Emploi-Formation
Attirer et conserver les salariés, cela s'apprend
La FDSEA et les JA de la Nièvre ont organisé une rencontre chez un viticulteur de Pougny. Le but était de faire un point sur les actions menées en matière d'emploi et de formation, avec Catherine Faivre-Pierret, vice-présidente de la FNSEA et représentante du syndicat au service de remplacement France.
Accompagner les employeurs agricoles, attirer de nouveaux publics, préserver l'apprentissage, faire monter les salariés en compétence, améliorer leur accueil en exploitations… Les sujets d'échanges n'ont pas manqué, le 20 décembre à Pougny, dans l'ouest de la Nièvre. La FDSEA et les JA 58 avaient donné rendez-vous dans le caveau du viticulteur Michel Langlois afin d'aborder les questions liées à l'emploi et la formation, et les actions menées par la FNSEA dans ces domaines. Pour en parler : Catherine Faivre-Pierret, vice-présidente de la FNSEA, représentante du syndicat au service de remplacement France, présidente de la commission nationale des agricultrices à la FNSEA et agricultrice dans le Doubs, sur une exploitation de lait à Comté. Elle n'a pas manqué de rappeler que l'agriculture est son troisième métier après le commerce et le domaine de l'enfance : « la nécessité de se former, je connais ! » rappelait-elle d'emblée.
Du temps pour attirer
À ses yeux, les employeurs agricoles sont confrontés à un double défi : attirer vers des métiers peu connus et qui souffrent d'une mauvaise image, et être capables d'accompagner leurs salariés à leur arrivée dans l'exploitation, et tout au long de leur parcours. « Pour attirer, soulignait-elle, la profession doit travailler avec France Travail, les Draaf, l'apprentissage. On ne le fait pas assez. Présenter nos métiers, être attractif, cela réclame du temps et les agriculteurs n'en n'ont pas beaucoup. Bien recruter, bien gérer une évolution de carrière, cela s'apprend mais on doit nous accompagner… nous n'avons pas été formés à être des employeurs. Il y a un besoin de pédagogie auprès des employeurs, sur l'organisation du travail notamment. » L'offre de formation doit aussi être adaptée à des publics pas toujours issus du milieu agricole. Libérer le temps nécessaire à la formation de gens non qualifiés est un frein énorme pour nombre d'agriculteurs qui souhaitent pourtant recruter. Mais si on ne le fait pas on prend le risque du découragement du salarié et de la déception de l'employeur : « les gens sont demandeurs de formations courtes, de quelques semaines, ciblées sur une tâche, et qu'on peut combiner avec d'autres si besoin » constatait Julie Nerot, présidente du Groupement d'employeurs départemental (Ged) 58. « On doit réinventer le management, l'organisation du travail, faire preuve de pédagogie, ajoutait-elle, faute de quoi on génère de la frustration pour tout le monde. On doit sensibiliser les responsables pédagogiques dans les établissements scolaires : certains se sentent investis d'une mission dans ce domaine, il faut s'appuyer sur eux. »
Des métiers méconnus
Gagner en efficacité dans les recrutements passe aussi par des fiches de postes à la définition bien précise et par la capacité à résister à la tentation de remplir des formations sans prêter attention aux motivations des gens. Il est préférable de former moins de personnes mais pour lesquelles la vocation est solide. Les participants à cette rencontre déploraient, pour beaucoup, une approche des métiers agricoles par France Travail marquée par une forte méconnaissance. Corriger cela passe par l'implication d'agriculteurs prêts à faire découvrir leurs métiers, mais aussi par celle, nécessaire en retour, de conseillers de France Travail, prêts à se déplacer pour découvrir les réalités d'une exploitation. Cela arrive parfois comme nous l'avons raconté dans l'édition du 1er novembre de Terres de Bourgogne (N° 1807) mais de telles rencontres demeurent pour l'instant trop rares…