Journée boiteries
Bon pied bon œil

Chloé Monget
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Le 19 octobre, une journée d'information dédiée aux boiteries était proposée dans les locaux de la Sicafome à Moulins-Engilbert.

Bon pied bon œil
Entre les explications du Dr. Lutz et les ateliers de l'après-midi, les participants ont pu se restaurer sur place.

La Chambre d’agriculture de la Nièvre en partenariat avec le GDS 58, la MSA ou encore l’entreprise Ponge organisait une journée d’information axée sur les boiteries le 19 octobre, à Moulins-Engilbert au marché de la Sicafome. Ainsi, cette rencontre se concentra le matin sur l’intervention du Docteure Catherine Lutz pour les maladies podales des bovins, et l’après-midi sur cinq ateliers : démonstration de parage (Dr Gibe), santé et sécurité au travail (MSA), bien-être et biosécurité (Chambre d’agriculture de la Nièvre et GDS 58), présentation de matériel de contention (Ponge) ou encore échanges libres avec le Dr Lutz.

Génétique

« Les causes des boiteries sont multiples. Il est donc nécessaire de ne pas s’arrêter qu’au pied car parfois le genou ou l’épaule peuvent être à l’origine d’un souci rendant l’animal boiteux ; les préjugés sont donc à bannir » martèle Dr Lutz. Ainsi, trois grandes parties ont été évoqués avec les défauts de conformation, les lésions de la sole et de la ligne blanche ou encore les lésions infectieuses. Pour le premier pan, Dr Lutz est catégorique : « nous en constatons de plus en plus en allaitant et dans la majorité des cas ces défauts sont génétiques. De ce fait, à part travailler sur la sélection, il n’y a pas grand-chose à faire ». Parmi ces derniers, elle évoque notamment les limaces, la rotation de l’onglon, les onglons en ciseaux (à ne pas trop tailler car l’onglon est naturellement long).

Infections

Pour le second volet, le Dr liste les origines les plus communes : le sol des bâtiments, le poids de l’animal et son alimentation. Ainsi, elle alerte notamment sur la recrudescence des bleimes diffuses, liées au sol souvent dur : « nous en relevons de plus en plus en allaitant car les pâtures sont de plus en plus sèches l’été ». Pour la bleime circonscrite, elle indique que son apparition « est signe d’un manque de parage. En effet, durant l’hiver le troupeau allaitant n’use pas ou peu naturellement ses onglons, il faut donc remédier à cela. Cette forme de bleime peut se transformer en ulcère de la sole, il faut donc avoir une surveillance accrue ». Elle poursuit : « ces ulcères de la sole sont des infections pouvant revenir. Il faut donc bien savoir tailler. Ces lésions sont difficiles à voir en allaitant car les vaches ne montrent pas qu’elles souffrent. Leurs causes sont multiples mais force est de constater que nous en trouvons de plus en plus sur les animaux les plus lourds. Là encore, une attention particulière à la génétique est nécessaire : par exemple, un taureau ne doit pas avoir de mauvaises pattes ». Elle insiste aussi sur le décollement de la sole qui représente « environ 80 % des boiteries sur les cinq dernières années » avant de marteler : « si le problème n’est pas réglé rapidement, des sorties d’os peuvent avoir lieu et finir par se fracturer ». Pour elle, les lésions infectieuses sont difficiles à guérir en cas d’humidité trop importante et ajoute : « nous constatons une résistance bactérienne au cuivre et au zinc. Il faut donc faire attention à la récurrence d’utilisation de ces produits ».

Alerte

Enfin, pour la dermatite digitale (ou Mortellaro) « qui se manifeste le plus souvent sur les membres arrière, elle peut se régler avec la mise en place d’un pédiluve. Or, si en laitier cela est une solution, en allaitant elle ne semble pas adaptée. Donc, je recommande l’alternative : la pulvérisation à dos. L’hygiène des bâtiments est à surveiller et un paillage régulier est nécessaire pour l’éviter. Enfin, il faut minéraliser l’alimentation afin de donner une meilleure résistance à la peau ». Enfin, elle rappelle que : « la dermatite peut être introduite par l’achat d’un nouvel animal. La biosécurité est donc à prendre au sérieux. De plus en plus de cheptels allaitants sont victimes de la dermatite digitale. Les causes sont assez floues pour le moment mais un travail est fait sur le sujet ». Elle conclut : « Dans tous les cas, il est nécessaire que l’éleveur trouve sa place, c’est-à-dire qu’il cible à quel moment il peut faire le parage et à quel moment il requiert un professionnel (pareur ou vétérinaire). Connaître ses limites permet parfois de traiter le problème plus rapidement en réduisant les risques, car il ne faut pas oublier que le parage en comporte ». C’est sur ce dernier sujet que les participants ont pu échanger durant le reste de la journée, via les ateliers. Bertrand Léger, président du GDS 58, termine : « il faut des diagnostics précis et du matériel adapté pour venir à bout des boiteries. En cas de doute, il est nécessaire de faire appel à des spécialistes ». Pour rappel, la Chambre d’agriculture de la Nièvre organise une formation dédiée au soin du pied et au parage le 25 janvier 2024, et une sur la manipulation des bovins, le 28 mars 2024. Renseignements et inscriptions : 03 86 93 40 37.

Photo supplémentaire
Des ateliers étaient proposés l'après-midi dont une présentation de matériel de contention par Ponge. Crédit photo : CA 58.