Productions végétales
Cette fois-ci, c'est la bonne

AG
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Un jeune agriculteur évoque la conjoncture et la guerre en Ukraine. Après la crise sanitaire, ce nouvel aléa devrait définitivement redorer le blason de l'agriculture.

Cette fois-ci, c'est la bonne
Maxime Durafort, la semaine dernière, lors des semis de maïs.

Il ne faut jamais se satisfaire du malheur des autres, et ça, Maxime Durafort le précise d’emblée. Toujours est-il que, pour 2022, la guerre en Ukraine devrait impacter positivement certains pans de l’agriculture. « Tous les cours céréaliers ont doublé, voire plus. Si les prochaines moissons sont d’un bon niveau et avec de la qualité, cette campagne sera forcément très intéressante pour nous. Je ne parle bien sûr pas de 2023 où la donne sera très différente, avec des charges d’un tout autre niveau », confie le jeune agriculteur de 29 ans, président JA du canton de Pontailler-Mirebeau-Fontaine. Ce conflit international et ses conséquences sur l’agriculture vont « rebattre les cartes » selon Maxime Durafort : « l’image de l’agriculture devrait s’améliorer, il y en a grand besoin. Les gens vont prendre davantage conscience de l’utilité de nos métiers, de l’intérêt de produire… Cela avait déjà été déjà le cas avec la crise sanitaire mais là, je pense que l’essai sera définitivement transformé. Ce nouvel élan qui est en train de naître est le bienvenu. De notre côté, de toute façon, nous ne pouvions plus continuer dans nos anciens systèmes. Ces niveaux de prix devront être maintenus car à mon avis, les charges ne rebaisseront pas de sitôt ».

Revers de la médaille

Le jeune Côte-d’orien embraye très rapidement sur le « retour de bâton », à prévoir dès la fin des futures moissons : « si l’on se tourne déjà sur la campagne 2023, il y a de quoi avoir peur avec les charges qui vont suivre. Cette année, nos appros n’ont pas subi la hausse des prix, fort heureusement. Ce ne sera pas le cas pour l’an prochain. Nous nous posons bien des questions sur le futur prix des engrais, des produits phytosanitaires, des semences et de leur disponibilité… À cela s’ajouteront bien évidemment les charges sociales, la MSA et tout ce qui suit… Cette situation est vraiment bizarre et inédite ».

Peu de changements

Maxime Durafort n’a rien changé dans son quotidien face à l’envolée des cours : « on ne bouleverse pas un assolement en fonction des prix et de toute façon, plusieurs critères limitent les possibilités : la nouvelle Pac, les résistances aux herbicides et aussi, pour nous, la nécessité d’avoir assez de cultures fourragères pour nourrir nos bovins… Nous aurions peut-être pu semer davantage de tournesol et de soja si nous n’avions pas de bétail, c’est la seule piste que nous aurions pu éventuellement exploiter ». Par « chance », Maxime Durafort a déjà opté pour deux fois plus de tournesol cette année (35 ha) : « il faudrait faire des calculs mais je pense qu’il s’agit aujourd’hui de la culture susceptible de dégager le plus de marge. Du tournesol, nous n’en faisions plus depuis dix ans. Un nouvel essai avait été concluant l’an passé alors nous avons recommencé en lui accordant deux fois plus de surfaces le mois dernier. Ce choix n’a rien à voir avec la guerre, tout était calé à l’avance, d’autant que notre sorgho donnait des résultats décevants depuis deux ans. Cela tombe effectivement plutôt bien ». L’agriculteur ne pense pas changer sa stratégie lors de la prochaine campagne : « rien n’est décidé aujourd’hui. Les possibilités seront encore une fois restreintes. Un autre facteur pourrait jouer dans nos choix : la future disponibilité et le futur coût du gaz, qui pourrait impacter les éventuels frais de séchages. Nous ne prendrons certainement pas le risque de payer une fortune pour sécher du maïs, si la ressource venait à manquer ».

 

Rendez-vous en août

Les membres du canton JA présidé par Maxime Durafort organisent la fête départementale de l’agriculture les 27 et 28 août à Saint-Léger-Triey. Des réunions se tiennent tous les quinze jours pour préparer l’évènement, informe le président : « Nous sommes en contact permanent, les rendez-vous s’enchaînent, notamment avec Groupama, Crédit Agricole et Dijon Céréales, nos plus importants sponsors. Nous allons sans cesse chercher des financements, des lots, des moyens logistiques et surtout des mains ! Nous aurons besoin d’une centaine de bénévoles pour la bonne tenue de notre fête. À ce titre, nous organisons une réunion à la fin du mois, peut-être le 27 mai, très certainement à Drambon, toutes les personnes intéressées sont les bienvenues ! ». Maxime Durafort rappelle les grandes lignes du programme : « les traditions camarguaises et provençales seront notre grand fil rouge, avec de nombreuses animations. En amont, des jeux intercantons seront proposés le samedi après-midi. Une omelette géante sera au menu de la soirée, celle-ci sera suivie d’un concert avec la participation du groupe dijonnais Amné’Zik. Le dimanche, nous aurons notre traditionnel moiss’batt cross, une mini-ferme, une exposition de matériels et plein d’autres surprises comme un labyrinthe de maïs semé il y a quelques jours… Un bœuf à la broche sera proposé lors du déjeuner, sur réservation ».