Confection
Ne pas perdre le fil

Chloé Monget
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Karen Chigot, 26 ans, a créé Keran en 2021. Entreprise de confection de prêt à porter sur-mesure basée dans le Morvan, Keran est issu d’une longue histoire.

Ne pas perdre le fil
Pour Karen, le sur-mesure est une manière de mettre en valeur toutes les personnes.

« Je suis toute petite, je rentre dans du 12 ans ! » s’exclame Karen Chigot, 26 ans, qui a lancé sa marque de prêt-à-porter sur mesure Keran. Si son exclamation peut sembler anodine, elle est le moteur de son projet : « je ne trouve jamais de vêtements que j’apprécie adaptés à ma taille… du coup j’ai décidé de les confectionner ; et d’en faire profiter les autres ».

Parcours

Avec un Bac Art Appliqué (obtenu à Nevers) et un certificat de modéliste de l’Académie Internationale de Coupe de Paris en poche, Karen tenait à travailler dans son département d’origine, la Nièvre : « Je n’ai jamais envisagé de quitter ce territoire. Je l’aime énormément et il faut reconnaître que je ne suis pas une fille de la ville ». C’est ainsi qu’elle effectue son stage à l’atelier Malam, à La Charité (www.malam.fr), puis est embauchée à la Société nivernaise de prêt-à-porter (SNPP) à Saint-Pierre-le-Moutier. « Cela fait quatre ans que j’y suis et j’y ai beaucoup appris en matière de couture » souligne-t-elle avant d’ajouter : « Là-bas, j’ai la chance de toucher un peu à tout, ce qui me permet de ne pas faire de confections rébarbatives ». Malgré tout, une idée était là dans un coin de sa tête depuis longtemps : monter son entreprise.

« Ça me trotte depuis un moment… pour preuve, j’ai créé le logo de la marque en 2015 alors que j’étais encore en étude. Au début, je désirais devenir designer afin de faire des meubles. La couture n’était pas du tout envisagée pour moi car j’étais plus un garçon manqué qu’autre chose. Puis, les années faisant, je ne trouvais pas de vêtements dans mon univers, j’ai donc commencé à faire des pièces pour moi… j’ai été d’abord très attirée par les matières, qui peuvent rendre un habit tout à fait différent en fonction de ce que l’on choisit entre du coton, du taffetas ou encore du voilage… Les options sont presque infinies de même que les formes ! C’est cette originalité et cette liberté de faire ce que l’on veut qui m’ont séduite dans le médium qu’est la couture ».

Le droit à l’ajustement

Le sur-mesure est donc pour Karen un élément clef dans sa conception : « je propose des articles en tailles standards, mais je peux tout à fait adapter mes patrons aux mesures des clients. Pour moi le sur-mesure permet à tous de se vêtir comme on le souhaite sans crainte. Certes, les prix sont différents de ceux de l’industrie du textile mais pour la simple et bonne raison que cela demande plus de travail de s’adapter aux demandes de chacun que de faire la même chose pour tous. De plus, la visée n’est pas non plus identique ». Pour que cette dernière soit plus parlante, Karen donne un exemple : « j’ai été contacté par une personne en situation de handicap qui souhaitait adapter le vêtement à sa morphologie particulière. Je trouve cela fantastique de pouvoir offrir un vêtement qui s’adapte parfaitement au corps de la personne qui le porte. Nous avons tous le droit de nous sentir bien dans nos habits ! ».

Inspiration

L’univers de Keran prend ses racines dans : « le bohème, le naturel, le cow-boy ». Véritable melting-pot de ces inspirations, Keran met pour le moment à disposition des robes, des chemises, des festons – pour femme. Karen précise tout de même : « je suis en train de travailler sur une collection homme afin d’élargir la gamme. Je prévois un lancement de ce produit d’ici début novembre ». Son but restant : « je voudrais pouvoir vivre complètement de cette activité ; ce qui n’est pas le cas pour le moment. Mais, je suis courageuse et ne lâcherai pas mon rêve qui commence juste à prendre forme ».

Pour découvrir l’univers de Keran : www.atelier-keran.fr et pour contacter Karen : contact.keran@gmail.com ou 07 60 96 63 81.

 

 

 

La Belle Nièvre
Pour l'achat de son matériel, Karen a obtenu une subvention de la Communauté de Communes de Château-Chinon à hauteur de 40 % de son investissement total.

La Belle Nièvre

Keran est estampillé « La Belle Nièvre » (voir TDB n° 1622, 1654, 1624, 1633, 1691, 1689, 1700). Une démarche saluée par Karen Chigot : « Je trouve que l’idée est bonne de vouloir rassemblée les savoir-faire nivernais sous une seule et même bannière. Il est sympathique d’avoir une visibilité auprès du public via cette initiative ».