Maraîchage
S'adapter encore et toujours

Chloé Monget et Judith Nagopaé (CA 58)
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Le 9 janvier, la Chambre d’agriculture de la Nièvre organisait un bilan maraîchage de la campagne 2023 et le lancement de celle de 2024, avec dégustation des pommes de terre issues des essais de variétés.

S'adapter encore et toujours
Une dégustation des pommes de terre issues des essais était proposée, en frites et cuites vapeur.

Une dizaine de maraîchers étaient présents dans les locaux de la Chambre d’agriculture de la Nièvre (CA 58), le 9 janvier, pour le bilan maraîchage de la campagne 2023.

Ainsi, un bilan agro-climatique de l’année (pluviométrie et températures minimales/maximales) a été fait avec un point, en image, sur les diverses maladies et ravageurs rencontrés durant cette période. Afin d’offrir des leviers aux exploitants concernés pour 2024, les formations dédiées ont été présentées (transformations, réglementation, etc. - voir agenda en fin de journal) ainsi que les projets en cours. Pour conclure la rencontre, les résultats des essais (carottes et pommes de terre) ont été mis en exergue.

L’excès marque 2023

Judith Nagopaé, conseillère productions légumières à la CA 58, détaille : « la campagne 2023 fut l’année de tous les excès car elle fut marquée par une grande amplitude thermique avec des gros écarts niveau pluviométrie. Ces deux facteurs, alliés à une humidité très importante, ont eu un impact indéniable sur l’apparition de maladies (cul noir notamment et mildiou sur certaines exploitations) ou la prolifération précoce des fourmis qui favorisent la présence de pucerons sous-abris. De plus, ces éléments ont compliqué, pour certains exploitants, l’implantation et la récolte des productions ». Jean-Marie Lambert (Potager d’ici à Nevers), présent lors de la réunion, rajoute : « il y a une grosse disparité de pluviométrie parfois à seulement quelques kilomètres. Il en va de même pour les températures » et d’Aurélie Jacquot (Gaec des Fourmis à Rouy) de poursuivre : « entre collègues, selon la situation géographique, nous avons eu jusqu’à trois semaines d’écart dans le développement des légumes, plus on s’éloigne des bords de Loire en allant vers le Morvan plus les conditions sont tardives mais en contrepartie ils produisent plus tard dans la saison ». Judith Nagopaé précise : « Avec les tournées de parcelles hebdomadaires, nous pouvons affirmer que les attaques de taupins, jadis concentrées sur les pommes de terre, se sont généralisées aux autres cultures cette année (carottes, tomates, cucurbitacées, salades, …) ; idem pour les punaises phytophages. Il faudra donc apporter une attention particulière pour 2024 sur ces bioagresseurs ».

Pour l’avenir

Pour les exploitants présents lors de la présentation, ce bilan met en avant un élément : « depuis trois à cinq ans, les années ne se ressemblent pas du tout, nous forçant encore plus à ajuster nos choix en fonction de ce qui se présente. De ce fait, l’activité maraîchère devient de plus en plus complexe à maintenir dans la Nièvre surtout pour le plein champ ». Judith Nagopaé acquiesce : « il est évident que l’installation de serres et d’un système d’irrigation sont des éléments indispensables pour une gestion plus contrôlée de la production, ce qui impact forcément le coût de production et/ou d’installation ». Martin Bloch renchérit : « Nous avons de plus en plus de demande d’installation en maraîchage. Néanmoins, nous restons vigilants à ce que ces projets soient viables techniquement, économiquement et socialement (temps de travail, condition physique, etc.). En effet, la production maraîchère reste un travail difficile et notre objectif est de pérenniser ces installations. Dans cette optique, il nous semble nécessaire d’avoir une attention particulière sur la structuration de la filière dans notre département via, notamment, l’instauration d’outils ». Parmi eux, il évoque les réflexions autour d’une plateforme logistique : « pour faciliter les déplacements de produits, pour, entre autres, l’approvisionnement des établissements scolaires dans le cadre des PAT (plans alimentaires territoriaux) qui existent dans la Nièvre. Mais, pour que ce projet soit pertinent il doit être logique et adapté aux besoins ». Pour le moment, aucun calendrier précis n’a été dévoilé pour ce sujet.

Tenter pour choisir

Enfin, les essais notamment financés par des fonds publics régionaux (1) ont été détaillés. Judith Nagopaé est passée rapidement sur ceux concernant le pilotage de l’irrigation sur carottes de pleins champs avec stations météo connectées, sondes tensiométriques/capacitives, moniteurs et logiciels… « Nous avons conscience que cela ne peut pas s’appliquer à tous les exploitants, mais nous espérons qu’ils pourront aider à gérer la ressource en eau surtout à l’heure où les variations pluviométriques sont de plus en plus importantes sur une même année et par conséquent apporter des pistes de travail à l’ensemble de la profession. N’oublions pas non plus le coût de l’électricité qui est peut-être une motivation supplémentaire pour réaliser des économies ». S’en sont suivies les explications sur les essais de pommes de terre réalisés sur 10 variétés dans cinq sites nivernais : Rouy (au Gaec des Fourmis), Pougny (chez Stéphane Simon), Nevers (chez Christophe Soleilhac et au Potager d’ici) et Chevenon (chez Aurélien et Jean-Christophe Caquard). « Pour les essais, nous avons des résultats parfois très différents en fonction des sites et donc ressortir un top 3 des variétés est impossible tant les paramètres à prendre en compte sont nombreux : type de sol, pluviométrie, situation géographique etc. ». Les exploitants ayant participé insistent : « il est toujours profitable de voir les différences de rendements entre les variétés selon les types sols et les dates d’implantation ». Judith Nagopaé stipule : « Si ce genre de tests vous intéressent, nous les poursuivrons l’an prochain » et d’ajouter : « Nous pouvons aussi élargir à d’autres légumes si cela vous semble opportun ». Pour conclure la rencontre, une dégustation de huit variétés (en frites et cuites vapeur) était proposée, les exploitants réagissent : « goûter nous donne encore plus d’informations pour effectuer notre sélection variétale ».


(1) Les essais, cette journée, et l’ensemble des actions dues à l’activité maraîchage sont en grande partie financés par le Conseil régional BFC.
Le club des dix
Le suivi en conservation de pommes de terre a été présentée, comme ici sur la variété Colomba.

Le club des dix

Les dix variétés de pommes de terre implantées par la Chambre d’agriculture de la Nièvre sont : Alouette, Blanche, Château, Constance, Écrin, Étincelle, Lanorma, Maïwen, Minette et Twister ; plus deux variétés supplémentaires implantées uniquement sur les produits en AB Twiner et Aztec Gold.