Série de portraits post-Bac
Ils continuent leur parcours

Chloé Monget
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Après le Bac, les chemins empruntés par les élèves du Legta du Morvan sont différents. Voici une série de portraits pour connaître leurs choix et projets de vie.

Ils continuent leur parcours
Le Legta - Eplefpa du Morvan est situé rue Pierre Mendès France à Château-Chinon (Campagne). Crédit photo : Legta - Eplefpa du Morvan.

Les examens sont terminés depuis quelques mois, et les élèves du Legta du Morvan poursuivent leur route. Si certains continuent leurs études, d’autres se sont engagés directement dans le monde du travail. Humains à part entière, ils n’ont pas tous eu les mêmes expériences, difficultés ou souvenirs de ces années scolaires.

Crise sanitaire

Ces dernières, marquées par le Covid, ont été « problématiques pour quelques-uns » souligne Catherine Blin, professeure de Zootechnie au Legta du Morvan, avant d’ajouter : « avec des cours en distanciel durant le confinement, cela n’a pas été pratique pour tous : certains ne disposaient que d’un ordinateur pour toute la famille ou avaient une mauvaise connexion Internet, voire pas du tout de réseau. Ils n’ont plus eu non plus de liens sociaux entre eux ; peu idéal pour l’intégration ». Si ces mois de confinements ont été un enjeu majeur pour les élèves, cela fut également le cas pour les enseignants, comme Mme Blin le rappelle : « nous avons dû nous adapter à la situation, trouver de nouveaux outils pour faire nos cours, comme Blackbord Learn que je ne connaissais pas du tout avant. Il a donc fallu repenser l’intégralité de nos cours afin qu’ils soient appropriés à nos nouvelles contraintes ». Elle précise, « De plus, durant cette période, moi et Cécile Perceau, enseignante en économie, avons renforcé l’individualisation et le tutorat en dehors des heures de cours pour que les élèves acquièrent les capacités exigées et qu’ils retrouvent confiance et motivation. D’ailleurs, ce procédé a rassuré les parents ».

La réussite

Cela étant, l’objectif est : « de les voir réussir. Nous, professeurs, sommes là pour leur offrir les clefs afin de concrétiser leurs projets tout en leur faisant prendre conscience des impératifs qu’un engagement peut engendrer. Loin de nous l’idée de les pousser dans de longues études s’ils ne le souhaitent pas. Notre devoir est simplement de les accompagner pour trouver la solution qui leur convient et leur corresponde le mieux. Nous nous efforçons également de les épauler dans la rédaction de leurs CV, lettres de motivation et recherches de maîtres de stage, d’apprentissages ou organismes professionnels ou employeurs » et conclu : « Rappelons que l’insertion scolaire, sociale et professionnelle des jeunes est l’une des cinq missions de l’enseignement agricole à accomplir par les enseignants ». Aujourd’hui, voici deux portraits de jeunes, la suite sera publiée dans de prochains numéros de Terres de Bourgogne.

Léna Bonnin, 17 ans, Bac pro CGEA filière équine
Icéo des Sajots qui appartient à la Manade Favrot à Villechaud, avec Léna, lors de leur première reprise de dressage ainsi que leur premier concours ensemble. Crédit photo : Aymeric Lebouille.

Léna Bonnin, 17 ans, Bac pro CGEA filière équine

« Je suis cavalière depuis mes 4 ans. Mais, mon premier souhait était de devenir toiletteuse pour chiens. Malheureusement, n’ayant pu trouver de maître de stage pour mon apprentissage, je me suis tournée vers la filière équine car c’était mon second souhait professionnel. Originaire de Cosne-sur-Loire, lorsque je suis arrivée au Legta en internat, cela fut un peu dur de trouver ma place au début. Mais, après quelques rencontres, je me suis sentie à mon aise, et ces années ont été super pour moi. J’ai grandement apprécié le fait de pouvoir faire des stages en entreprise pour découvrir le monde du travail en vrai. Un voyage d’étude en Camargue organisé par le lycée a conforté mon projet. Aujourd’hui, je suis engagée dans une formation d’animatrice d’équitation (AE) au Marault (Magny-Cours). Cela, va me permettre de gagner un an sur le BPJEPS que je souhaite faire ensuite. À terme, je voudrais aller en Normandie ouvrir ma structure : élevage de Camarguais, tris de bétail à cheval et ouverture d’une écurie de propriétaire. J’ai compris que s’installer en Normandie, avec cette race permettrait de proposer quelque chose d’un peu différent là-bas. J’ai bien conscience que le monde du cheval et de l’élevage équin est très difficile, mais je pense être assez têtue, obstinée et droite dans mon projet pour le mener à bien. Je mets toutes les chances de mon côté pour y parvenir en tout cas. Néanmoins, avant de me lancer, je voudrais être salarié dans une structure afin de me faire la main avec des personnes qui m’aideraient à évoluer sans jugement et sans mal me parler… Nous verrons bien si l’avenir me permet de réaliser mon rêve ».

Benoit Buchli, 18 ans, Bac pro CGEA polyculture-élevage
Benoit Buchli, avec les brebis Charollaise de son père, Yves – qui en possède une trentaine. Crédit photo : Yves Buchli.

Benoit Buchli, 18 ans, Bac pro CGEA polyculture-élevage

« J’ai intégré le Legta du Morvan dès la 4e, car le système scolaire de l’Éducation nationale ne me correspondait pas. Ayant été diagnostiqué avec une dyslexie en 6e, j’ai besoin d’aménagements particuliers pour suivre les cours et passer les examens, car si à l’oral je n’ai pas trop de difficultés cela n’est pas la même chose pour l’écrit. Malheureusement, les professeurs du collège ne prenaient pas du tout cela en compte. C’est pour cette raison que j’ai changé d’établissement. Au Legta, j’y ai trouvé un accompagnement plus adapté. N’étant pas forcément très attiré par les études, mes parents et le corps enseignants ont fait beaucoup pour me pousser à avoir mon Bac – que j’ai d’ailleurs eu avec mention Bien ! J’ai aussi pris conscience qu’il était nécessaire de l’avoir afin de pouvoir réaliser mon projet : m’installer en ovins et bovins. Cette passion pour les ovins – mais aussi pour les vaches – je la tiens de mon père qui lui aussi voulait s’installer, mais la vie faisant n’a pu le faire. Aujourd’hui, avec mon Bac en poche, j’ai choisi de faire un certificat de spécialisation (CS) en ovins à Charolles, car je dois continuer à me former afin de m’installer dans les meilleures conditions possibles. En plus, ce CS me permet d’avoir des cours, mais également un stage en entreprise. Pour ce dernier, c’est chez les Laborde à Montigny-sur-Canne que je vais le réaliser. Ils ont une conduite un peu particulière qui m’intéresse beaucoup (via l’utilisation du calendrier lunaire notamment) ».

Sa mère, Corinne, rebondit : « avec son père Yves, nous sommes fiers de son parcours et, nous n’espérons qu’une seule chose : qu’il puisse réaliser son rêve ». Elle ajoute : « Nous trouvons important de noter que Benoit a pu trouver un maître de stage grâce à l’engagement de Mme Blin. De plus, il a opté pour un stage, car en apprentissage, l’entreprise ne pouvait assumer financièrement les charges salariales. Avec le stage, il a une petite rémunération qui sera complétée par une aide de la Région, comme il se déclare à Pôle emploi. De même, il obtiendra un soutien pour ses déplacements jusqu’à Charolles. Tout cela lui permet de continuer son parcours, et peut être une solution pour d’autres ». Pour le logement, Benoit sera hébergé dans une chambre d’hôtes près de Charolles, avec un compagnon de promo : « une solution à moindre coût et adapté à sa situation » souligne Corinne. Enfin, Corinne conclut : « Il n’a jamais connu l’internat au Legta, puisque nous habitons à Château-Chinon Campagne. Et à part quelques vacances ou des visites avec le Legta, il n’est jamais parti de la maison, il va donc faire un bon vers le monde adulte. Cela va nous faire bizarre mais nous sommes ravis pour lui ». À noter que Benoit est arrivé premier du concours de Barbant à Moulins-Engilbert au mois d’août.