Gestion des risques sanitaires
Prévenir plutôt que guérir

Chloé Monget
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Le Gaec Laudet à Chiddes travaille depuis de longues années sur la prévention des risques sanitaires, afin de réduire l’apparition de problématiques. Explications avec Jean-Loup Laudet, un des trois associés.

Prévenir plutôt que guérir
Jean-Loup Laudet (Gaec Laudet), s'est installé en 2017.

Nadine, Pierre et Jean-Loup Laudet (associés du Gaec Laudet à Chiddes) mettent un point d’honneur à anticiper : « nous préférons prévenir que guérir, car traiter des problèmes sanitaires une fois qu’ils sont installés dans les exploitations peut être très compliqué et chronophage » détaille Jean-Loup Laudet. Pour lui, cette anticipation passe par différents points.

Leviers activés

Ainsi côté vaccinations, il précise : « Nous vaccinons nos animaux sur les maladies historiques notamment sur la FCO (4 et 8) ou l’entérotoxémie. Cela nous permet d’éviter un maximum les actions curatives, qui parfois retardent la croissance de l’animal – et donc peuvent engendrer des pertes économiques. Cela offre aussi un gain de temps, car si les animaux vont bien, la surveillance n’a pas besoin d’être extrêmement rapprochée ». Il explique également que les pratiques du Gaec en matière de vaccination s’adaptent en fonction des données récoltées : « Il faut aussi savoir être un peu souple » pointe Jean-Loup Laudet avant d’ajouter : « Côté BVD, nous avons été dans les fermes pilotes de l’opération, et aujourd’hui nous n’avons aucun cas – et les voisins non plus. De ce fait, nous prévoyons de ne pas réaliser cette injection cette année. Si par malheur, nous constatons une souche à la naissance sur un animal, nous réglerons le problème rapidement par l’élimination et une nouvelle vague de vaccination. Pour la pasteurellose, nous ne vaccinons pas non plus, car nous n’avons jamais eu de cas. Mais, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas vigilants. En effet, pour éviter les pertes, nous mettons en place de nombreux leviers dans les 15 premiers jours de vie, afin que les animaux développent une bonne résistance dès le départ. Avec cette vision, nos pertes sont minimes ».

Outre les vaccinations, Jean-Loup Laudet insiste sur le nettoyage. En effet, une des particularités du Gaec est de partager une bétaillère avec un voisin, et d’avoir nombre d’outils en Cuma. Si cette mise en commun offre des avantages « notamment sur l’investissement que ce genre de matériel requière », ils peuvent être des vecteurs d’introduction de pathogènes. Conscient de cela, Jean-Loup Laudet précise : « nous mettons un point d’honneur à nettoyer de fond en comble le matériel après utilisation que ce soit nous ou les autres utilisateurs. Il n’est pas envisageable de partager des outils sans faire cela, pour des raisons évidentes. Nous prévoyons d’ailleurs d’aller un peu plus loin en désinfectant à chaque fois le matériel. Cela étant dit, jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de souci ».

Communiquer est la clé

Il poursuit : « Dans l’hypothèse où il y aurait un problème, je pense que nous nous faisons assez confiance pour en parler. La communication auprès des voisins sur les soucis sanitaires qu’une exploitation peut avoir est une base pour peut-être éviter une propagation et donc des conséquences pour tous ». Pour lui, cette communication est donc indispensable dans la prévention des risques sanitaires, car : « nous avons toujours à apprendre des uns et des autres. Par exemple, je trouve que discuter avec son vétérinaire est toujours une très bonne idée afin de confirmer un doute sur la santé d’un animal. Dans mon cas, cela m’a permis de reconnaître les symptômes de la septicémie foudroyante et d’agir rapidement pour éviter des complications. Lorsque l’on a ce genre d’information, autant les partager avec ses collègues ». Il conclut : « avec l’émergence de nouvelles maladies, qui n’ont pas forcément de vaccins ou de médicaments curatifs, je pense que la formation sur la reconnaissance des symptômes et la prévention sont les deux pans indispensables que nous devons activer si nous souhaitons être un minimum serein ». Dans cette veine, les associés du Gaec envisagent de mettre en place un pédiluve pour toutes les personnes entrant ou sortant de leur exploitation : « ça ne coûte pas grand-chose, et cela peut éviter de sacrés ennuis. Alors, autant ne pas s’en priver ».

Protéger son troupeau contre l'introduction d'agents pathogènes
Les trois associés du Gaec Laudet sont à la tête d'environ 300 ha (20 ha environ de prairies temporaires, 8 ha approximativement de méteil et le reste en herbe) et de 190 vêlages (Charolais).

Protéger son troupeau contre l'introduction d'agents pathogènes

Le matériel utilisé collectivement, y compris les véhicules, peut constituer une voie d’entrée des agents pathogènes au sein de l’élevage. Il est recommandé de nettoyer, voire désinfecter (un nettoyage efficace, même sans désinfection, permet d’éliminer 80 à 99 % des germes), le matériel mis en commun avant et après utilisation ou au minimum les parties en contact avec les animaux, leurs excréments ou le sol. Ce nettoyage ne doit pas, dans la mesure du possible, être effectué dans la zone d’élevage (zone de vie et de circulation des animaux). Pour certains matériels spécifiques l’utilisation commune n’est pas recommandée, comme les mouchettes et les cordes de vêlages qui doivent préférablement être propres à l’élevage. Cette précaution ne dispense pas du nettoyage de ces matériels entre chaque utilisation, afin de limiter la transmission de pathogènes entre les animaux d’un même troupeau.

Le GDS 58