans bien sûr dénigrer l’excellent travail réalisé à ce jour par notre inséminateur… Des collègues éleveurs qui inséminent eux-mêmes sont très satisfaits. Cela m’a donc donné envie d’essayer. Cela représente forcément du travail supplémentaire, mais quand l’inséminateur est là, je suis là aussi… Être autonome dans cette tâche générerait aussi des économies, d’autant plus importantes si nous augmentons la part des IA. Aujourd’hui, la facture est d’environ 4 000 euros par an. Savoir inséminer serait aussi une satisfaction personnelle. Nous faisons prélever un certain nombre de taureaux que nous partageons entre plusieurs éleveurs : ce serait l’occasion de mieux valoriser nos doses et notre travail ».

Pas encore prêt

Les deux jours de formation proposés ne suffisent bien évidemment pas pour devenir pleinement opérationnel, Franck Jeannin en a pleinement conscience : « il s’agit d’un premier pas. Il faudra beaucoup d’entraînements pour y parvenir. Une troisième journée est d’ores et déjà calée à l’automne, j’y serai. D’ici là, je vais m’équiper du matériel nécessaire et me tester sur des vaches d’engraissement. Une chose est sûre, je ferai encore appel à l’inséminateur l’année prochaine, je me donne deux ou trois campagnes pour voir. Il faut se sentir et gagner progressivement en confiance. Quoiqu’il arrive, je ne regretterai pas d’avoir suivi cette formation ! ».

 

Témoignages

Stéphane Léger (Villargoix) : « J’ai moi aussi participé à cette formation, celle-ci a été très intéressante et instructive. Le métier d’inséminateur est plus compliqué qu’il n’y paraît ! Les gestes à réaliser sont très techniques. Forcément, avec ces deux jours de formation, nous ne pouvons pas prétendre faire aussi bien qu’un professionnel qui, lui, se forme en cinq mois… Il faudra beaucoup d’entraînements pour bien maîtriser la technique. Je m’entraînerai sans dose sur des vaches de réforme et sur des vaches en chaleur, en dehors des périodes d’accouplement. En fin d’année, je participerai volontiers à la journée de perfectionnement proposée par la Chambre d’agriculture. Mes motivations pour inséminer moi-même ? Le côté connaissances techniques et performances, avec la possibilité d’intervenir aux moments les plus opportuns. Il y a également la partie économique, avec des économies à la clé ».

Nicolas Noireaut (Meilly-sur-Rouvres) : « Il y a environ douze ans, j’avais participé à une formation sans doute similaire à celle-ci. Je m’étais beaucoup exercé, moi aussi, sur des vaches grasses et sans dose, avant de passer véritablement à l’action aux mois de février et mars suivants. Je réussissais l’exercice sur des vaches, mais beaucoup moins sur les génisses qui, elles, ont un tout petit col. L’inséminateur est donc encore venu chez moi pendant deux années de suite inséminer ces jeunes animaux. La troisième année, j’étais pleinement opérationnel. Au début, nous mettons sans doute deux fois plus de temps qu’un professionnel et les résultats sont forcément moins bons, mais tout est rapidement rentré dans l’ordre par la suite. Aujourd’hui, j’insémine une bonne centaine de femelles, je suis autonome et j’interviens quand je le veux, ou plutôt quand il le faut ! ».

 

2eme photo
Des exercices pratiques étaient proposés lors de la formation.