L'association Acteurs solidaires en marche (ASEM, régie de quartiers de Nevers) accueillait les partenaires du projet « Cultiv'On Bio » pour une visite sur le site du chantier d'insertion, le 21 juin à Challuy. 

Culture, nourriture et insertion
La parcelle produira des tomates, patates, poivrons, salades, etc. Un espace verger est aussi envisagé à plus long terme sur le site.

Le projet « Cultiv’On Bio », implanté à Challuy, commence à prendre forme comme en dénote la visite organisée le 21 juin par l’association Acteurs solidaires en marche (ASEM, régie de quartiers de Nevers), porteuse du projet. « C’est une initiative qui concilie : l’insertion, le manger mieux et le produire local » détaille Nathalie Moreau, directrice de l’ASEM régie de quartiers de Nevers.

Genèse

Pour rappel, la création de « Cultiv’On Bio » fait suite à un appel à projets de France Relance – Projet Alimentaire Territorial (PAT) sur lequel le Conseil départemental 58 s’est positionné. Pour comprendre la démarche, il faut remonter en 2021, lorsque le Conseil Départemental acquiert 15,95 ha de terres agricoles sur la commune de Challuy afin de répondre aux attentes de son (PAT) en mettant sur pied un système alimentaire de proximité à destination des Nivernais. Puis, l’appel à projets de l’État est lancé. C’est alors que le Conseil départemental contact l’ASEM pour conclure un partenariat. D’une durée de 9 ans reconductible, cette alliance met à disposition 4 ha des 15,95 acquis afin d’installer une activité de maraîchage en lien avec l’insertion professionnelle. Fabien Bazin, président du conseil départemental insiste : « ce chantier est destiné à approvisionner les établissements scolaires locaux, et donc n’a pas du tout la volonté d’entrée en concurrence avec les maraîchers en place dans le secteur. Bien au contraire, nous souhaitons les associer à ce projet afin que la couverture du territoire en légumes locaux soit totale ».


Financement

À l’image de l’espace test du Marault (voir TDB n°1622, 1633), « Cultiv’On Bio » dispose d’un soutien financier du Conseil départemental. Ce dernier, à hauteur de 126 657 euros, permet l’acquisition de serres, d’équipements d’irrigation et la réalisation d’un forage ainsi que du matériel (tracteur et motoculteur). En parallèle, une enveloppe de 15 250 euros a été mobilisée par le Conseil départemental. Renouvelable tous les ans, elle pourra diminuer en fonction de l’activité. Pour sa part, l’ASEM prend en charge les coûts liés aux salariés (vestiaires, sanitaires), le matériel de production (plants, demandes, outillage, etc.) et l’accès aux réseaux (et consommations qui en découleront). Le projet, reconnu « Initiative territoriale » par le Conseil Régional, bénéficie également du soutien financier du Labo des Régies, cellule d’innovation du Comité National de Liaison des Régies de Quartier (CNLRQ) qui a participé au financement de l’algeco présent sur le site. Pour le conseil maraîcher, la Chambre d’Agriculture de la Nièvre, Bio Bourgogne ou encore le Gabni, partenaires du projet, seront potentiellement amenés à collaborer avec le chef de gestion de la parcelle « Cultiv’On Bio » : Thierry Chardonneret ainsi qu’avec son équipe.

L’insertion

Si à terme l’équipe devrait être composée de huit personnes pour s’occuper de la parcelle, ils sont pour le moment, cinq salariés embauchés (une sixième personne est en cours de recrutement). Elle se compose donc de Philippe, 51 ans, ancien employé dans le bâtiment, qui « n’en pouvais plus et souhaitais changer de métier » ; Pierre, 34 ans, informaticien en reconversion : « Je ne voulais plus être enfermé dans un bureau et vivre à Paris… il fallait que je change de vie » ; Sylvie, 52 ans, graphiste toujours en poste : « j’ai une profession libérale et je désirais un complément d’activité qui soit en lien avec le travail du vivant » ; Katie, 56 ans, ex-travailleuse sociale : « j’ai travaillé une quinzaine d’années dans le social, et les confinements successifs m’ont fait prendre conscience que je devais faire autre chose ; retourner à une vie ayant du sens » et enfin Patrice, 36 ans, paysagiste : « c’est mon conseiller Pôle emploi qui m’a parlé du projet. De plus, j’ai déjà pratiqué le maraîchage en Martinique. Du coup, je me suis lancé ». Soudés, ils ont d’ores et déjà commencé à préparer la parcelle en défrichant et ajoutent : « nous collaborons en bonne intelligence et apprécions d’avoir trouvé une certaine cohésion entre nous ». Tous embauchés en CDD pour une période de 4 mois, ces contrats sont renouvelables pendant 2 ans, et à chaque fois modulables.

À la carte

Ainsi Nathalie Moreau précise : « au-delà du fait de proposer une activité professionnelle, « Cultiv’On Bio », permet aux salariés d’avoir une nouvelle expérience et un tremplin vers l’avenir. C’est pourquoi les contrats sont renouvelables, s’ils le souhaitent, pour des durées différentes. Certes le premier est de 4 mois, mais les autres peuvent être d’un à 6 mois, voir plus en fonction de leur souhait ». Pour la montée en compétences des salariés, ils suivront une formation maraîchage en octobre au CFPPA de Challuy. Pour conclure, Nathalie Moreau insiste : « nous sommes ravis de l’engouement et du soutien de tous les partenaires pour ce projet, cela est très motivant » et de Fabien Bazin de rebondir : « ce type de projet est amené à être calqué dans d’autres communes. Cela fait longtemps que nous parlons de PAT et de leur mise en œuvre, il est désormais temps d’agir concrètement ».