Portrait
La discrétion de l'élevage

Chloé Monget
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Clément Godard, 23 ans, partage son temps entre la ferme familiale et la Sicafome. Un double emploi pour démarrer.

La discrétion de l'élevage
Denis et Clément Godard travaillent ensemble sur les 235 ha (dont 7 ha de culture) répartis en six sites. La ferme accueille 430 Charolaises non inscrites (et 140 vêlages).

« Je ne sais pas exactement ce que je veux faire plus tard, mais je veux rester dans l’élevage » détaille Clément Godard, 23 ans, salarié entre l’exploitation de son père, Denis (à Aunat – La Nocle-Maulaix) et la Sicafome - comme bouvier et remplaçant vendeur. Encore jeune, il se laisse du temps pour trouver sa voie et souhaite pour le moment : « voir plein de choses différentes » avant d’éventuellement reprendre la ferme familiale.

Choix naturel

Ainsi, pour comprendre le parcours de Clément, il faut remonter à ses très jeunes années. « Je connais le métier d’éleveur depuis tout petit puisque mon père s’est installé en 1997. C’est une profession qui me plaît car on peut travailler seul la majorité du temps. De plus, comme je n’aimais pas l’école – car il fallait rentrer dans une case – j’ai arrêté mes études après mon BAC CGEA que j’ai obtenu en 2018, au Legta de Château-Chinon. Ensuite, j’ai directement commencé à travailler dans l’exploitation de mon père ». Denis rebondit : « Je suis seul dans la ferme depuis mon installation. Mais, mon père, Marcel, m’aidait et m’aide toujours pour certaines tâches. Néanmoins, à 75 ans maintenant, il ne peut plus tout faire, j’avais donc besoin de quelqu’un et Clément a naturellement proposé ses services. Cela s’est fait sans aucune pression car je le laisse libre de faire ses armes. Il faut aller voir ailleurs avant de s’installer, c’est indispensable. Pour ma part, après mon service militaire, j’ai eu la chance de pouvoir aller faire un stage en Belgique pour découvrir comment se passait l’élevage de Blanc Bleu Belge (porteur du gène culard que j’affectionne) et j’ai encore de très bonnes relations avec les éleveurs belges ». Fort de cette vision, il la transmit à Clément, seul garçon d’une fratrie de trois enfants. Ses deux sœurs ont, quant à elles, opté pour un chemin différent : « L’une est aide-soignante et l’autre infirmière » pointe Denis avant d’ajouter : « tous les trois étaient toujours dehors, mais, c’est vrai que Clément voulait dès deux ou trois ans venir avec moi en tracteur. Il aime ça depuis très très longtemps ».

Antinomique ?

Après avoir démarré chez Denis, Clément commence à chercher un autre travail en complément. « Mon père va à la Sicafome presque tous les mardis, et m’a soufflé l’idée de postuler pour remplacer un bouvier partit en retraite. Quelques semaines plus tard j’ai été embauché ». Pour lui, les qualités requises pour cet emploi sont simples : « Le métier de bouvier n’est pas très compliqué. Il suffit de ne pas avoir peur des animaux et de savoir les manipuler en toute sécurité » et de nuancer : « par contre lorsque l’on passe en cabine, c’est une autre histoire car les acheteurs font attention à tout et on doit rester très professionnel ; la rigueur est donc de mise ce qui est un peu stressant ». En effet, si Clément est discret sur ses engagements, son père l’affirme : « on le voit tous les mardis dans le ring, et, depuis peu, dans la cabine lorsqu’il remplace les vendeurs habituels (Martial Tardivon et Julien Bonnet) ». Clément réagit : « je n’aime pas trop travailler avec les autres, car j’aime faire mon métier comme je l’entends. Mais, j’apprécie que les plus anciens donnent des conseils sur une profession que j’affectionne ». Si cela peut sembler antinomique, Clément avoue jouer aussi au football (un sport d’équipe) : « mais ce n’est pas pareil ! Car là c’est pour le loisir ! ». Avec un caractère « bien trempé et relativement têtu » (comme le défini affectueusement son père), Clément semble avoir conscience que le cumul d’emplois est une situation particulière, mais reste modeste : « le plus jeune de la Sicafome à 21 ans, donc ce n’est pas moi ! » sourit-il avant de conclure avec assurance : « si un jour je m’installe – ce qu’il ne faut pas faire n’importe comment – j’irais vers la Limousine ou la Parthenaise car elles ont une finesse d’os tout en ayant un bon critère viande ». En attendant, Clément continue de travailler du lundi au samedi, partagé entre ses travaux à la ferme d’Aunat et la Sicafome.