110 Bourgogne
L'agriculture a un rôle à jouer dans « le monde d'après »

Christopher Levé
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L'assemblée générale de 110 Bourgogne s'est tenue le vendredi 9 décembre, à Auxerre. Le président, Walter Huré, a fait le point sur l'actualité de la coopérative et du monde agricole dans son ensemble avec des thématiques touchant chaque agriculteur : la souveraineté alimentaire, l'énergie ou encore le changement climatique.

L'agriculture a un rôle à jouer dans « le monde d'après »
Walter Huré a présidé sa première assemblée générale. Il avait été élu président de 110 Bourgogne le 13 décembre 2021.

« Aujourd’hui, on est, dans ce qu’on appelle, « le monde d’après », c’est-à-dire le monde d’après Covid. On emploie désormais des mots qu’on n’entendait pas jusque-là. « Pénurie », de matière première, de gaz, de carburant, d’électricité, de main-d’œuvre… ; « restriction », « rationnement ». Des termes que ceux de ma génération n’ont jamais connus mais seulement lus dans les livres d’histoire et que, collectivement, nous ne pensions jamais rencontrer ». Des mots forts par lesquels Walter Huré a débuté son intervention lors de l’assemblée générale de la coopérative 110 Bourgogne, dont il est le président.
La Covid, mais aussi la guerre en Ukraine déstabilisent le monde. « Celle-ci provoque des déséquilibres mondiaux et nous ramène aux heures les plus sombres de nos livres d’Histoire », assure-t-il. « Elle a mis en lumière la dépendance de l’Europe en énergie gazière et pétrolière. Dans un immense marché mondial où tout paraissait facilement accessible, la réalité du moment est tout autre ».

Un changement climatique qui se ressent

Du côté des approvisionnements, les disponibilités sont limitées « avec une forte inflation de certains intrants. L’anticipation des besoins reste la meilleure arme pour pallier toute carence et nos équipes y travaillent au quotidien », ajoute Walter Huré.
À cela s’ajoute le changement climatique. « Si on en entend parler depuis des dizaines d’années, on ne le mesurait pas vraiment car il y avait toujours des saisons marquées. Mais depuis cinq ans, on s’aperçoit que les étés sont de plus en plus chauds et secs, sur une durée également de plus en plus longue. Cela nous fait nous poser pas mal de questions pour nos systèmes de culture. Et les prévisions pour les vingt ans à venir ne sont pas très rassurantes ».

Des défis à relever

Face à cela, l’agriculture, dans son ensemble, « a plusieurs défis à relever », selon Walter Huré. « Il y a déjà le rôle nourricier, qui est notre métier de base. Dans un pays où il y a une alimentation suffisante et de qualité, c’est signe de paix. Aussi, désormais on est 8 milliards d’habitants sur la terre, il va donc falloir réussir à produire de quoi manger pour tout le monde », affirme-t-il. « On nous parle de souveraineté alimentaire, au moins à l’échelle de la France, ce qui veut dire la nécessité de produire. Mais lorsqu’on importe 50 % de nos poulets en provenance du Brésil, avec toute la déforestation qu’il peut y avoir derrière, cela pose question ». Au niveau des fruits et des légumes, la proportion de produits importés est de 35 %. « Je me dis alors, qu’en termes de souveraineté alimentaire, on peut peut-être mieux faire. Il va donc falloir que les élus nationaux mettent le pied à l’étriller pour qu’on puisse réellement aller vers cette souveraineté alimentaire ».
L’agriculture peut aussi répondre à d’autres besoins, comme la production d’énergie. « Il y a les bios carburants, mais aussi le solaire avec les panneaux photovoltaïques que l’on peut mettre sur les bâtiments, ou encore l’éolien et la méthanisation pour la partie gaz ».
Le défi environnemental a également son importance. « On parle notamment de couverts végétaux, qui permettent de capter davantage de CO2 pour le redistribuer ensuite au sol et le bouleverser le moins possible », détaille le président.

Créer des références pour les adhérents

Quant aux objectifs internes à la coopérative ? « Il s’agit de continuer de capter l’innovation. Il y a des solutions qui allient technologie et agronomie des sols pour rendre les exploitations les plus performantes possibles », met-il en avant. « C’est aussi de continuer de créer des références et des repaires pour nos adhérents, de continuer le développement des OAD (outil d’aide à la décision), de continuer les augmentations de valeur ajoutée à destination des adhérents, comme les contrats filières (CRC, Barilla, NFV), et de rester en veille sur les nouvelles cultures qui pourraient être adaptées à nos territoires », conclut Walter Huré.