Prévisions de revenus
Un contexte favorable pour le lait

Équipe Inosys Franche-Comté et Galacsy
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Chaque fin d’année, les équipes Inosys Réseau d’Élevage bovin lait Franche-Comté et Galacsy pour la Bourgogne s’associent pour effectuer un travail de prévision de revenus des exploitations laitières pour l’année en cours. Pour 2023, elles ont réalisé des simulations sur trois cas types représentant les principaux systèmes en lait conventionnel de la région.

Comme chaque fin d’année, Inosys Réseau d’Élevage bovin lait Franche-Comté et Galacsy Bourgogne s’associent pour effectuer un travail de prévision de revenus des exploitations laitières pour l’année en cours. Dans le cadre de l’analyse 2023, les équipes ont réalisé des simulations sur trois cas types représentant les principaux systèmes en lait conventionnel de la région :

Lait dominant. 2 associés + salarié en période de pointe, 140 ha de SAU dont 37,5 ha de cultures de vente, 94 VL et la suite, 755 265 l produits, 1,34 UGB/ha SFP, 22 % maïs ensilage/SFP, pâturage des VL (22 ares/VL)
Lait céréales. 3 associés + 1 salarié à temps plein, 280 ha de SAU dont 149 ha de cultures de vente, 145 VL et la suite, 1 310 505 l produits, 1,6 UGB/ha SFP, 31 % maïs ensilage/SFP, traite assurée par 2 robots de traite. Situé en plaines et vallées.

Lait grandes cultures. 3 associés, 340 ha de SAU dont 234 ha de cultures de vente, 83 VL et la suite, 637 856 l produits, 1,15 UGB/ha SFP, 25 % maïs ensilage/SFP, pâturage des VL (20 ares/VL). Situé sur les plateaux de Bourgogne.

L’objectif est d’estimer les tendances d’évolution des résultats économiques des exploitations en fonction de l’évolution de la conjoncture économique (prix de vente, coût des intrants, …) mais également technique (productivité, effectif VL, rendements, …). Ces travaux se basent sur des constats et des hypothèses.

Après un hiver relativement chaud et sec, l’année 2023 est restée sur la même tendance avec une pluviométrie bien en dessous des moyennes décennales et plusieurs périodes de canicule. Cependant, des épisodes pluvieux sont intervenus à des stades clés du développement des cultures, limitant la baisse de rendement. Contrairement à 2022, les rendements fourragers ont été proches de la normale. L’autre caractéristique de cette année est la poursuite de la hausse du prix des intrants en répercussion de la conjoncture 2022, du contexte géopolitique international et de l’inflation.

L’évolution du produit d’exploitation varie selon les systèmes de – 2 % à +7 %. Deux facteurs viennent le tirer vers le bas : la part du produit de l’atelier culture dans le produit global de l’exploitation, et l’impact plus ou moins important de la sécheresse dans les exploitations situées en sols superficiels. En effet, le prix de vente des cultures est en baisse en moyenne de -25 % par rapport à 2022. A contrario, le produit lait progresse d’environ +8 % grâce au renchérissement du prix du lait et à des taux plus élevés (+ 0,1 g de TP et + 0,4 g de TB). La production laitière reste stable, la légère baisse de productivité de – 1 % par vache ayant été compensée par une hausse de l’effectif. Le produit viande est également en progression d’environ +5 % grâce à la poursuite de la hausse des prix de vente des animaux. On peut enfin souligner une légère hausse des aides suite à la mise en place de la nouvelle réglementation PAC 2023-2027.

La hausse des charges est toujours marquée, suivant le mouvement de la conjoncture économique mondiale. La progression reste très importante pour les charges opérationnelles : de +14 % à +16 %, mais elle se tasse un peu pour les charges de structure : de +2 % à +4 %. Les postes les plus haussiers sont les intrants des surfaces : le prix des engrais s’est envolé fin 2022 impactant les prix de la campagne culturale 2023 à la hausse de +60 % en moyenne. La stratégie d’un bon nombre d’exploitations a été de conserver la même enveloppe d’engrais que les années précédentes en réalisant une impasse sur la fumure de fond. De plus, les prix des semences et des produits phytosanitaires ont augmenté également de +9 % à +10 %.

Après la sécheresse 2022, l’année 2023 a débuté avec des stocks fourragers très bas mais heureusement, le contexte climatique a été favorable à la pousse printanière et aux récoltes fourragères permettant de reconstituer les stocks et limitant les achats de fourrages. Orientés à la hausse en début d’année dans la continuité de 2022, les prix des aliments ont amorcé une baisse sur le 2e semestre 2023. L’évolution du poste aliment reste cependant conséquente allant de +11 % à +13 %.

Le prix des carburants s’est lui aussi tassé en début d’année, mais il est reparti à la hausse depuis juillet. La baisse sur le poste carburant est estimée à -6 %.

La tendance générale est à un EBE impacté par la hausse des charges. Cependant nous constatons une forte disparité entre les systèmes de – 22 % à +2 %. Comme en 2022, les systèmes plus spécialisés lait s’en sortent mieux. La marge brute des cultures a en effet subi une chute marquée de l’ordre de – 35 %. L’efficacité économique perd quant à elle de 2 à 7 points.

Dans tous les systèmes, les produits couvrent largement les charges. Ils permettent d’atteindre un niveau de revenu disponible satisfaisant et de consolider la trésorerie malgré le niveau des annuités qui reste élevé suite à la hausse du coût des matériels et matériaux couplée à celle des taux d’intérêt.

En conclusion, les résultats économiques de l’année 2023 sont tirés vers le haut au niveau de l’atelier lait et vers le bas au niveau de l’atelier cultures. L’évolution du résultat d’un système est très dépendante de la part des cultures de vente dans le produit. Les exploitations vont entamer l’année 2024 avec des stocks fourragers reconstitués et de bonne qualité et dans un contexte de baisse de prix des aliments et des engrais. Mais une inquiétude subsiste au niveau des prix de l’énergie (carburant et électricité) et du prix du lait après la chute de la cotation beurre-poudre en 2023 et l’évolution de la consommation dans un contexte d’inflation.

Note : En partenariat avec le service statistique de la DRAAF, les Entreprises de Conseil en élevage et les conseillers des Chambres d’agriculture.