Essais

Blé tendre d'hiver : vers quoi s'orienter

Au total, 15 variétés de blé tendre d'hiver étaient présentées par l'équipe Productions Végétales de la Chambre d'Agriculture de la Nièvre, avec l'intervention de Luc Pelcé, ingénieur régional Arvalis en Bourgogne-Franche-Comté, venu depuis Dijon pour l’occasion. Ainsi, c'est sur l'exploitation d'Etienne Gauthier à Beaumont-Sardolles que le rendez-vous était fixé.

Retour aux bases 

Avant de démarrer, brève introduction par Luc Pelcé qui a tenu à souligner qu'après deux années de restrictions sanitaires : « c'est un plaisir de retrouver les agriculteurs sur le terrain, là où tout se passe » avant d'ajouter : « nous avons pour objectif aujourd'hui de préparer les choix variétaux en blé pour les semis de l’automne 2022. Nous faisons des paris sur l'avenir dans un contexte plus qu'instable et bourré de contraintes. Dire que nous avons LA solution ne serait pas honnête, car nous ne l'avons pas. Nous sommes là pour échanger et tenter de prévoir la stratégie la plus adaptée pour l'avenir en accord avec la volonté ainsi que les conditions économiques de chacun – puisqu'au final c'est l'exploitant qui reste le décisionnaire final ! ».

Commentaires en bref 

Afin de s'appuyer sur des exemples concrets, 15 variétés de blé tendre d'hiver étaient mises en lumière. « Certaines n'ont pas des caractéristiques notables, voire ne mérite plus notre attention ». Du côté des variétés récentes, RGT Letsgo a montré un rendement quelque peu irrégulier « sinon elle n'est pas mauvaise, mais chacun son choix ». Il poursuit avec un focus sur Providence : « sortie en 2019, elle devient sensible à la rouille brune, au piétin verse ou encore à la septoriose». De son côté RGT Tweeteo est qualifiée par Luc Pelcé « d'originale » puisqu'il « s'agit de la première variété de blé avec une tolérance à la JNO. Mais, c'est bien une tolérance dont il est question et non une résistance ! De ce fait, il n'est pas envisageable que tout le monde s'en empare car, par ruissellement, elle perdrait naturellement ce gène de tolérance ». Puis, il s'arrête sur « LG Absalon qui offre un rendement de moins en moins bon vis-à-vis de la concurrence mais qui reste une variété intéressante grâce à sa tolérance globale aux maladies et en particulier la septoriose. Néanmoins, on commence à trouver de la rouille jaune donc là encore, chacun son choix... ».  Du côté des inscriptions de l’an dernier, donc en 2021, Luc Pelcé revient sur Junior : « avec un rendement correct, elle a néanmoins une sensibilité moyenne à la septoriose ». Enfin il évoque Winner : « cette variété est arrivée en France en s’inscrivant en Italie. Elle présente une sensibilité au piétin verse, au chlortoluron, à la verse, l'oïdium et à la fusariose des épis. Là encore, chacun son choix ».

Celles qui ont retenu l'attention 

Luc Pelcé s'est attardé plus longuement sur les variétés à envisager pour les prochains semis. « LG Arlety est une nouveauté 2022 qui reste équilibrée. On peut la considérer même si son rendement est moins intéressant que celui de Chevignon. Cette dernière reste pour sa part un incontournable, malgré sa relative tardivité, donc pour les semis précoces ». Agriculteurs et conseillers ont tout de même noté un peu plus de maladie (septoriose) sur cette référence que les autres années​. Parmi les favorites, Luc Pelcé évoque : « KWS Ultim a le vent en poupe et cela semble justifié grâce à une épiaison rapide et des gènes d'intérêt ( résistance à la mosaïque et au piétin verse et un PS élevé à 7). Mais, on note une sensibilité à la septoriose. De ce fait, si l'année est humide, il faut avoir un œil attentif ». Une autre variété présente un « défaut non insurmontable » : RGT Pacteo. « Elle présente une grande sensibilité au piétin verse. Mais, d'un autre côté elle dispose d'une tolérance à la septoriose, à la rouille jaune ainsi qu'au chlortoluron. Et, son taux de protéine est très bien (8). Pour moi, elle est la bonne candidate pour un blé sur blé ». De son côté, Prestance est « une solution envisageable avec un bon rendement, mais pas comme base à cause de sa grande précocité qui l’emmène sur des semis assez tardifs». Pour finir sur les variétés présentées, Luc Pelcé aborde Celebrity : « Elle est inscrite depuis cette année, et est une des meilleures variétés rencontrées puisqu'elle est une des rares à être passé devant Chevignon dans  les essais. Avec une épiaison très précoce, elle ne doit pas être semée avant le 15 octobre. Elle a une bonne résistance la septoriose (6,5) et au chlortoluron. Même si elle présente un PS moyen de 5 c'est une variété à surveiller et à considérer ». Il conclut sur le contexte agro climatique de l’année : « Je reste assez optimiste pour cette année dans cette région, car certes on peut constater un manque d'eau évident, mais la situation est moins problématique que dans d'autres endroits ou même années sèches comme 2011 et 2020* ». 

*Pour rappel cette citation s'applique à un constat fait le 25 mai.