Formation
Intérêts et coûts de plantation

Chloé Monget
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Le 20 janvier, Bio Bourgogne organisait une formation à Coulanges-lès-Nevers, sur la plantation de haies et d’arbres sur les exploitations ; l’occasion de rappeler les bienfaits de cette pratique.

Intérêts et coûts de plantation
Bio Bourgogne a organisé trois formations sur la plantation de haires et d'arbre dont ici à Coulanges-lès-nevers. Crédit photo : Bio Bourgogne.

« La réimplantation de haies ou d’arbres sur les exploitations est un sujet qui prend de plus en plus de place dans les pratiques agricoles et particulièrement ces dernières années. Il y a un véritable engouement qui s’explique par l’évolution des gestions des exploitations avec la prise en compte de l’écosystème dans son ensemble, que les agriculteurs soient en bio ou en conventionnel d’ailleurs » souligne Camille Giraudet, animatrice, conseillère maraîchage, arboriculture et agroforesterie pour l’association Bio Bourgogne basée à Auxerre. C’est pour cette raison que le réseau Bio Bourgogne organisait des formations sur ce sujet dans la Nièvre le 20 janvier, dans l’Yonne le 19 janvier et une dernière en Côte d'Or le 13 janvier.

Le cadre

Dans la Nièvre, c’est Pascaline Loquet, exploitante à Coulanges-lès-Nevers qui accueillait la rencontre : « Outre les informations délivrées par le formateur, j’apprécie ces formations car c’est l’occasion d’échanger sur nos pratiques ainsi que d’avoir un retour concret sur les expériences des agriculteurs, ce qui est très enrichissant pour tous. Par exemple, pour moi, la plantation de haies et d’arbres a deux objectifs. Le premier, est l’implantation de haies afin de protéger mes petits fruits du vent, tout en permettant de réintroduire une certaine biodiversité à cet endroit (les auxiliaires notamment). Le second est un projet agroforestier avec la plantation de châtaigniers permettant d’offrir de l’ombrage pour mes animaux en été, tout en offrant une nouvelle production, dans 8 à 10 ans. Planter des haies et des arbres à un coût non négligeable et sans retour sur investissement direct. Il faut attendre quelques années avant d’avoir de potentielles retombées économiques, les aides déployées sont donc un vrai élément déclencheur pour concrétiser les projets ».

Retombées économiques

Camille Giraudet précise : « La plantation de haies et d’arbres a divers objectifs – que l’agriculteur doit cibler avant de se lancer. Parmi ceux-ci on note l’intérêt pour la biodiversité, un aspect plus productif qui permet d’utiliser le bois comme chauffage ou litière pour les animaux mais également pour la récolte des fruits et enfin on peut évoquer le bois d’œuvre, mais cette pratique est vraiment à la marge. Dans tous les cas, il faut avoir en tête que les retombées financières ne seront pas immédiates. D’après Romuald Bardot, technicien du bocage du CPIE Yonne-Nièvre, anciennement S.R.P.M (Station de Recherche Pluridisciplinaire des Metz) et formateur pour cette journée, il y a une augmentation du rendement (environ 10 %) grâce à l’implantation de haies ou d’arbres. Ce chiffre est à prendre avec des pincettes, car il dépend d’une multitude de facteurs. Dans tous les cas, l’arbre au sein des parcelles agricoles a un effet tampon qui est d’autant plus important lors de mauvaises années, comme la régulation de la température lors de sécheresse ou de fortes gelées, par exemple ».

Un coût certain

Si l’intention est louable, l’implantation de haies et d’arbres représente un coût financier non négligeable : « les plans sont aux alentours de 1 à 2 euros, mais il faut penser à tout le reste : paillage et système de protection. Au total cela revient à 5 à 10 euros par mètre linéaire ou par arbre - sans compter la main-d’œuvre si on fait planter par une tierce personne ». Malgré tout, il existe des coups de pouces pour permettre aux exploitants de réaliser leurs projets : « l’État, la Région ou encore les départements ont pris la mesure de l’importance du bocage et de son intérêt pour l’environnement. C’est pourquoi ils proposent un panel de soutien financier intéressant dont les financements peuvent monter jusqu’à 20 euros par arbre, ce qui n’est pas négligeable » détaille Camille Giraudet.

Des semences adaptées

« Afin que les haies et arbres soient le plus adaptés à l’environnement dans lequel ils seront plantés, Végétal local propose des semences spécifiques à l’aire géographique en question » pointe Camille Giraudet. En effet, Végétal local prélève des végétaux sauvages et locaux afin de mettre à disposition des essences et variétés adaptées génétiquement à l’environnement dans lequel ils se développeront par la suite. Informations : https://www.vegetal-local.fr/

Le mot de Guy Robail, exploitant agricole et ayant participé à la formation

« Le choix des essences est important, il est déterminé à la fois par ce que l’on attend de sa plantation et ce que le milieu peut permettre d’accueillir. Au-delà des effets bénéfiques accordés aux arbres et haies, ils constituent à terme une ressource, qui, ces dernières années, bénéficie d’un autre regard. Le bois reste une matière noble pouvant être un matériau et aussi une énergie. Pour un projet de plantation, il faut prendre le temps de la réflexion, d’autant que c’est un choix qui s’inscrit dans la durée. Une formation est certainement un bon début, ensuite aller voir des réalisations et partager des retours d’expériences doivent être complémentaires. Une approche en groupe est très enrichissante, le regard des autres sur notre projet ainsi que leurs questions permettent souvent de faire germer de bonnes idées et de mûrir son projet. Enfin, si le parcellaire de la ferme est entouré de forêts, je pense qu’à l’intérieur, sur des bordures de chemins, voire sur des limites de parcelles, des arbres et des haies peuvent trouver leur place et contribuer à apporter des services sur l’exploitation ».

 

Chez Pascaline