Visite
« Une stratégie qui part des territoires »
La secrétaire d’État en charge de la biodiversité, Bérangère Abba, était à Dijon, le 15 mars, afin de lancer les concertations régionales relatives à la Stratégie nationale biodiversité (SNB). Le gouvernement insiste sur sa volonté de prendre en compte les réalités locales.

Dijon marquait, le 15 mars, la cinquième étape du tour de France entrepris en février par la secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba, dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie nationale biodiversité (SNB) pour la période 2021-2030. Le maître-mot mis en avant par le gouvernement sur le sujet est « concertation ». La secrétaire d’État aura ainsi passé la matinée au Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté (BFC) pour lancer les concertations régionales propres à nourrir les réflexions pour la SNB. Elle s’est ensuite rendue au siège de l’association des Réserves naturelles de France pour y rencontrer les équipes qui œuvrent à la protection de l’environnement. Son périple côte-d’orien s’est terminé par une visite du site de la Montagne des Trois Croix à Santenay, dans le sud du département, qui va bénéficier du plan de relance pour financer des travaux de restauration des milieux.
« En partant des territoires »
Comment cette SNB va-t-elle pouvoir conjuguer les objectifs de préservation de la biodiversité et les impératifs des activités humaines, en particulier, agricoles ? C’est toute la question qui se posait, alors même que, trois jours plus tôt, des éleveurs ovins de Côte-d’Or avaient déposé devant la préfecture, à Dijon, les cadavres mutilés de plusieurs de leurs moutons, tués dans une attaque attribuée au loup… « L’important, soulignait Bérangère Abba, c’est de réécrire cette SNB en partant des territoires. Nous voulons que son contenu, pour les dix années à venir, vienne de l’expérience et du vécu de celles et ceux qui participent, au quotidien, à la préservation de la biodiversité. Cela implique tous les acteurs. Nous voulons redéfinir la protection de l’environnement à la française, qui n’est pas une mise sous cloche, mais qui accepte que notre patrimoine naturel ait été dessiné par les activités humaines. On sait que ces paysages ont été entretenus par les agriculteurs ». La secrétaire d’État, originaire de la Haute-Marne, ne minimise pas les difficultés de la tâche, dans un contexte de forte remise en cause et de mutation des pratiques agricoles. Elle s’affirme consciente des craintes et des réticences suscitées dans le monde agricole par les changements de pratiques qui se profilent, sur lesquelles il existe un vrai manque de visibilité. « Pour autant, souligne-t-elle, il nous faut trouver les moyens de cette transition et donner accès à chacun à des outils qui permettront d’évoluer vers des pratiques toujours plus en équilibre et en harmonie avec la nature ».
Les néonicotinoïdes en arrière-plan
La venue de la secrétaire d’État à Dijon s’inscrivait dans la première phase du processus de conception de la SNB, qui laisse toute la place à la concertation. Une seconde phase comprendra une plateforme citoyenne permettant au grand public de participer, de donner son avis, de faire des propositions pour la préservation de la biodiversité. Le résultat de ces deux phases sera intégré dans une première version de la SNB présentée en septembre à Marseille, au cours du Congrès mondial pour la nature. La SNB finalisée devrait être présentée fin 2021. « En Bourgogne Franche-Comté, poursuit Bérangère Abba, des enjeux essentiels en termes de transition agroécologique sont à l’œuvre, notamment sur la gestion de l’eau. L’actualité récente, avec le loup, nous pousse aussi à nous poser des questions, même si les réponses que l’on pourra trouver ici ne sont pas forcément identiques à celles qu’on met en place dans le sud de la France par exemple. Il y a des réponses à trouver dans l’expérience locale. C’est pourquoi il est extrêmement important que la SNB parte des territoires… » Hasard du calendrier : au moment de la visite de la secrétaire d’État, le Conseil d’État faisait connaître sa décision de valider le retour temporaire de l’usage des néonicotinoïdes dans la filière de la betterave sucrière. Sur ce point, la représentante du gouvernement confirmait qu’il aurait été préférable qu’un tel retour soit évité « mais, ajoutait-elle, si je suis présente aujourd’hui ici, c’est pour que, sur de telles considérations, on crée des prises de conscience et qu’on fédère les volontés de chacun pour s’embarquer dans la transition. Je ne crois pas que c’est en faisant des « clés de bras » et en forçant les gens qu’on parviendra à susciter le changement sur le long terme. Sur la filière betteraves, on a vu venir l’impasse liée à la suppression des néonicotinoïdes, sans pour autant trouver de réponse assez rapidement. Étant conscients de cela, on doit disposer d’indicateurs pour mesurer la rapidité des évolutions afin d’être sûrs des échéances qu’on se fixe pour atteindre nos objectifs. Cela signifie qu’il faut sans doute mettre plus de moyens au niveau de la recherche scientifique sur certaines filières parce qu’on fait le constat qu’on avance moins vite que sur d’autres. Il ne faut plus se retrouver dans des impasses comme ce fut le cas l’été dernier pour les betteraves. Avec cette autorisation temporaire, on se donne un petit répit sur une filière française importante. La transition, parfois, n’est pas aussi rapide qu’on le souhaiterait et c’est un signal pour que nous soyons d’autant plus mobilisés… »
« En partant des territoires »
Comment cette SNB va-t-elle pouvoir conjuguer les objectifs de préservation de la biodiversité et les impératifs des activités humaines, en particulier, agricoles ? C’est toute la question qui se posait, alors même que, trois jours plus tôt, des éleveurs ovins de Côte-d’Or avaient déposé devant la préfecture, à Dijon, les cadavres mutilés de plusieurs de leurs moutons, tués dans une attaque attribuée au loup… « L’important, soulignait Bérangère Abba, c’est de réécrire cette SNB en partant des territoires. Nous voulons que son contenu, pour les dix années à venir, vienne de l’expérience et du vécu de celles et ceux qui participent, au quotidien, à la préservation de la biodiversité. Cela implique tous les acteurs. Nous voulons redéfinir la protection de l’environnement à la française, qui n’est pas une mise sous cloche, mais qui accepte que notre patrimoine naturel ait été dessiné par les activités humaines. On sait que ces paysages ont été entretenus par les agriculteurs ». La secrétaire d’État, originaire de la Haute-Marne, ne minimise pas les difficultés de la tâche, dans un contexte de forte remise en cause et de mutation des pratiques agricoles. Elle s’affirme consciente des craintes et des réticences suscitées dans le monde agricole par les changements de pratiques qui se profilent, sur lesquelles il existe un vrai manque de visibilité. « Pour autant, souligne-t-elle, il nous faut trouver les moyens de cette transition et donner accès à chacun à des outils qui permettront d’évoluer vers des pratiques toujours plus en équilibre et en harmonie avec la nature ».
Les néonicotinoïdes en arrière-plan
La venue de la secrétaire d’État à Dijon s’inscrivait dans la première phase du processus de conception de la SNB, qui laisse toute la place à la concertation. Une seconde phase comprendra une plateforme citoyenne permettant au grand public de participer, de donner son avis, de faire des propositions pour la préservation de la biodiversité. Le résultat de ces deux phases sera intégré dans une première version de la SNB présentée en septembre à Marseille, au cours du Congrès mondial pour la nature. La SNB finalisée devrait être présentée fin 2021. « En Bourgogne Franche-Comté, poursuit Bérangère Abba, des enjeux essentiels en termes de transition agroécologique sont à l’œuvre, notamment sur la gestion de l’eau. L’actualité récente, avec le loup, nous pousse aussi à nous poser des questions, même si les réponses que l’on pourra trouver ici ne sont pas forcément identiques à celles qu’on met en place dans le sud de la France par exemple. Il y a des réponses à trouver dans l’expérience locale. C’est pourquoi il est extrêmement important que la SNB parte des territoires… » Hasard du calendrier : au moment de la visite de la secrétaire d’État, le Conseil d’État faisait connaître sa décision de valider le retour temporaire de l’usage des néonicotinoïdes dans la filière de la betterave sucrière. Sur ce point, la représentante du gouvernement confirmait qu’il aurait été préférable qu’un tel retour soit évité « mais, ajoutait-elle, si je suis présente aujourd’hui ici, c’est pour que, sur de telles considérations, on crée des prises de conscience et qu’on fédère les volontés de chacun pour s’embarquer dans la transition. Je ne crois pas que c’est en faisant des « clés de bras » et en forçant les gens qu’on parviendra à susciter le changement sur le long terme. Sur la filière betteraves, on a vu venir l’impasse liée à la suppression des néonicotinoïdes, sans pour autant trouver de réponse assez rapidement. Étant conscients de cela, on doit disposer d’indicateurs pour mesurer la rapidité des évolutions afin d’être sûrs des échéances qu’on se fixe pour atteindre nos objectifs. Cela signifie qu’il faut sans doute mettre plus de moyens au niveau de la recherche scientifique sur certaines filières parce qu’on fait le constat qu’on avance moins vite que sur d’autres. Il ne faut plus se retrouver dans des impasses comme ce fut le cas l’été dernier pour les betteraves. Avec cette autorisation temporaire, on se donne un petit répit sur une filière française importante. La transition, parfois, n’est pas aussi rapide qu’on le souhaiterait et c’est un signal pour que nous soyons d’autant plus mobilisés… »
La nécessité d’un vrai dialogue
Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, a reçu Bérangère Abba lors de son arrivée à Dijon pour le lancement de la concertation régionale sur la biodiversité. L’élue rappelait à cette occasion l’érosion de cette biodiversité, constatée à l’échelon régional : « en Bourgogne Franche-Comté, 1 600 espèces sont aujourd’hui menacées. Face à cela, le principal défi, c’est de défendre ces espèces tout en travaillant en concertation étroite avec tous les acteurs. C’est le défi du développement durable : parvenir à concilier la protection de l’environnement, le développement économique et le développement social. Nous avons pris les choses en main en créant une Agence régionale de la biodiversité (ARB). Elle réunit les collectivités, les associations de protection de l’environnement, les agriculteurs, les industriels, les artisans… On ne peut aborder ces sujets sans un dialogue vraiment partagé. C’est compliqué, nous nous donnons du temps, de la méthode, des capacités d’études… » Dans ce contexte, deux sujets sont centraux au niveau régional : celui de l’eau et des conflits d’usages qui peuvent se poser, et le sujet du loup. « On est en plein dans la problématique de la préservation de la biodiversité», poursuit la présidente de Région. «Le loup est une espèce protégée, mais qui s’attaque à des animaux d’élevage. Les éleveurs sont extrêmement fragilisés. Je pense qu’on ne doit pas faire comme dans d’autres régions où les moutons ne sont pas élevés de la même façon. On ne doit pas reproduire des schémas qui sont appliqués dans le sud de la France. On doit trouver d’autres moyens que les filets de protection. Cela ne viendra qu’avec du dialogue et du partage de connaissances ». Un conseil d’administration sur le thème des grands prédateurs est programmé dans un avenir proche par l’ARB.