Risque incendie
Sapeurs-pompiers et Chambre d'agriculture veuelent travailler ensemble

Berty Robert
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Alors que les moissons viennent de démarrer en Côte-d’Or et que nous traversons une période caniculaire précoce, la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or et les pompiers du département veulent mettre en place un partenariat destiné à mieux prévenir les feux de cultures.

Sapeurs-pompiers et Chambre d'agriculture veuelent travailler ensemble
(de gauche à droite) : Julien Duthu, agriculteur à Saint-Seine-l'Abbaye et sapeur-pompier volontaire, le capitaine Jérôme Theurel, qui commande le Centre d'incendie et de secours de Dijon Est, et l'adjudant Jean-Noël Brulé, formateur sur les feux de forêt et d'espaces naturels.

Dans le Calvados, où, il n’y a pas si longtemps, il dirigeait le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS), Régis Deza conserve le souvenir impressionnant d’une série d’incendies simultanés qui, en quelques heures, avaient détruit 1 600 hectares de cultures. Des feux d’une telle ampleur avaient poussé les sapeurs-pompiers à l’extrême limite de leurs capacités opérationnelles et cela, c’est le cauchemar d’un directeur de SDIS. Un cauchemar qu’il ne souhaite en aucun cas revivre en Côte-d’Or, où il occupe aujourd’hui cette même fonction, depuis près d’un an. C’est la raison pour laquelle les sapeurs-pompiers du département ont décidé de se rapprocher de la Chambre d’agriculture, à l’approche d’un contexte qui impose la plus grande vigilance : les moissons viennent de démarrer en Côte-d’Or, qui plus est dans une période météorologique marquée par un épisode de canicule et tout cela dans des champs soumis depuis plusieurs semaines à un certain niveau de sécheresse. Tout est donc potentiellement en place pour que le risque d’incendie de culture soit maximum.

De nouveaux équipements

Le pire, heureusement n’est jamais sûr, à condition que pompiers et agriculteurs se coordonnent pour le limiter. Cela passe par des mesures de prévention et des bons réflexes lorsqu’il s’agit de donner l’alerte. « Dans les années 50, explique le capitaine Jérôme Theurel, responsable du Centre d’incendie et de secours de Dijon Est et conseiller technique départemental sur les feux de forêt, les champs étaient plutôt des zones qui favorisaient l’arrêt d’incendies de forêts mais depuis, avec l’évolution du climat, les cultures plus sèches contribuent, au contraire, au déploiement plus rapide des feux ». Le SDIS 21 s’est équipé, ces dernières années, de nouveaux équipements plus adaptés à la lutte contre ces feux d’espaces naturels. Les liens plus étroits que le SDIS 21 et la Chambre d’agriculture veulent lier permettent de diffuser des conseils destinés à limiter les conséquences d’un feu en cours de moisson (voir encadré). L’idéal sera évidemment d’éviter le déclenchement de tout incendie et, pour cela, il existe des outils numériques qui peuvent être utilement mis à profit : Météo France a développé des cartes d’anticipation du risque incendie, cartes que les sapeurs-pompiers ont la possibilité de consulter et grâce auxquelles ils pourraient alerter les agriculteurs, par le biais de leurs smartphones, comme cela existe déjà sur l’état des cultures.

Des incendies d’une puissance croissante

La prévention passe aussi par une intervention des sapeurs-pompiers dans le cadre du dernier bureau de Chambre d’agriculture, le 13 juin, et par la diffusion d’un flyer numérique qui reprend les conseils de base. « Le risque lié à la période de moisson, poursuit Jérôme Theurel, c’est que les champs arrivent quasiment tous à maturité au même moment, ce qui multiplie le risque de départs d’incendies simultané, qui pourraient nous placer dans de grandes difficultés pour déployer des moyens de luttes suffisants partout où cela serait nécessaire ». La violence et la puissance de certains de ces incendies sont telles qu’ils génèrent parfois leur propre météo. Dans ces conditions, l’efficacité dans l’action se complète du souci constant de la préservation des personnels et des équipements. Le SDIS de Côte-d’Or dispose notamment de camions 4x4 transportant 4,5 tonnes d’eau, équipés de buses sur leurs arceaux, permettant un arrosage et une auto-protection dans le cas où le véhicule se retrouve cerné par les flammes. « De manière générale, souligne Jérôme Theurel, ces interventions mobilisent beaucoup de moyens. Il est donc très utile de pouvoir prévenir ces incendies ou d’en limiter au maximum l’ampleur ». N’hésitez pas également à vous rapprocher du SDIS 21, toujours à la recherche de sapeurs-pompiers volontaires.

En période de moisson, la chaleur dégagée par les engins agricoles ou le risque de création d’étincelles en heurtant des pierres avec les barres de coupe incitent à appliquer quelques mesures de prudence :

-disposer d’un extincteur dans son tracteur ou sa moissonneuse, qui peut permettre de tuer le feu dans l’œuf

-entamer la moisson en coupant la parcelle en deux, ce qui limitera le risque d’une généralisation de l’incendie à tout un champ

-moissonner en priorité les bords du champ afin d’éviter la propagation des flammes

Agriculteur à Saint-Seine-l’Abbaye, Julien Duthu fait partie des 450 sapeurs-pompiers côte-d’oriens (sur un total de 2000), qui sont formés au risque spécifique du feu de forêt. Il exerce en polyculture-élevage et cultive 300 hectares sur Saint-Seine-l’Abbaye, Sombernon, Fresnois et Lamargelle. Son activité est à 90 % céréalière. Il cultive également un peu de safran et de houblon, complété par un élevage d’engraissement de génisses charolaises. Installé depuis 2009, il a lui-même été confronté à des incendies de culture. « En tant que pompier volontaire, je suis déjà intervenu chez des collègues agriculteurs pour des feux de cultures ». Être formé aux feux de forêt implique la prise en compte de nombreux éléments, notamment la nature des éléments végétaux pris dans le feu et qui peuvent influer sur sa progression et sa puissance. Il faut aussi faire attention au vent, apprendre à « lire » un feu lorsqu’on arrive sur un lieu d’intervention.