Actions devant l'OFB
« Alors eux, on n'en veut plus »

AG
-

Le président de la commission « productions végétales » de la FDSEA réagit à la double mobilisation syndicale de la semaine dernière, devant les locaux de l'Office français de la biodiversité.

« Alors eux, on n'en veut plus »
Clément Babouillard déplore le comportement « inadmissible » de deux agents de l'OFB en haute Côte-d'Or.

Plus de 300 personnes ont participé, le 30 janvier au soir, au « murage » de l'OFB à Montbard et Dijon. « Il y avait une cinquantaine de tracteurs, rien qu'à Montbard ! Cette énorme mobilisation montre bien qu'il y a un problème de fond », observe Clément Babouillard, agriculteur à Ampilly-les-Bordes, rencontré sur sa ferme au lendemain de cette action syndicale. Le président de la commission « Productions végétales » de la FDSEA de Côte-d'Or a demandé, avec ses troupes, la « mutation de deux agents de l'OFB avec qui de nombreux problèmes sont rencontrés » : « j'ai plusieurs exemple en tête. Le premier concerne un collègue qui s'est retrouvé au tribunal correctionnel car il avait labouré un champ le long d'un soit-disant cours d'eau. Il a réussi à prouver qu'il s'agissait, en réalité, d'un fossé. Il s'en est donc sorti, fort heureusement. Il n'avait fait aucune faute. Il a pourtant été accusé à tort et le pire, c'est que peu de temps après, l'agent de l'OFB est revenu dans sa cour de ferme pour l'accuser d'un nouveau problème, cette fois relatif à des buissons qui auraient disparu au milieu d'un pré ! Un autre agriculteur a été embêté suite à une suspicion de pollution : une fosse à azote serait percée. Jusque là, rien d'anormal : nous pouvons comprendre qu'une enquête soit menée. Sauf que ces agents sont venus embêter cet exploitant alors que son fils venait d'être victime d'un grave accident, il était d'ailleurs dans le coma... J'appelle ça un énorme manque de tact ! ». Clément Babouillard a lui-même été « ciblé » : « il y a trois ans environ, une délégation syndicale s'était rendue à l'OFB à Montbard afin de soutenir un de nos collègues, convoqué sans la moindre raison précise. Terres de Bourgogne avait d'ailleurs relayé l'évènement. Personnellement, j'avais seulement haussé le ton... Il n'y avait eu aucune insulte ni coup. Six mois plus tard, j'ai tout de même reçu une plainte pour menace de mort ! Cela s'appelle de la diffamation ». Le responsable syndical ajoute un mot sur la mobilisation à Dijon : « cette action s'est déroulée en même temps que la nôtre. Les revendications étaient davantage nationales. Ils auraient pu se retrouver devant la Dreal, c'était pareil. Nous nous opposons à la sur-enchères des normes au niveau français, et à leurs interprétations et applications beaucoup trop strictes ». Clément Babouillard précise que les bennes de fumier n'ont pas été toutes déversées devant l'OFB : « il n'y avait plus de place... Nous en avons profité pour aller faire un petit tour devant la mairie de Venarey-Les Laumes, afin de rappeler à Patrick Molinoz, vice-président de la Région, que les dossiers Feader n'avancent pas bien vite, malgré notre manifestation en décembre ».

Beaune n'a pas arrêté
Plusieurs GMS ont été visitées, en plus du blocage de l'autoroute.

Beaune n'a pas arrêté

Le sud-est de la Côte-d'Or a multiplié les actions à Beaune. Mathieu Faivre, le secrétaire général des JA21, salue dans un premier temps l’ « exceptionnelle » mobilisation de ses collègues : « Les agriculteurs sont venus de partout. Beaune, bien sûr, mais aussi Genlis Mirebeau, Auxonne, Brazey, Saint-Jean, Seurre et tous les cantons voisins ! C'était beau à voir ». Les manifestants ont bloqué l'autoroute A6 tout en ciblant des GMS et centrales d'achat : « franchement, il était temps que ça se termine, car la fatigue commençait d'être là... Nos fermes n'ont pas beaucoup tourné pendant ce temps là, mais le jeu en valait sans doute la chandelle, il fallait se faire entendre. Il y a eu un très bon roulement entre nous, les gars ont tenu bon jusqu'au bout. Une image, une anecdote que je retiendrai ? Nous avons mangé tous ensemble au milieu de l'A6 ! Ça restera un bon souvenir. Concernant les supermarchés, les provenances de produits n'a pas été catastrophique de notre côté. En revanche, en ce qui concerne les marges, il y a énormément de travail à faire ! Ça ne peut plus continuer comme ça. Nous attendons avec impatience de voir comment Égalim va évoluer ». Mathieu Faivre retiendra également les nombreux soutiens que la délégation agricole aura reçus durant cette semaine de mobilisation : « je ne vais pas les citer car la liste serait trop longue et j'en oublierais certainement .... En tout cas, merci à tous ! Des automobilistes nous klaxonnaient en guise d'encouragements, la communication sur les réseaux sociaux a été excellente, les médias ont relayé nos positions... Sur ce point, c'est certain, nous avons gagné une belle bataille ».

Châtillon a fait le taf'
Lors d'une rencontre chez Lidl.

Châtillon a fait le taf'

Le canton de Châtillon-Laignes-Montigny s'est lui aussi montré très actif durant les manifestations, malgré l'éloignement des autoroutes. Jérémy Rognon, agriculteur à Pothières et président des Jeunes agriculteurs revient sur la belle mobilisation des troupes : « En plus de notre réseau FDSEA-JA, l'effectif était composé de personnes non syndiquées et même de gens qui n'avaient rien à voir avec le monde agricole ! Ils nous ont suivis et aidés dans notre démarche, cela fait plaisir. Nous avons réalisé un barrage filtrant et déversé du fumier devant le Trésor public, mais surtout, nos actions se sont intéressées aux GMS. Nous avons bloqué les cinq quais de chargement de Châtillon. Environ 70 agriculteurs et une trentaine de tracteurs étaient présents. Lidl a été la seule enseigne à nous contacter et à nous proposer un échange, chose que nous avons acceptée. Ils se sont même proposés de retirer certains produits de leurs rayons... Aujourd'hui, nous sommes revenus sur nos fermes respectives, les annonces du Gouvernement semblent convenir à nos instances nationales. De notre côté, nous restons très vigilants, de nouvelles actions ne sont pas à exclure ».

Til-Châtel immobilisé
photo illustration til chatel

Til-Châtel immobilisé

Il y avait du monde, beaucoup de monde, du côté de Til-Châtel, avec le blocage de l'A31. « Une cinquantaine de personnes étaient sur place. Avec le roulement, je pense que plus de 80 manifestants ont participé à l'opération », indique Maxime Durafort, président du canton JA de Mirebeau-Pontailler-Fontaine. Certains se sont déplacés parfois de loin, comme l'observe l'agriculteur de Saint-Léger-Triey : « des tracteurs étaient venus des Maillys et d'Auxonne, ça commence à faire de la route ! Sur le blocage, en plus des locaux, il y avait également des gens du Châtillonnais... Il y avait également un certain nombre d'agriculteurs non syndiqués : cela montre bien que nos problèmes sont profonds et que nous avons besoin de tout le monde pour défendre nos intérêts ». En plus du blocage de l'A31, plusieurs grandes surfaces ont été visitées, poursuit Maxime Durafort : « chacune de nos sorties s'est bien déroulée, j'espère que nos revendications remonteront au plus-haut. Tous les magasins de France ont été concernés, donc il faut que ça bouge. Mon avis sur les mesures annoncées par le Gouvernement ? J'attends de voir comment celles-ci vont se concrétiser sur le terrain... S'il le faut, nous repartiront en mouvement ! ».

Sacré chantier chez les laitiers
photo illustration laitiers

Sacré chantier chez les laitiers

Une quarantaine d'agriculteurs ont manifesté le 29 janvier devant la fromagerie Berthaut à Époisses, afin de dénoncer le niveau de la rémunération des producteurs, « loin d'être à la hauteur des attentes ». Parmi ces manifestants figuraient Mickaël Clerget, éleveur à Courcelles-Frémoy, qui n'est pourtant pas en AOC : « Comme d'autres personnes aujourd'hui, je viens par solidarité. Il y a même des producteurs céréaliers ici ! Nous sommes, quelque part, tous dans le même bateau, et les problèmes sont nombreux ». Le président du syndicat de la race Brune était particulièrement remonté, pour de nombreuses raisons : « il y a des choses qui ne vous laissent pas indifférent. Je viens d'apprendre que le carburant a augmenté de 8 centimes juste après les premières annonces d'Attal. Comme ça, ce sera plus simple pour eux de le baisser par la suite... C'es n'importe quoi ! Mon neveu, qui est en train de contrôler des camions en Saône-et-Loire, m'informe qu'il y a 90% de marchandises étrangères ! Ça fait peur, quand même, mais où va notre production ? ». Mickaël Clerget ajoute qu'il a arrêté l'agriculture biologique le mois dernier, car les prix n'étaient plus au rendez-vous, contrairement au cahier des charges qui ne « cessait de se complexifier ».

Bien d'autres actions

Ça a également bougé à Saulieu, Vitteaux... Les actions syndicales ont été tellement nombreuses que nous ne pouvons pas les relater dans leur intégralité. Dans un communiqué, le réseau FDSEA-JA21 remercie « l’ensemble des agricultrices et agriculteurs qui se sont mobilisés dans la dignité et le respect des biens et des personnes ».