Transition agroécologique
65 M€ pour mettre le numérique au service de l’agroécologie

Source Actuagri
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Le milieu français de la recherche et de l’innovation va se mobiliser ces huit prochaines années pour identifier, développer et introduire les solutions numériques susceptibles de favoriser et d’accélérer la transition agroécologique.

65 M€ pour mettre le numérique au service de l’agroécologie
Le projet, financé par l’État sera piloté par l’INRAE et l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA).

« Le numérique constitue un levier stratégique pour réussir la troisième révolution agricole, fondée sur le vivant et la connaissance », a assuré le 6 janvier à Paris le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, lors de la présentation officielle de ce « Programme et Équipements Prioritaires de Recherche » (PEPR) lancé conjointement par son ministère, ceux de la Recherche et de la Transition Numérique et par le secrétariat général pour l’investissement.
Le projet, financé par l’État dans le cadre de France 2030 à hauteur de 65 millions d’euros sur huit ans, sera piloté par l’INRAE et l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA) présidé par Bruno Sportisse. « Mais le projet se veut très inclusif », a précisé Philippe Mauguin, le président de l’INRAE, lors de la présentation du projet à la Cité des Sciences et de l’Industrie. « Nous y avons associé tous les organismes de recherche compétents et les universités intéressées par la conception et le déploiement du programme ». Les crédits seront déployés en plusieurs temps, a expliqué le président de l’INRAE. Une partie (26 M€€) sera orientée immédiatement vers une dizaine de projets et infrastructures existants sélectionnés par le comité de pilotage (lire encadré). Une autre (32 M€€) sera déployée au travers de deux appels à projets pluriannuels et d’appels à projets annuels qui permettront de financer des contrats de doctorants et postdoctorants « car nous avons de jeunes chercheurs sur ces thématiques », a insisté Philippe Mauguin. Le programme sur le numérique sera complété par un « grand défi robotique », doté d’un financement ciblé de 20 M€€ piloté par l’INRAE et l’association d’équipementiers RobAgri « qui permettra d’aller encore plus loin dans l’applicatif sur des solutions de robotique intelligente pour la transition agroécologique », a poursuivi le président de l’INRAE.

L’un des volets de la stratégie française

Le PEPR, qui vise à fédérer « un écosystème de recherche à l’interface entre agroécologie et numérique » selon ses initiateurs, travaillera autour de quatre axes principaux. Il s’agit de l’accompagnement des changements de pratiques « en étudiant la place et le rôle des technologies, leurs impacts, et les politiques publiques », la caractérisation des ressources génétiques animales et végétales afin d’évaluer leur potentiel en faveur de l’agroécologie et favoriser leur déploiement ; le développement des nouvelles générations d’agroéquipements, grâce aux technologies numériques et à la robotisation ; et enfin le développement des outils numériques d’aide à la décision, en particulier d’intelligence artificielle pour la collecte puis l’analyse des données en agriculture. Ce programme de recherche s’intègre dans la stratégie française d’accélération en faveur de l’agriculture durable qui compte également un programme sur les alternatives aux produits phytosanitaires (« Cultiver et protéger autrement », lancé en 2022), et un autre PEPR sur la génétique et l’amélioration variétale qui sera bientôt lancé. « Comment le numérique peut-il servir l’agroécologie ? », s’est interrogé Marc Fesneau dans son intervention. « D’abord en fournissant aux agriculteurs des outils d’aide à la décision de pilotage leur permettant d’optimiser l’usage d’intrants et de diminuer la vulnérabilité de notre agriculture au réchauffement climatique. Mais aussi en réduisant la pénibilité du travail agricole et en améliorant la compétitivité des filières », a-t-il répondu. « De nouvelles solutions doivent encore être trouvées et imaginées pour atteindre les objectifs ambitieux de la France dans le domaine agroécologique ».

Des projets d’inspiration variée

Parmi la dizaine de projets retenus, quatre initiatives ont été présentées le 6 janvier dernier. Il s’agit de CoEDITAg, un projet de création de ressources sur les usages agricoles en matière numérique de type open data associant seize laboratoires en France. « On manque de connaissances en sciences sociales sur les usages et les effets du numérique en agriculture », a jugé Pierre Labarthe, l’un des porteurs qui compte combler ce « trou noir ». Le projet AgroDiv vise quant à lui à caractériser la diversité génétique, végétale comme animale, de manière à identifier races et variétés adaptées aux nouvelles conditions de production, notamment au changement climatique. Ninsar se penchera pour sa part sur les itinéraires agroécologiques, et sur les fonctions robotiques dont l’agroécologie a besoin. Enfin Pl@ntAgroEco va donner une nouvelle dimension à l’application de reconnaissance des plantes bien connue Pl@ntNet et ses 25 millions d’utilisateurs. Le projet doit notamment permettre l’identification des maladies des plantes, avec une plateforme d’épidémio-surveillance collaborative.