Moisson
Quand toute la famille s'y colle

Christopher Levé
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Dans certaines exploitations, toute la famille se mobilise durant les moissons. C’est le cas d’Hélène et Thierry Dapvril, de l’Earl du Chant d’avril, à Champignelles. Si les deux conjoints travaillent sur la ferme toute l’année, le fils aîné, Charles, a lui aussi son rôle à jouer pendant la récolte… Mais ce n’est pas sur la ferme familiale que cela se passe cette année, mais à quelques centaines de mettre, au silo de 110 Bourgogne de la commune.

Moisson
Hélène et Thierry Dapvril, agriculteurs à Champignelles.

À Champignelles, Hélène et Thierry Dapvril en sont à leur vingtaine moisson. Autant dire que ce ne sont plus des novices, eux qui se sont installés il y a autant d’années, dans un contexte hors cadre familial. Et même avant cela, les moissons, l’un comme l’autre connaissaient. « On est tous les deux petits enfants d’agriculteurs, on savait déjà avant de nous installer comment se déroulait une moisson. Je considère ça comme le moment festif des céréaliers, comme le sont les vendanges pour les viticulteurs ou la période des chrysanthèmes pour les horticulteurs. C’était d’ailleurs mon premier métier de vendre des chrysanthèmes », sourit Hélène Dapvril. « C’est le moment où l’on récolte le travail de toute une année, il faut le voir comme une fête. Quand ça va bien », rit Thierry Dapvril.
Un moment festif auquel aiment participer leurs enfants. « On en a deux : un qui a 18 ans et une qui a 14 ans. Combien de fois notre fille Sophie est allée avec son père dans la moissonneuse-batteuse durant les moissons, lorsqu’elle était petite. Elle adorait ça », se rappelle Hélène Dapvril.

Une organisation à avoir

Habitué à donner des petits coups de main sur l’exploitation, Charles, l’aîné, a choisi pour cette campagne, de travailler comme saisonnier, à quelques centaines de mètre de la ferme, au silo de 110 Bourgogne de Champignelles. Pour lui, c’est l’occasion d’avoir une expérience professionnelle en dehors de l’exploitation familiale. « Cela me permet de découvrir d’autres facettes des métiers de l’agriculture », confirme-t-il. « Mes parents ne livrent pas à la coopérative (ce sont des transporteurs qui viennent directement chercher les récoltes à la ferme, ndlr), cela me permet de découvrir un autre monde. Aussi, comme ils sont en bio, cela me permet d’observer différents résultats, notamment en conventionnel. Je ne découvre pas seulement un autre métier mais d’autres formes d’agriculture ».
Alors, lorsque toute la famille s’active pendant les moissons, comment s’organise-t-on ? « Là où cela peut être plus compliqué, c’est la gestion de la famille, lorsque tout le monde ne travaille pas encore, qu’il y a des enfants à l’école », répond Hélène Dapvril. « Cette année on était encore tenu par les horaires pour aller chercher notre fille à la sortie des cours. Souvent, l’un est obligé de compenser le travail de l’autre pour pouvoir s’occuper des enfants. C’est une organisation supplémentaire mais on y arrive ».
Pour elle, l’important est d’arriver à trouver des moments en famille. « Nous, par exemple, c’est le midi. On a l’avantage d’avoir nos parcelles dans un rayon d’un kilomètre autour de la ferme. Donc le midi, au lieu de manger des sandwichs, on se retrouve pour manger ensemble ».
Pour l’agricultrice, l’avantage lorsque l’on fait les moissons en famille, « c’est qu’on se comprend mutuellement avec son conjoint, par rapport au décalage des horaires notamment. C’est moins évident lorsqu’il n’y a qu’une personne du couple qui travaille comme agriculteur. Nous, on fait le même métier, c’est peut-être plus simple sur cet aspect-là », confie-t-elle.

Un choix personnel non imposé aux enfants

Hélène et Thierry Dapvril l’assurent, ils ne forceront pas leurs enfants à reprendre la ferme s’ils n’en ont pas envie. « Nous, on a acheté la ferme, ce n’est ni un héritage ni un poids familial comme certains pourraient le subir. On l’a choisi. On ne veut donc pas imposer notre choix personnel à nos enfants », explique Hélène Dapvril. « On ne prive pas nos enfants des activités extérieurs, même pendant les moissons. On s’adapte. S’il faut emmener notre fille au cheval, on le fait. Je le répète, si on a choisi cette vie, ce n’est pas pour que nos enfants en pâtissent ».
S’il est sûr de vouloir faire carrière dans le milieu agricole, Charles Dapvril n’est pas encore fixé sur son avenir, lui qui vient d’obtenir son bac technologique, option techniques des productions agricoles, à La Brosse. « Plus tard, j’ai envie de travailler dans l’agriculture. Dans quelle branche ? Ça, je ne le sais pas encore, il y en a tellement. C’est pour cela que je vais faire un BTS Acse (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole), qui permet de voir beaucoup de choses différentes », affirme-t-il.
« Pour mon avenir, je sais que je suis libre. J’ai des camarades de classe qui n’ont pas forcément cette « chance » car leurs parents comptent vraiment sur eux pour reprendre l’exploitation familiale à terme. Moi, si je choisis de reprendre une exploitation à 50 km d’ici, ou tout simplement de faire un autre métier qu’exploitant agricole, je sais que mes parents ne m’en voudront pas de ne pas reprendre leur ferme derrière eux », conclut le jeune homme.