Les élèves en BTS ACSE du Legta Nevers-Challuy ont présenté les résultats de leur enquête sur la transmission le 24 mai dernier : entre constats et idées d'évolution. 

Enquête sur la transmission
Les résultats de l'enquête furent présentés par les élèves de BTS ACSE à tour de rôle devant notamment le président de la Chambre d'agriculture de la Nièvre ou celui de la Chambre d'industrie et du commerce, présents pour l'occasion.

Insufflée par le Legta Nevers-Challuy, l'enquête sur la transmission, réalisée par les élèves de BTS ACSE, leur a permis d'effectuer « un travail concret de technicien en s'appuyant sur un suivi expérimental de l'exploitation du lycée et menant à bien, de A à Z, une étude. Tout cela s'est fait en lien avec la Chambre d'Agriculture de la Nièvre (CA 58) avec qui nous travaillons régulièrement » souligne Stéphanie Moulin, Enseignante en gestion et coordinatrice du BTS ACSE. 

Base et regrets 

Avec un fichier transmis par la CA 58, les élèves ont contacté 468 agriculteurs soit par mail, soit par téléphone. Stéphanie Moulin précise : « l'étude réalisée en février tombait sous le coup des restrictions sanitaires, et les élèves regrettent de ne pas avoir pu se rendre directement dans les exploitations pour interroger l'échantillon ». Ainsi sur ces 468 exploitants, seulement 71 réponses ont été récupérées dont deux n'ayant pas rempli le questionnaire dans sa totalité. « Nous regrettons de ne pas avoir eu plus de retour, car de ce fait, nous pensons que les résultats peuvent ne pas être tout à fait représentatifs de la situation » stipulent les élèves en préambule. 

Conclusions 

Avec cette base divers axes ont été suivis, et ont permis d'aboutir à quelques conclusions. Parmi elles, les élèves ont mis en avant que la majorité des cédants ne connaissent pas la DICCA ou Déclaration d'intention de cessation d'activité agricole, qu'ils transmettent majoritairement à un membre de leur famille, que l'inscription au RDI (ou répertoire Départ Installation) n'est pas envisagée, que les réunions publiques sur la transmission sont plus que moyennement appréciées ou encore que la prestation proposée par la Chambre d'agriculture pour établir un diagnostic transmission est trop onéreuse. 

Les propositions 

Afin d'aller un peu plus loin dans l'analyse, les élèves ont établi des propositions pour rendre la transmission plus fluide. Ils ont proposé la réduction du temps des formations pour la transmission à une journée ou une demi-journée ou la mise en place de formations ciblées sur des thèmes précis (juridique, économique, etc.), l'organisation d'un forum sur la transmission permettant aux exploitants d'avoir des informations générales tout en ayant la possibilité d'avoir des temps d'échanges individuels avec les divers organismes (MSA, Chambre d'Agriculture, etc.)... 

Les freins 

Suite à la présentation, un temps d'échanges était prévu entre les élèves et les participants. Les débats se sont principalement axés sur la difficulté à aborder la transmission pour des causes sentimentales notamment. Didier Ramet, président de la Chambre d'Agriculture, a souligné que cela passait notamment par le fait d'avoir son habitation au coeur de la ferme, rendant la cession plus personnelle que professionnelle. Martin Bloch, chef du service économique des entreprises à la CA 58 rebondit : « la question de la valeur patrimoniale et économique se pose comme un vrai problème car il y a souvent un fossé entre les deux » avant de poursuivre : « à cela s'ajoute un autre paramètre. Dans la Nièvre, contrairement aux départements limitrophes, il y a une certaine pudeur autour de la cessation et de la transmission. Les cédants ne veulent pas en parler et retardent l'échéance, sauf que cela n'est pas se rendre service puisqu'une transmission se prépare au moins 1 an à l'avance à grand minima ! ». 

Les outils 

En plus du diagnostic transmission proposé par la CA 58, Anne-Lise Segaud, animatrice à la Fédération des Cuma, à rappelé que les Cuma proposaient, elles, des estimations en cours de route sur le matériel : «  un outil de plus pour savoir où on en est ». Un autre moyen de soutien a été mis en avant par la CA 58 : le PAT ou Point Accueil Transmission, qui, comme son homologue pour l'installation (PAI), permet de trouver des renseignements pour ses démarches administratives. 

Les installations 

Pour faire le lien avec les prochaines installations de certains des élèves, la pénurie de repreneur a aussi été évoquée par l'assemblée, avec comme points centraux à cette réticence : la grandeur des exploitations puis, par ruissellement, le manque de vie familiale et sociale qui peut découler d'une charge de travail trop importante. Le coût des reprises a également été mentionné comme un frein, de même que l'attractivité du territoire ou l'accès aux soins. Didier Ramet conclut sur un conseil : « Gardez toujours votre sociabilité et un esprit d'analyse. Il faut conserver une certaine distance pour prendre les bonnes décisions, ce qui est assez compliqué quand on est pris dans le tourbillon du quotidien. Vous êtes le futur de l'agriculture, nous avons toute confiance en vous pour réussir à la faire rayonner encore, même si elle doit se métamorphoser une nouvelle fois »

 

Qu'est-ce que la DICCA ?

La DICCA ou Déclaration d'intention de cessation d'activité agricole est un document permettant, comme son nom l'indique, de déclarer son intention de cesser son exploitation. Cette déclaration est obligatoire et doit se faire, sauf cas de force majeure, au moins 3 ans avant son départ prévu en retraite. L'administration stipule : « Il doit indiquer si elle va devenir disponible, en transmettant à la chambre d'agriculture dont il dépend une déclaration d'intention de cessation d'activité agricole (DICAA) ou présenter un document équivalent dans le cadre d'une reconversion professionnelle ».